Alors que la Faucheuse
nous l'a dérobé l'année même de la sortie de son dernier
long-métrage Le Masque de la Méduse,
le cinéaste septuagénaire français Jean Rollin n'avait pourtant
pas l'intention de mettre un terme à sa carrière puisqu'il avait
déjà en tête un nouveau projet. Mais la Mort ne l'entendant pas de
cette oreille, il nous a quitté le 15 décembre 2010 en laissant
derrière lui une œuvre ''remarquable'' à plus d'un titre dont ce
Masque de la Méduse
justement, dont la curiosité demeure dans son approche théâtrale
très particulière. Comme son nom l'indique, le dernier long-métrage
de Jean Rollin s'inspire librement du mythe de Μέδουσα, ou,
Méduse, originaire de la mythologie grecques qui avec ses sœurs
Euryale et Sthéno forment la trinité des gorgones dont Méduse est
la seule à être immortelle et à posséder l'effrayante capacité
de pétrifier quiconque ose poser son regard sur elle.
Si
Méduse a conquis les territoires de la littérature, de la peinture
ou de la sculpture, le cinéma n'est pas demeuré en reste puisque
l'effrayante créature est apparue dans divers productions dont
l'excellent péplum de Desmond Davis Le Choc des
Titans
en 1981 et dans ce Masque de la Méduse
dans lequel la célèbre gorgone y tient le rôle principal. On ne
s'étonnera pas d'y croiser une galerie de personnages incongrus.
Telles les trois gorgones donc, un nain, le gardien incarné par
Jean-Pierre Bouyxou, acteur qui parcourut pas mal de longs-métrages
de Jean Rollin, allant jusqu'à participer à l'élaboration de
certains scénarii. Sabine Lenoël qui débuta auprès de Patrice
Chéreau (La Reine Margot)
avant de tourner pour Alain Corneau (Le Nouveau
Monde)
tourna quant à elle trois fois auprès de Jean Rollin (les deux
autres longs-métrages étant La Fiancée de
Dracula
et La Nuit des Horloges).
Quant au rôle de Méduse, le cinéaste l'a confié à sa
propre épouse Simone Rollin.
Il
faut savoir avant toute chose qu'au delà de son aspect amateur, Le
Masque de la Méduse
est surtout une œuvre qui pourra s'avérer inconfortable pour
quiconque s'attendrait à un film d'horreur, certes filmé et
interprété avec les pieds, mais dont le déroulement demeurerait
classique. Ici tout commence comme un film new-age avec ses images
d'aquarium et sa musique imbuvable pour virer après seulement
quelques minutes vers le théâtre expérimental. Le cinéaste nous
invite à un voyage dans le passé, lorsque déjà vers ses débuts
de cinéaste il prônait un style très personnel qui trouve sans
doute dans le cas présent son aboutissement. Cette forme
particulière est sans doute aussi l'occasion de mettre un peu de
poudre aux yeux des spectateurs puisqu'en choisissant ce format, le
cinéaste permet à ses interprètes d'être très mauvais tout en
laissant croire que leur interprétation est directement liée à son
approche théâtrale. Curieux et, reconnaissons-le, assez chiant dans
la forme et dans le contenu également, à sa décharge Le
Masque de la Méduse
possède à quelques occasions des dialogues plutôt bien écrits
mais dont la qualité est malheureusement souvent désamorcée en
raison d'interprètes n'y mettant pas assez de cœur ou d'engouement.
À noter que le cimetière servant à certaines occasions de décor
est celui du Père Lachaise à Paris et que le Théâtre du Grand
Guignol du film arbore quelques sympathiques affiches de pièces
d'époque...
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