Comment parler de The
15:17 to Paris,
le trente-sixième longs-métrage de l'acteur et réalisateur Clint
Eastwood qui jusque là avait fait preuve d'une prodigieuse
régularité en terme de qualité de mise en scène, sans être trop
dur ? Comment imaginer un seul instant que l'auteur, au hasard,
de Mystic River,
de L'homme des Hautes Plaines,
de Sur la Route de Madison
ou de Million Dollar Baby ait
pu commettre un tel naufrage cinématographique lui qui sut toucher du
doigt le cœur des spectateurs à de très nombreuses reprises ?
Comment, surtout, les spectateurs ont-ils pu se laisser bluffer par
la promesse d'un film revenant sur un fait-divers qui échappa à la
tragédie grâce à l'intervention de trois touristes américains ?
La réponse à cette dernière question se trouve justement dans le
nom du réalisateur. Habituellement tellement propice à donner
naissance à des œuvres qui impriment la rétine et touchent l'âme
et le cœur qu'on ne pouvait imaginer un seul instant que The
15:17 to Paris
ne serait rien d'autre qu'une arnaque sans la moindre saveur.
Lorsque
l'on découvre durant les dix dernières minutes les trois véritables
héros qui inspirèrent la scénariste Dorothy Blyskal à rédiger un
scénario inspiré du l’autobiographie The
15:17 to Paris: The True Story of a Terrorist, a Train, and Three
American Heroes
écrit par Jeffrey E. Stern, Anthony Sadler, Alek Skarlatos et
Spencer Stone, les héros de cette histoires incarnant chacun dans le
film leur alter ego fictionnel, on se dit qu'après tout, ces images
là se suffisent à elles seules. Allez ! Ajoutons-leur la
dizaine ou quinzaine de minutes consacrées au fait-divers s'étant
déroulé à bord du Thalys 9364 le 21 aout 2015 et disséminées au
beau milieu de flash-back revenant sur l'enfance et l'évolution des
trois principaux protagonistes (avec un fort penchant pour Spencer
Stone (qui s'incarne donc tout naturellement).
Voilà
à quoi aurait dû donc ressembler The 15:17 to
Paris,
soit un court-métrage d'une vingtaine de minutes environs et rien de
plus. Et surtout pas ce long-métrage aux trop longues séquences
durant lesquelles Clint Easwood tente une caractérisation des
protagonistes pourtant maladroite. Simplement parce que l'auteur de
Play Misty for Me semble
ici tout bonnement incapable de générer la moindre empathie, ou du
moins, le moindre intérêt pour son trio de gosses auquel le
spectateur ne s'attachera sans doute pas aussi profondément que ceux
que l'on trouve notamment chez Stephen King qui dans le domaine, s'y
connaît tout particulièrement. Ni même pour ces mêmes enfants
devenus adultes et parcourant l'Europe jusqu'à leur montée à Paris
à bord du train incriminé. Clint Eastwood, du moins son œuvre,
prend ici un sacré coup de vieux que pas même la séquence de la
boite de nuit dont la musique oppose un curieux décalage entre la
mise en scène du cinéaste et ses quatre-vingt sept ans (à l'époque
du tournage). Plus sérieusement, The 15:17 to
Paris
est un film dont la plus grande partie des scènes demeure
extraordinairement inutile. On s'y ennuie ferme, leur accumulation
n'étant au final présente que pour combler l'immense vide du
scénario dont le seul intérêt repose donc sur l'acte héroïque
des trois américains. Et je ne parle même pas du discours
pro-américain, patriotique et dangereusement et fanatiquement
religieux de certains personnages. Poubelle !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire