Comme cinéaste, David
Lynch est objectivement reconnu comme étant un génie. Par contre,
en tant que père de la réalisatrice Jennifer Chambers Lynch, il
aurait sans doute été judicieux pour lui d'inculquer la valeur
suivante à sa prgéniture: lorsque l'on n'est pas fait pour
exercer un métier, mieux vaut cesser toute activité dans ce domaine
et chercher à s'épanouir ailleurs. Car après avoir signé en 1993
le très mauvais Boxing Helena,
la fille de l'auteur de Eraserhead,
Blue Velvet
et Lost Highway
revenait dix-sept ans plus tard avec un scénario franchement
alléchant mais un résultat plus proche du navrant Dune
que réalisa son père en 1984 que la majeure partie de ses
éblouissants longs-métrages. Une petite tape sur les fesses et une
bonne leçon auraient dû suffire à Jennifer Chambers Lynch pour
nous débarrasser une fois pour toute de sa présence et de ses
visions outrageusement ringardes. Car plutôt que de retenir ses
erreurs passées, la jeune femme préférait alors se complaire une
fois encore dans une œuvre au scénario riche de l'écriture de
trois hommes (Will Keenan, Govind Menon et Vikram Singh) mais dont la
forme prend une nouvelle fois le chemin du ridicule à travers une
accumulation d'effets visuels proprement indigestes.
Quant
au cadre choisi, celui de l'Inde, propice en théorie à un voyage
d'une époustouflante beauté entre cités grouillantes de vie et de
mille couleurs ainsi que d'épaisses forêts où rôdent tout autant
de dangers, Hisss
n'est au final qu'un petit film d'épouvante sans envergure dont le
titre se réfère au sifflement produit par les serpents. Une œuvre
dans laquelle la réalisatrice tente de nous faire avaler la pilule
d'un récit porté sur une légende locale entourant une déesse
serpent prénommée Nāginī et capable de prendre forme humaine,
laquelle est lancée à la poursuite d'un homme condamné à mourir
d'un cancer lui-même à la recherche du Naagmani qui détient la
faculté de rendre immortel celui qui le possède.
Lorsque
Jennifer Chambers Lynch ne se prend pas pour une cinéaste indienne
digne du cinéma de Bollywood (des danseurs locaux exécutent
effectivement une danse très colorée devant la caméra de la
réalisatrice), la jeune femme s'imagine sans doute capable de faire
aussi bien que le cinéaste Paul Schrader, auteur du bien plus
convainquant et envoûtant Cat People
en 1982 avec la sensuelle Nastassja Kinski (remake du film éponyme
signé quarante ans plus tôt par le réalisateur français Jacques
Tourneur). Un détail plutôt intéressant (pour ne pas dire purement
risible) ouvre les hostilités. En effet, pour ne pas choquer les
amoureux des animaux, Jennifer Chambers Lynch, la production ou le
distributeur que sais-je, se trouve sans doute contraint de préciser
que les serpents du film sont faux... A s'étouffer de rire, surtout lorsque l'on constate
combien les effets-spéciaux numériques sont parmi les plus
détestables du genre et sont d'égale qualité à ceux d'un
Sharknado
assumant lui, pleinement son côté ringard. Entre fantastique,
policier et un humour dont on cherchera encore longtemps le sens
(sans doute propre au cinéma indien, qui sait...), Hisss
offre
de surcroît une partition musicale vraiment affreuse à entendre et
digne du premier long-métrage d'une Jennifer Chambers Lynch qui
maîtrise donc comme personne d'autre qu'elle le mauvais goût. Reste
l'affolante beauté de l'actrice et mannequin indienne Mallika
Sherawat, la présence de l'acteur indien Irfan Khan en étonnant
sosie de l'acteur américain Gary Sinise, et Jeff Doucette venu lui aussi se perdre dans cette indigence. Pour le reste, vous pouvez
passer votre chemin...
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