Un armateur italien, un
marchand de tabac et une américaine qui « torturait les
animaux » sont retrouvé morts dans d'étranges
circonstances. Le premier est retrouvé noyé dans une mare de
mazout, le second est découvert le visage enfermé derrière un
masque constitué de dizaines de cigarettes consumées, quant à la
dernière, la police la retrouve avec un sourire sinistre sur les
lèvres. Tous les trois ont un point commun : ils sont mort par
où ils ont péché. Leur bourreau, on le devine très vite, est
pharmacien et écologiste. Afin de faire payer à celles et ceux qui
détruisent la faune et la flore, il n'a trouvé d'autre moyen que de
tuer les coupables.
Si ce résumé vous
rappelle quelque chose, c'est sans doute parce que parmi vos
souvenirs s'est logé celui d'une œuvre sortie sept ans plus tôt
aux États-Unis. Un film qui a ouvert la voie à une mise en
situation des scènes de crimes terriblement convaincante. Morbide,
crapoteuse. Des cadavres dont on sentirait presque l'odeur se dégager
des corps et traverser l'écran pour titiller nos narines. Ce film,
c'est Seven de David Fincher. Un thriller noir, suitant. Une image
parcourue de visions sinistres. Une pluie battante qui tombe de
manière ininterrompue sur une cité en proie à un tueur qui durant
sept jours, va tuer autant de fois des individus par le péché
qu'ils ont commis. Gourmandise, orgueil, Luxure, etc...
On devine alors que le
cinéaste Jean Veber, fils du célèbre réalisateur, scénariste,
producteur et dialoguiste français Francis Veber s'est inspiré du
classique américain pour mettre en scène ce récit dont il a
lui-même écrit les dialogues et le scénario. Entendons-nous bien :
si certaines situations sont en rapport avec la source d'inspiration
de Jean Veber, la comparaison s'arrête là. En effet, Le
Pharmacien de Garde s'avère pitoyable au regard de l’œuvre
de David Fincher. Ce qui se révèle d'ailleurs dommage, compte-tenu
du très intéressant casting du film. Le pharmacien est incarné par
l'acteur Vincent Perez, dont l'habituelle et excellente verve est
malheureusement sous-employée ici. A ses côtés, on retrouve un
Guillaume Depardieu déchiré et lui-même apparemment peu convaincu
par cette rocambolesque histoire transgenres un peu cafouillis. On a
le plaisir de retrouver Laurent Gamelon en collègue bourru et pas
très malin et quelques minuscules rôles dont un Kad Merad en
policier scientifique.
Mais si l'en est un qui
fait véritablement regretter que l'auteur du film ne l'aie pas
davantage exploité, c'est l'acteur Pascal Légitimus qui, sans
mauvais jeu de mots, légitime à lui seul l'existence du Pharmacien
de Garde. Il s'impose ici comme un acteur exceptionnel et
surtout éminemment crédible dans le rôle du prostitué travesti.
A côté, tout le reste
n'est que futilité, et l'interprétation de ses partenaires s'en
trouve diminuée. Quant à l'histoire, elle mêle aussi bien le
fantastique que le policier. Vincent Perez campe cet écologiste-fou
maniant les produits dangereux avec une expertise hors du commun.
Véritable Docteur Jeckyll et Mister Hyde, il se mue en une créature
qui rappelle parfois le personnage de Ashe Corven qu'il interpréta
dans le long-métrage de Tim Pope, The Crow : la Cité des
Anges.
En voulant brasser tout
un tas d'idées, Jean Veber se retrouve sans la possibilité d'en
maîtriser une seule jusqu'au bout. Le Pharmacien de Garde
transpire l'amateurisme, ses interprètes (toujours en dehors de
Pascal Legitimus, incroyable) pâtissant de cette médiocre direction
d'acteurs. Toujours est-il qu'il ressort du film une drôle
d'impression. En tout cas, une œuvre qui ne ressemble à aucune
autre. Sans véritable identité mais qui se suit tout de même avec
un certain amusement...
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