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samedi 6 avril 2019

Groland, le Gros Métrage de Benoît Delépine et Jules-Édouard Moustic (2015) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆




On a échappé au pire en cette année 2015 : se réfugier dans une salle obscure pour y aller contempler un véritable naufrage artistique. Parce que Groland le Gros Métrage n'est qu'un téléfilm, ce n'est donc pas sur grand écran qu'il a été diffusé pour la première fois le 19 décembre 2015, mais sur Canal+. L'acteur, réalisateur et humoriste Benoît Delépine y faisait des infidélités à son éternel compagnon de route Gustave Kervern et se fourvoyait donc il y a quatre ans dans les bras de Jules-Édouard Moustic que tous les amateurs d'humour décalé connaissent surtout pour avoir incarné jusqu'à très récemment le rôle d'un présentateur de journal télévisé pour les émission tournant autour de Groland, pays imaginaire « pensé » par Jules-Édouard Moustic lui-même et toute son équipe...
Au générique, voir se déployer les noms de Jules-Édouard Moustic, Benoît Delépine, Gustave Kervern ou encore Francis Kuntz éveille forcément l'émoi des amateurs d'humour trash même si les deux principaux interprètes ne sont pas ceux que nous attendions forcément (Gérald Touillon a réalisé et interprété Paulo Anarkao en 2007, et quant à François Neycken, à part sa ressemblance avec un certain François-Xavier Demaison, il n'a joué que dans quelques séries télévisées et n'est apparu que dans de rares longs-métrages dont Ma Mère est Folle de Diane Kurys en 2018).

Bon, on va pas se mentir : même si l'on est fan de Groland, un collectionneur compulsif de tout ce qui peut y être rattaché, humble devant le travail plus ou moins soigné de ses différents auteurs, et même si l'on manque parfois d'objectivité devant certains de leurs travaux un peu moins réussis mais que l'on tient pour cultes, force est de reconnaître que Groland le Gros Métrage est vraiment mauvais. Et même si à l'origine le scénario donne envie de découvrir le téléfilm de Benoît Delépine et Jules-Édouard Moustic (Noel et Guy, deux chômeurs de Frincheux ont inventé un procédé de naturalisation pour les animaux et montent dans la capitale pour y trouver des financements pour leur projet), le résultat est catastrophique. Leur œuvre a beau tenter de reproduire ce qui fait le sel de l'univers Groland, ça ne fonctionne pas. A part durant les premières minutes (le coup du hérisson naturalisé est plutôt amusant) et un peu plus loin (celui du putois), Groland le Gros Métrage est d'un ennui abyssal. Rares auront été les occasions de se faire autant chier devant une œuvre de fiction. Le téléfilm de Benoît Delépine et Jules-Édouard Moustic, outre le sujet de fond, est une collection de situations dont ont le secret les auteurs de Groland mais qui, étrangement, ne fonctionnent jamais. Pas drôle et pourtant interprété par deux acteurs dans la veine des personnages auxquels nous ont habitué les auteurs, toutes les tentatives tombent à plat.

Groland le Gros Métrage a beau ne durer qu'un peu plus de quatre-vingt minutes, on trépigne d'impatience que ce pitoyable spectacle se termine. Il faut s'armer d'un courage immense ou avoir un respect démesuré pour ses auteurs ou pour le cinéma en général (j'englobe ici la télévision) pour tenir jusqu'au bout. Mieux qu'un benzodiazépine, pire qu'une heure trente de contrainte, à fixer la petite aiguille d'une horloge, presque aussi douloureux qu'une émission de télé-réalité (non, là, j'exagère), et aussi chiant qu'un séminaire sur l'agriculture maraîchère en région Nord Pas de Calais, Groland le Gros Métrage décevra les amateurs et confortera les anti-Groland (s'ils existent vraiment) dans leurs opinions... Un gros, très gros raté !

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