Alors que le week-end à
venir prend déjà des allures de séance de torture avec deux
longs-métrages de Jean Rollin (La Fiancée de Dracula
et Le Masque de la Méduse,
le visionnage de La Nuit des Horloges
ayant été abandonné en milieu de projection parce que ''de
Jean Rollin, point trop n'en faut''),
un étron indo-américain signé par Jennifer Chambers Lynch (le
pixelisé et outrageusement ringard Hisss),
et bientôt deux des pires adaptations de jeux vidéos au cinéma
(Doom
d'Andrzej Bartkowiak et House of the Dead
de Uwe Boll), s'annonçait une interlude horrifique un peu moins
abrutissante. Et ce, en la ''personne'' du réalisateur sud-coréen
Jeong Beom-sik qui avec Gonjiam
abordait l'année dernière l'horreur sous la forme commune du Found
Footage
avec ce que j'avais le malheur d'espérer être une approche
différente du genre. Et à vrai dire, je n'avais pas totalement tort
de considérer l’œuvre à venir comme un air nouveau soufflé sur un
genre poussiéreux d'où ne surgissait qu'en de rarissimes occasions
de réelles pépites cinématographiques. Après m'être endormi
devant Noroi
du cinéaste japonais Kōji Shiraishi, peut-être aurai-je dû
retenter l'expérience après une bonne nuit de sommeil plutôt que
de m'aventurer sur les terres désolées, pardon, désolantes de
Gonjiam.
Jeong
Beom-sik y fait s'y aventurer une poignée de gamins (sept au total)
qui pour une émission de télévision japonaise diffusée sur l'un
des plus célèbres sites web d’hébergement de vidéos (Youtube,
comme il se doit) espèrent être vus par plus d'un millions
d'abonnés afin d'empocher un maximum de billets verts (car malgré
ses origines japonaises, on s'y exprime en dollars). Rassurez-vous,
cet aspect de l'intrigue ne servant que dans des proportions
minimalistes le sujet central, l'histoire tourne surtout autour d'un
asile désaffecté dont la réputation est des plus mauvaise. Son
ancienne directrice aurait en effet assassiné tous les patients de
l’hôpital de Gonjiam avant de se suicider. Un lieu réputé pour
avoir, entre autre, hébergé des prisonniers de la seconde guerre
mondiale sur lesquels auraient été pratiquées d'abominables
expériences (on pense alors au traumatisant Men
Behind the Sun
du cinéaste japonais Mou Tun-Fei). Armés de caméras GoPro et
traditionnelles ainsi que de drones, nos sept investigateurs en
herbes s'introduisent illégalement dans l'enceinte de l’hôpital
psychiatrique de Gonjiam pour y découvrir bientôt qu'ils n'y sont
pas les bienvenus...
Comme
dans tout bon et surtout, très mauvais Found
Footage,
on pouvait s'attendre aux gimmicks habituels : entre des caméras
atteintes du syndrome de Parkinson et une image attaquée par des
parasites en tous genres. Pourtant, le spectateur aura l'agréable
surprise de découvrir que le réalisateur a choisi de préserver les
rétines de son public en n'abusant jamais des effets utilisés
couramment dans ce genre de production. Mieux, Jeong Beom-sik semble
vraiment s'intéresser à ses personnages puisqu'il leur consacré la
majorité des séquences. Il faut comprendre que le réalisateur se focalise
avant tout sur leurs expressions que sur ce qui les entoure. C'est
malheureusement là que le bat blesse. En effet, à force de filmer
tel ou tel interprète, il en oublierait presque de livrer au
spectateur l'environnement dans lequel ils sont baignés. À tel
point qu'il devient très rapidement rageant de voir combien le
cinéaste se fiche du contexte, s'appuyant sur l'effet plus que
stérile qu'il croit pouvoir créer en transmettant la peur à
travers le regard de ses personnages. Le procédé devenant récurrent
et bouffant littéralement la pellicule (oui, je sais, tout y est
filmé au format numérique), on finit par être rapidement agacé
d'autant plus que le résultat est loin d'atteindre l'effet escompté.
De plus, lorsque Jeong Beom-sik daigne enfin lâcher ses interprètes
pour nous faire profiter des lieux particulièrement sombres (c'est
le cas de le dire), on se retrouve dans la peau de l'aveugle plongé
dans un couloir sans lumière : autant dire que l'on n'y voit
pas plus loin que le bout de son nez et qu'il devient difficile de
décoder les images qui nous sont présentées. Quant aux artifices
utilisés dans le cas présent, ils sont répétés si souvent qu'on
fini par trouver la méthode plus drôle qu'effrayante. Des portes
qui claquent par dizaines en mode ''Jump Scare'' et des personnages en transe hurlant un
effroi qui malheureusement nous échappe. On finit par désirer voir
apparaître le générique de fin. Mais là encore, à plusieurs
reprises suivent des fondus au noir lors desquels on constate en trépignant d'impatience que
Gonjiam
n'est
jamais tout à fait terminé. Du moins jusqu'à ce que l'acte libérateur
qui évitera au spectateur la rupture d'anévrisme arrive enfin. Ouf !
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