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dimanche 10 novembre 2019

Mute de Duncan Jones (2018) - ★★★★★★☆☆☆☆



L'intrigue de cette exclusivité Netflix se déroule à Berlin, en 2052, dans un univers proche de celui de Blade Runner de Ridley Scott. C'est dans un contexte oppressant que travail Léo Beiler (l'acteur suédois Alexander Skarsgård), un solide gaillard atteint de mutisme, barman de nuit dans une boite de l'Allemagne de l'Est se confrontant sans cesse à l'Allemagne de l'Ouest. Des hommes et des femmes cherchent à tout prix à quitter le pays. Mais pour cela, il leur faut des papiers et une autorisation. L'immigrée Naadirah (l'actrice Seyneb Saleh) est la petite amie de Léo. Elle aussi travaille de nuit dans le même bar que son compagnon. Serveuse, elle rencontre un soir des soucis avec deux clients un peu trop zélés. En se mêlant à l'affaire qui oppose Naadirah et ces deux clients, Léo perd son emploi après avoir agressé l'un d'eux... et la trace de sa petite amie qui disparaît subitement. Enquêtant de son côté, Léo croise bon nombre d'individus extrêmement louches dont le chirurgien américain Cactus Bill, lequel semble avoir un lien avec la disparition de Naadirah. Prenant des risques encensés en évoluant dans un monde particulièrement violent, Léo fera tout pour retrouver celle qu'il aime...

Dire que Mute est sombre est un euphémisme. Mélange de science-fiction dystopique et de néo-noir, ce long-métrage signé du réalisateur britannique Duncan Jones, notamment auteur de Moon en 2009 et de Source Code deux ans plus tard s'attarde une fois de plus vers le genre qu'il semble tout particulièrement apprécier. Dix ans après avoir ''envoyé'' le héros de Moon sur la Lune pour une mission en solitaire, Duncan Jones et le scénariste Michael Robert Johnson imaginent un univers au contraire, beaucoup plus vivant. Du moins, terriblement surchargé en terme de population et en terme d'architecture. Après avoir passé plus de quinze années à concevoir son récit, Duncan Jones livre un long-métrage qui n'est sans doute pas aussi ambitieux que l'aurait désiré son auteur, considérant alors Mute comme l’œuvre de toute une vie. Si à l'image, le visuel demeure tout à fait satisfaisant, le scénario, lui, paraît être fait de bric et de broc, le réalisateur dispersant l'intrigue entre divers personnages, oubliant même pendant un certain temps son héros pour se concentrer sur les quelques antagonistes parmi lesquels le gratiné Duck Teddington (incarné par l'acteur américain Justin Theroux), chirurgien lui aussi, mais surtout, pédophile invétéré, ce qui donnera d'ailleurs lieu à une scène vers la fin du film, d'une insoutenable perversité psychologique !

Outre Blade Runner, Mute évoque à certaines occasions des œuvres tel que le Total Recall de Paul Verhoeven et son univers bigarré, délirant et anxiogène. On pourrait en réalité citer tous les longs-métrages de science-fiction se penchant sur des univers dystopiques visuellement très sombres et allant à l'opposé d’œuvres démontrant l'évolution de sociétés se dirigeant vers davantage de rigueur en bannissant peu à peu toute forme d'empathie et d'émotion. Parfois touchant, comme lorsque Léo et Naadirah se retrouvent en début de métrage, fous d'amour l'un pour l'autre, tantôt dérangeant, tel le chirurgien s'intéressant d'un peu trop près à de jeunes enfants sans que cela n'ait l'air d'offusquer personne (ou presque, vous comprendrez pourquoi), tantôt sinistre (l'évocation d'un monde d'une noirceur absolue où la violence, le sexe et l'argent règnent en maîtres), Mute est un drôle de film, bien loin des ambitions avérées de son auteur. Plaisant à voir mais qui risque aussi de tomber très rapidement dans l'oubli...

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