Les films catastrophes,
c'est un peu comme n'importe quel genre au cinéma. Il y a à boire
et à manger. Concernant ce genre à proprement parler, il y a
pléthore d'exemples permettant de faire pencher la balance d'un côté
ou de l'autre même si elle a tendance à choisir le mauvais d'entre
eux. Si certains films ont l'excuse d'avoir manqué de moyens
financiers, d'autres n'ont pas la chance de pouvoir s'accrocher à
cette bouée de sauvetage pour justifier le néant artistique qu'ils
représentent. Ceux qui me lisent ou qui plus simplement me
connaissent savent mon aversion face au cinéma du réalisateur
allemand Roland Emmerich. Surtout depuis quelques années
puisqu'avant cela, on ne pourra pas lui reprocher d'avoir réalisé
le plutôt réussi Le Jour d'Après.
Serait-ce dû à une forte carence en matière grise, mais comment
expliquer 2012
en 2009 ou, pire encore, Independence Day :
Resurgence en
2016. Ce furoncle qui défigure la science-fiction mais dont on aura
heureusement tôt fait de mettre un drap sur la tête pour très vite
l'oublier. Parmi les films catastrophe, il est un type qui revient
régulièrement sur le devant de la scène. Celui qui met en scène
une météorite ou un astéroïde à destination de notre planète.
L'un des plus anciens et des plus ''fameux'' reste le Meteor
de Ronald Neame tourné en 1979, soit sept ans après qu'il ait mis
en scène l'excellent L'Aventure du Poséïdon,
un autre film catastrophe jouant cependant dans une autre catégorie.
Beaucoup plus proches de nous et sortis, hasard du calendrier, la
même année, Armageddon
de Michael Bay et Deep Impact
de Mimi Leder ont fait parler d'eux lors de leur sortie en 1998. Et
pourtant, si l'on veut être parfaitement honnêtes, ces deux
célèbres représentants du genre s'avèrent relativement
médiocres...
Il
faudra attendre en fait jusqu'en 2020 et la ''catastrophe'' du
Covid-19 pour voir débarquer dans les salles obscures un blockbuster
un peu particulier puisque ne jouant pas tout à fait la carte de la
surenchère visuelle mais plutôt celle de la caractérisation de ses
principaux personnages. Dans un monde où les médias et les
politiques relèguent de fausses informations concernant une immense
météorite se dirigeant tout droit vers notre planète, un certain
nombre de familles sont sélectionnées en fonction de certains
critères afin de rejoindre un abri devant assurer leur survie. Car
dans Greenland,
il n'est plus question de collaboration internationale afin de faire
péter un astéroïde avant qu'il ne s'écrase sur Terre. La
météorite du long-métrage de Ric Roman Waugh va, quoi que l'on
dise, quoi que l'on pense et quoi que l'on fasse, s'écraser sur
notre planète et détruire la majeure partie de la faune et de la
flore mondiales. John Garrity, son épouse Allison et leur fils
Nathan ont la chance d'avoir été choisis. Cependant, ce qui devait
s'avérer n'être qu'une formalité va devenir l'enjeu principal
d'une course-poursuite lors de laquelle les membres de cette famille
vont être séparés...
Très
rapidement, on constate que l'intérêt de Greenland
ne repose pas (que) sur les effets-spéciaux qui parfois, font grise
mine. Les effets pyrotechniques reproduits en images de synthèse
sont vraiment de très mauvaise qualité. On remercierait presque le
réalisateur d'avoir opté pour une œuvre se concentrant avant tout
sur ses personnages que sur des effets-spéciaux cache-misère
(comprendre : en mettre plein la vue à défaut d'un bon
scénario). Car en effet, Gerard Butler et Morena Baccarin, qui
interprètent le couple Garrity, se donnent à fond et campent de
manière réaliste un homme et son épouse d'abord préoccupés par
la survie de leur fils. Un enfant dont le diabète va d'ailleurs
compliquer les choses. Que ceux qui détestent notamment 2012
et tous les films de ce type pour leur propension à vouloir en
mettre plein la vue plutôt que de proposer un récit crédible et
bien construit se rassurent. Greenland ne
joue clairement pas dans le même registre. Et même s'il ne semble
être qu'un blockbuster de plus, même si la dernière partie est
bâclée et offre une profusion d'invraisemblances dont le
réalisateur aurait pu facilement se passer, la première heure (et
même un peu plus) colle véritablement le spectateur à son siège.
Le film de Ric Roman Waugh scénarisé par Chris Sparling est aidé
en cela par la partition musicale de David Buckley et par un
sound-design souvent prégnant.
Autre
intérêt de Greenland : le long-métrage de Ric Roman Waugh est
filmé ''caméra portée à l'épaule'', ce qui permet d'une part au
spectateur de s'identifier aux personnages et notamment à John
Garrity mais lui permet surtout d'être au cœur de l'action. Une
action qui, si elle n'est pas majoritairement constituée de
séquences tournant autour de la météorite, offre tout de même
quelques passages qui feront grimper vos pulsations cardiaques. On ne
s'ennuie pas un seul instant puisque les actions s'enchaînent et
surtout, savent varier les unes des autres. Greenland
se permet en outre d'exposer le comportement de l'Homme face à
l'urgence. Magasins dilapidés et saccagés, violence accrue dans les
rues... c'est le retour à la sauvagerie. Le danger est partout et
pas qu'au dessus de nos tête. Bien que le film de l'américain
oppose l'humanité à l'un des pires cataclysmes qu'elle puisse
craindre, Greenland
est d'abord un excellent thriller tendu et haletant. Inutile de
préciser que découvrir le film de Ric Roman Waugh autre part que
dans une salle de cinéma est tout simplement inconcevable. Derrière
son allure de modeste film catastrophe, Greenland
est
en fait un excellent divertissement qui en donne au spectateur pour
son argent...
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