L'intrigue de cette exclusivité Netflix se déroule à
Berlin, en 2052, dans un univers proche de celui de Blade
Runner
de Ridley Scott. C'est dans un contexte oppressant que travail Léo
Beiler (l'acteur suédois Alexander Skarsgård), un solide gaillard
atteint de mutisme, barman de nuit dans une boite de l'Allemagne de
l'Est se confrontant sans cesse à l'Allemagne de l'Ouest. Des hommes
et des femmes cherchent à tout prix à quitter le pays. Mais pour
cela, il leur faut des papiers et une autorisation. L'immigrée
Naadirah (l'actrice Seyneb Saleh) est la petite amie de Léo. Elle
aussi travaille de nuit dans le même bar que son compagnon.
Serveuse, elle rencontre un soir des soucis avec deux clients un peu
trop zélés. En se mêlant à l'affaire qui oppose Naadirah et ces
deux clients, Léo perd son emploi après avoir agressé l'un
d'eux... et la trace de sa petite amie qui disparaît subitement.
Enquêtant de son côté, Léo croise bon nombre d'individus
extrêmement louches dont le chirurgien américain Cactus Bill,
lequel semble avoir un lien avec la disparition de Naadirah. Prenant
des risques encensés en évoluant dans un monde particulièrement
violent, Léo fera tout pour retrouver celle qu'il aime...
Dire
que Mute
est sombre est un euphémisme. Mélange de science-fiction dystopique
et de néo-noir, ce long-métrage signé du réalisateur britannique
Duncan Jones, notamment auteur de Moon en
2009 et de Source Code
deux ans plus tard s'attarde une fois de plus vers le genre qu'il
semble tout particulièrement apprécier. Dix ans après avoir
''envoyé'' le héros de Moon
sur la Lune pour une mission en solitaire, Duncan Jones et le
scénariste Michael Robert Johnson imaginent un univers au contraire,
beaucoup plus vivant. Du moins, terriblement surchargé en terme de
population et en terme d'architecture. Après avoir passé plus de
quinze années à concevoir son récit, Duncan Jones livre un
long-métrage qui n'est sans doute pas aussi ambitieux que l'aurait
désiré son auteur, considérant alors Mute
comme l’œuvre de toute une vie. Si à l'image, le visuel demeure
tout à fait satisfaisant, le scénario, lui, paraît être fait de
bric et de broc, le réalisateur dispersant l'intrigue entre divers
personnages, oubliant même pendant un certain temps son héros pour
se concentrer sur les quelques antagonistes parmi lesquels le gratiné
Duck Teddington (incarné par l'acteur américain Justin Theroux),
chirurgien lui aussi, mais surtout, pédophile invétéré, ce qui
donnera d'ailleurs lieu à une scène vers la fin du film, d'une
insoutenable perversité psychologique !
Outre
Blade Runner,
Mute
évoque à certaines occasions des œuvres tel que le Total
Recall
de Paul Verhoeven et son univers bigarré, délirant et anxiogène.
On pourrait en réalité citer tous les longs-métrages de
science-fiction se penchant sur des univers dystopiques visuellement
très sombres et allant à l'opposé d’œuvres démontrant
l'évolution de sociétés se dirigeant vers davantage de rigueur en
bannissant peu à peu toute forme d'empathie et d'émotion. Parfois
touchant, comme lorsque Léo et Naadirah se retrouvent en début de
métrage, fous d'amour l'un pour l'autre, tantôt dérangeant, tel le
chirurgien s'intéressant d'un peu trop près à de jeunes enfants
sans que cela n'ait l'air d'offusquer personne (ou presque, vous
comprendrez pourquoi), tantôt sinistre (l'évocation d'un monde
d'une noirceur absolue où la violence, le sexe et l'argent règnent
en maîtres), Mute est
un drôle de film, bien loin des ambitions avérées de son auteur.
Plaisant à voir mais qui risque aussi de tomber très rapidement dans l'oubli...
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