Scream,
c'est tout d'abord pour moi, un mauvais souvenir. Comme un vieux
cauchemar accumulant les fautes de goût. Une vision du slasher
aseptisée. L'entrée en grande pompe du jeunisme sur grand écran et
ce, même si le genre a toujours été lié à une sous catégorie de
spectateurs foutant le souk dans les salles au grand désarroi de
ceux qui aiment voir leur film en silence. Dans l'esprit, il était
donc inenvisageable de tourner le film dans une maison de retraite,
hum ? Mais Scream
demeurait jusqu'à maintenant dans mon cœur une engeance pour deux
autres raisons : Parce qu'il signait la mort d'un genre que l'on
pouvait désormais moquer sans éprouver le moindre sentiment de
honte et parce que le coupable de la chose s’appelait Wes Craven.
Le papa de La Dernière Maison sur la Gauche
et de La Colline a des yeux.
Pourtant, si l'on y songe un instant, Scream
use de certains codes déjà usités dans l'excellent Les
Griffes de la Nuit
du même Wes Craven. Ou comment reléguer le monde adulte en
arrière-plan et signifier que l'avenir n'appartient qu'aux plus
jeunes. Dans mon inconscient, Scream
est donc demeuré jusqu'à aujourd'hui comme l'une des sources du
nivellement du cinéma d'horreur par le bas. Jusqu'à aujourd'hui...
Parce
qu'avec le temps qu'il fait dehors, l'absence d'inspiration,
l'inaptitude à la joie et au bonheur de (re)découvrir l'une ou
l'autre de ces bonnes vieilles comédies françaises d'antan,
fossoyées par d'abrutissants copycat sans saveur et sans âme, il ne
me restait plus qu'à replonger dans cet énigmatique récit de
l'éternel tueur masqué version 2.0, voire 3.0 que nous infligeait
en cette année 1996 un Wes Craven revanchard. Oui ! Revanchard
depuis qu'on lui avait volé son icône brûlée, au pull rayé et à
la main gantée de longues griffes acérées. Plus tard, Shocker
aurait un but, mais l'absence de charisme de son personnage lui
interdirait une existence se prolongeant au delà de ce seul essai
datant de 1989. Servant de thérapie au créateur de Freddy Krueger,
Scream
allait donc mettre un terme (vraiment?) aux rancœurw de Wes Craven
dès l'entame puisque cette mise en abîme ponctuée de références
cinématographiques permettrait à Wes Craven d'enfoncer
définitivement le clou en évoquant les piètres suites de son
mythique A Nightmare on Elmt Street
réalisé en 1984 et magistralement incarné Robert ''Willy de la
série V''
Englund.
Alors,
que vaut réellement Scream
après toutes ces années ? Mérite-t-il la volée de plomb que
mon esprit lui réservait silencieusement à l'époque de sa sortie
en 1996 ou bien est-il réellement l'excellent slasher que certains
évoquèrent déjà lors de sa sortie ? Aujourd'hui, j'aurais
tendance à vouloir accorder plus de crédit à ce slasher qui
surpasse en réalité pas mal de petits films d'horreur du même
tonneau. Est-ce le fait d'avoir ingurgité des montagnes de bandes
magnétiques et de fichiers numériques exposant moult adolescents se
faisant trucider devant la caméra qui finit par me rendre perméable
à la pratique du jeunisme sur grand écran ? Toujours est-il
que Scream premier
du nom mérite plus que l’opprobre dont je faisais part à l'époque
à son sujet, entouré d'amis dont j’exigeais qu'ils ne fussent
surtout pas en désaccord avec mes propos. En réalité, redécouvrir
sur ''grand'' écran Neve Campbell dans le rôle de Sidney Prescott,
Skeet Ulirch dans celui de Billy Loomis (une référence certaine au
docteur Loomis de Halloween
de John Carpenter) ou encore Courteney Cox en journaliste fut un réel
plaisir et surtout, une découverte vierge de tout a priori. Une
remise à plat en somme, un formatages des cellules grises avant
projection. À tel point qu'évoquer l'hypothétique visionnage à
très court terme des différentes séquelles, au nombre de trois,
chose que je m'interdisait il y a vingt-trois ans en arrière, ne
m'apparaît plus si abscons. Scream
réunit finalement tout ce que l'on peut attendre d'un film
''pop-corn''.
De l'action, du sang, un tueur insaisissable (même s'il s'avère
souvent peu adroit), de l'humour (rarement drôle puisqu'américain),
de jolies filles et des garçons un peu stupides (loi inaltérable de
tout bon slasher) mais, par contre, pas de cul. Wes Craven aurait-il
été à ce point si prude qu'il aurait oublié l'un des codes
majeurs du genre ? Pas grave... on ne lui en voudra pas
puisqu'après mûre réflexion, Scream
est comme l'évoqua à l'époque un chroniqueur des Cahiers
du Cinéma,
l'un des meilleurs films de son auteur...
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