Au départ, Replace
partait sur de bonnes bases. Une histoire à la manière du
Contracted
d'Eric England en moins glauque et plus classieux. Le concept du
vampirisme revu et corrigé façon ''épiderme''. Et peut-être même,
pour ceux qui ont une bonne mémoire, un goût prononcé pour le
plagiat puisque l’œuvre de Norbert Keil se rapproche très
concrètement de l'étrange récit de Meurtre sur
Internet,
sixième épisode de la troisième saison de la série de
science-fiction X-Files.
Et même de Teliko,
le troisième épisode de la quatrième. Des individus qui pour
combler un manque physiologique s'adonnaient au meurtre. Comme ne
pourra s'y soustraire l’héroïne de Replace,
Kyra Mabon. Elle est belle, elle est jeune, elle a tout pour plaire
et a toute la vie devant elle et pourtant... Ce qui va lui arriver
est ce qu'elle aurait pu imaginer de pire, elle qui refuse l'idée de
vieillir, voire même de mourir. Victime d'une étrange maladie qui
provoque la desquamation de son épiderme, elle ne trouvera rien de
mieux que de se greffer la peau de jeunes femmes qu'elle aura au
préalable elle-même fait passer de vie à trépas...
Comment
le réalisateur allemand Norbert Keil a-t-il pu foirer la chose avec
les outils qu'il avait entre les mains ? Un soundtrack
électronique glaçant signé Tom Batoy et Franco Tortora, une
direction artistique assurée par Anna Eppstein et Franziska et des
décors conçus par Hanna Baumann Danilo Gerul. Pour un résultat qui
s'avère en fin de compte très largement en dessous de ce que
laissait envisager l'alléchant synopsis. D'un scénario qui
promettait une œuvre horrifique éprouvante, Norbert Keil accouche
finalement d'un long-métrage sans saveurs ou presque. Souvent
bluffant d'un point de vue visuel (les éclairages et les décors
nous en mettent plein les yeux), la narration est d'une prétention
proportionnellement inverse au peu d'émotion qui s'en dégage. Seuls
les plus sensibles se tordront de douleur par procuration lorsque
l'héroïne interprétée par l'actrice américaine Rebecca Forsythe
ôtera quelques larges bandes de peaux sanguinolentes avant de les
remplacer par celles, beaucoup plus saines, de ses victimes. Jouant
dans la même cours que le très réussi Grave
de Julia Ducournau, Replace
n'en a malheureusement jamais l'envergure...
S'il
fallait énumérer tous les défauts qui grillent très rapidement
cette histoire, de plus, hautement improbable, il faudra s'y attarder
durant de longues heures. À vrai dire, Replace
est à l'image de la lente dégradation physique dont est victime
Kyra. Plus le récit avance, et plus le film semble aller dans la
mauvaise direction malgré une idée, la seule, qui aurait pu tout
faire basculer du bon côté si elle avait été honnêtement
traîtée. Alors que l'on espérait sans doute une aventure beaucoup
plus sauvage et désaxée, Norbert Keil transforme le quotidien de
son héroïne en celui d'une banale tueuse en série. Et même la
relation saphique (très à la mode actuellement) que la jeune femme
entretient avec son amie et voisine Sophia Demeraux (l'actrice Lucie
Aron) n'a absolument rien d'innovant. Pas plus qu'elle ne dérange ou
accentue une atmosphère à la sensualité nauséeuse qui de toute
manière est aux abonnés absents. Pire, on se fait chier ! Car
à force d'intellectualiser le propos et de signer une œuvre encore
plus stérile émotionnellement que l'unique long-métrage à ce jour
de Brandon Cronenberg (Antiviral en
2012), le long-métrage de Norbert Keil finit fatalement par perdre
son public dans des considérations qui, forcément horripileront
ceux que seul l'hémoglobine attire, jusqu'à même laisser
indifférents ceux qui par contre misent tout sur l'horreur
psychologique.
Comme
s'il réalisait subitement certaines de ses erreurs (errances?),
Norbert Keil nous pond de plus, un twist absolument sidérant
d'invraisemblance une demi-heure avant la fin. Non seulement
improbable, mais carrément tué dans l’œuf par l'interprétation
végétative de Lucie Aron, décidément jamais dans le ton, quel
dommage que le film échappe au réalisateur car au départ, il
parvient à créer une ambiance qui renoue parfois avec l'excellence
d'un Under the Skin
signé de Jonathan Glazer en 2013. Mais le trouble abandonnant sa
place au profit d'un indiscutable ennui et d'une prétention inouïe,
Replace n'atteint
jamais son but et ne fait que survoler très superficiellement son
sujet.Allez, pour finir sur une note positive, précisons que la toujours aussi superbe Barbara Crampton fait partie de l'aventure...
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