Après une ouverture
énigmatique dans ce qui deviendra le lieu principal du récit de Det
Vita Folket, la réalisatrice suédoise Lisa Aschan enferme
son héroïne, Alex, dans un complexe à l'intérieur duquel des
clandestins, hommes et femmes, attendent d'être expulsés vers leur
pays d'origine. Pour ne rien arranger, la cinéaste entoure l'édifice
d'un mystère qui demeurera jusqu'au générique final, laissant le
public avec une foule de questions qui resteront sans réponses. Si
l'on peut supposer de prime abord que le cadre se situe en Suède, au
vu des origines suédoises de la cinéaste et de sa principale
interprète Vera Vitali, rien ne vient forcément corroborer cette
impression à part ces vastes plaines d'un blanc immaculé au point
de confondre la frontière qui sépare logiquement terre et ciel.
Derrière les murs d'un
édifice glaçant comme les rigueurs d'un l'hiver qui persiste à
recouvrir les terres de son blanc manteau, des hommes, mais aussi des
femmes, prisonniers involontaires d'une institution qui chasse
systématiquement l'étranger hors de son territoire. Alex est l'une
d'entre elles. Et tout comme elle, les autres ont oublié le principe
même du bonheur, ne camouflant même plus leur peine derrière un
fard dérisoire. L’œuvre de Lisa Aschan est une complainte
permanente, triste, et surtout lancinante au point même d'être
jugée parfois d'ennuyeuse. Et c'est vrai que le l'intrigue imprime
un rythme amorphe. De ceux qui découragent les plus impatients.
Det Vita Folket
explore
la part sombre de l'humanité. Une humanité sans presque aucune âme,
aussi froide que les murs qui renferment ces êtres perdus dans un
pays qui n'est pas le leur. Mais alors que le film de Lisa Auschan
n'aurait pu être qu'une critique punitive de cet état de fait, la
cinéaste développe une intrigue sous-jacente encore plus noire que
celle de la simple clandestine en attente d'être renvoyée dans un
foyer qu'elle ne possède d'ailleurs pas dans son pays d'origine.
Alors même qu'une question demeure quant à la disparition de l'une
des prisonnières (qui n'est âgée que d'une dizaine d'années
puisqu'on découvrira que même les enfants sont victimes de
l'enfermement), on découvre la vérité dans toute sa terrible et
immense amoralité : ces hommes et ces femmes perdant tout ou
part de leur identité le jour même de leur arrestation, et ne
faisant par conséquent pas partie de la société du pays qui les a
« accueillis »,
on s'octroie le droit d'enlever une gamine, de l'enfermer dans une
geôle souterraine lugubre dans l'espoir, pourquoi pas, d'en faire
l'enfant d'une gardienne de prison vieillissante qui n'a jamais eu la
chance d'être mère.
Aux
cotés de l'actrice suédoise Vera Vitali, on a le plaisir de
retrouver le burkinabé Issaka Sawadogo que l'on pu notamment
découvrir dans le Samba
de Eric Toledano et Olivier Nakache. En directrice inflexible et
froide comme la mort qui rappellera dans une moindre mesure la
monstrueuse infirmière Mildred Ratched (l'actrice Louise Fletcher)
du formidable Vol au Dessus d'un nid de Coucou
de Milos Forman, on découvre une Pernilla August impeccable. Det
Vita Folket risque
de fortement déconcerter les amoureux de blockbusters et de films
d'action. Quant aux autres, qu'ils profitent de vent frais (et
glacial) qui nous vient de Scandinavie. Loin de l'humour cinglant
auquel ce cinéma nous avait habitués, mais intéressant tout de
même...
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