En 1981, le scénariste
et réalisateur Francis Veber signait La Chèvre,
sa première collaboration avec les acteurs Pierre Richard et Gérard
Depardieu. Premier succès pour les trois hommes qui se retrouvèrent
ensuite pour
Les Compères
en
1983 et Les Fugitifs
trois ans plus tard, chacun des trois longs-métrages ont fait
l'objet de remakes américains. Si Francis Veber s'est lui-même
chargé de l'adaptation des Fugitifs,
Ivan Reitman s'est quant à lui attelé à la réalisation de La
Fête des Pères,
qui n'est autre que celle des Compères.
En 1991, la réalisatrice et productrice d'origine grecque Nadia Tass
se charge de réaliser Pure Luck
(Danger Public),
le remake de La Chèvre.
Sur un scénario de Herschel Weingrod et Timothy Harris ayant à
peine apporté des modifications par rapport à celui écrit dix ans
auparavant par Francis Veber, la réalisatrice réunit Martin Short
et Danny Glover. Le premier connaîtra tout d'abord la célébrité
grâce au rôle de Jack Putter dans l'excellente comédie fantastique
L'Aventure Intérieure.
Deux ans avant de jouer dans le remake de La
Chèvre,
il sera l'un des deux principaux protagonistes de celui des Fugitifs,
Three Fugitives
aux côtés de Nick Nolte. Danny Glover, qui débutera sa carrière
au cinéma dans le rôle d'un prisonnier dans L’Évadé
d'Alcatraz
de Don Siegel, se fera tout d'abord remarqué dans Wtness
de Peter Weir ou La Couleur Pourpre
de Steven Spielberg avant de véritablement trouver la consécration
pour le rôle de Roger Murtaugh dans la comédie d'action
L'Arme Fatale
aux côtés de Mel Gibson...
Tout
comme Pierre Richard face à Gérard Depardieu, tout ou partie du
comique de Pure Luck
repose sur les nombreuses différences entre les deux personnages.
D'un côté, le détective Raymond Campanella, un solide gaillard
rompu à l'exercice de l'enquête privée qui pourtant avec sa
dernière affaire est tombé sur un cas demeuré insoluble. De
l'autre, Eugene Proctor, employé à la comptabilité d'une très
grande entreprise dirigée par le président Highsmith dont la fille
Valerie a disparu au Mexique. C'est sur les conseils d'un certain
Monosoff que Highsmith confie cette fois l'enquête non plus
seulement à Campanella mais également à Proctor. Et cela pour une
raison simple : Aussi gaffeur que peut l'être Valerie, le père
de cette dernière espère qu'une fois envoyé au Mexique, son
employé vivra les mêmes péripéties que sa fille et qu'ainsi,
Campanella et lui parviendront à la retrouver. Pour encourager
Proctor à accepter de mener sa propre enquête, il fait croire à
ce dernier qu'il l'a dirigera et que Campanella ne sera que son
assistant...
Une
fois n'est pas coutume, on retrouve l'habituelle méthode consistant
à reproduire à l'exactitude le déroulement de l'histoire telle
qu'elle nous était contée dans l’œuvre originale. Un moyen de ne
pas avoir à s'embarrasser avec la conception d'un scénario original
même si dans le cas présent les noms de Herschel Weingrod et
Timothy Harris sont pourtant évoqués. On trouve ça et là quelques
menues différences et quelques ajouts somme toute non négligeables
mais pour l'essentiel, tout ce qui faisait l'intérêt de La
Chèvre
se retrouve dans le film de Nadia Tass. Tous les passages cultes y
sont passés à la moulinette pour un rendu pas toujours très
enthousiasmant. Qu'il s'agisse de la mémorable séquence située
devant les portes coulissantes de l'aéroport (inoubliable
affrontement entre Pierre Richard et Michel Fortin dans le
long-métrage de Francis Veber), de la séquence nocturne se
déroulant dans un bar de prostituées ou encore l'allergie de
Proctor aux abeilles, la réalisatrice grecque n'en n'oublie aucune
et se permet même quelques tout petits rajouts qui rafraîchissent
certaines séquences pourtant malheureusement très en deçà de
l’œuvre de Francis Veber. À commencer par celles citées juste au
dessus et qui en comparaison de celles interprétées dix ans
auparavant par le duo Richard/Depardieu font pâle figure.
Mais
n'exagérons pas. Si d'aventure vous lisez ici ou là des critiques
assassines qui noteront au plus bas ce long-métrage qui au demeurant
s'avère objectivement inutile, force est de reconnaître que dans la
longue liste des remakes américains de comédies internationales et
française en particulier, Pure Luck
est loin d'être aussi mauvais que certains pourraient prétendre. Le
duo Martin Short/ Danny Glover fonctionne parfaitement, et même si
l'on regrette certaines séquences ''précipitées'' dans leur
accomplissement, c'est sans le moindre ennui et avec la possibilité
de faire abstraction de l’œuvre originale que peut se concevoir le
film de Nadia Tass. Une gageure que la réalisatrice relève néanmoins
avec un certain allant...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire