Difficile de s'engager
dans l'écriture et la mise en scène d'un remake, surtout si l’œuvre
originale est culte et qu'elle fut signée par l'un des maîtres du
fantastique et de l'épouvante, David Cronenberg. Contrairement à
certains de ses longs-métrages, si parfaits qu'envisager d'autres
cinéastes se pencher sur leur cas serait prendre de gros risques,
Rabid
méritait sans doute une relecture même si à l'origine sorti en
1977, le film de David Cronenberg souffrait de certaines lacunes dont
un rythme souffrant de ventres mous à certains endroits. Les
réalisatrices canadiennes Sylvia et Jen Soska notamment connues
pour avoir réalisé en 2012 le film d'horreur American
Mary
reviennent donc en 2019 avec Rabid,
le remake tant attendu du classique de leur homologue canadien David
Cronenberg. Les sœurs Soska apportent leur touche esthétique
personnelle dans une œuvre qui respecte plus ou moins l’œuvre de
David Cronenberg. Pourtant, parfois trop pressées de démontrer leur
talent dans le domaine de l'horreur et de l'épouvante, leur héroïne,
la même que celle de l'original de 1977 (puisque portant le même
prénom en version originale) ne bénéficie pas d'une
caractérisation suffisamment importante pour que l'on s’apitoie
réellement sur son sort. Celui que va tout d'abord lui accorder son
entourage (Rose est l'employée méprisée d'un grand couturier mais
rêve de pouvoir faire (re)connaître ses propres créations), puis
l'accident de moto dont elle va être victime. Ensuite celui du
médecin en charge de lui redonner une apparence humaine (Rose a en
effet été gravement blessée au visage) et enfin, celui qu'elle
aura finalement la force et la volonté de prendre en main une fois
son apparence étant redevenue normale et ce, bien au delà de ses
espérances...
Si
Rabid
version 2019 perd un peu de ce charme très particulier qui envoûtait
l’œuvre de David Cronenberg (le fait que le rôle principal ait
été tenu par l'ancienne actrice pornographique Marilyn Chambers),
appuyé par des détails parfois dérangeants (le parasite vivant
sous l'aisselle de Rose), le long-métrage de Sylvia et Jen Soska
s'avère cependant relativement respectueux de l'original même si
les deux sœurs prennent parfois de très grandes libertés
concernant leur héroïne et certaines situations. Tandis que David
Cronenberg faisait évoluer Rose dans un cadre particulièrement
austère, voire glauque (la clinique et son contingent de patients
addictifs à la chirurgie esthétique) rendu plus étouffant et
sombre lors des séquences tournées de nuit (lors desquelles est
évoquée l'épidémie de rage), celle de Sylvia et Jen Soska
progresse dans un monde ''fictif''. Celui de la mode où évoluent
des mannequins, un grand couturier, et dans lequel l'héroïne a tout
d'abord du mal à se faire une place.
L'un
des apports les plus significatifs du remake se situe surtout au
niveau des scènes gore, plus nombreuses et forcément mieux foutues
qu'en 1977. Entre le visage défiguré d'une Rose qui n'est
décidément pas épargnée par la vie et les diverses victimes de
ses assauts vampiriques nocturnes d'une toute nouvelle génération
(quoique...), l'amateur de scènes d'horreur en aura pour son argent.
Le spectateur pourra également apprécier l'approche du phénomène
de contagion. Si David Cronenberg annonçait la pandémie à travers
des documents radiophoniques et télévisés ultra-réalistes,
Sylvia et Jen Soska choisissent de nous montrer avant tout l'étendue
des dégâts à travers des séquences se déroulant dans un hôpital
(des passages aussi étrange que dérangeants). Maintenant, il ne
reste plus au spectateur que de faire son choix entre l'original de
1977 et ce remake de 2019. Si l'actrice Laura Vandervoort aura bien
du mal à faire oublier la pulpeuse Marilyn Chambers, elle remplit
cependant parfaitement son rôle de remplaçante dans ce Rabid
autrement plus esthétisant mais sans doute aussi beaucoup
moins mélancolique...
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