On a échappé au pire en
cette année 2015 : se réfugier dans une salle obscure pour y
aller contempler un véritable naufrage artistique. Parce que Groland
le Gros Métrage
n'est qu'un téléfilm, ce n'est donc pas sur grand écran qu'il a
été diffusé pour la première fois le 19 décembre 2015, mais sur
Canal+. L'acteur, réalisateur et humoriste Benoît Delépine y
faisait des infidélités à son éternel compagnon de route Gustave
Kervern et se fourvoyait donc il y a quatre ans dans les bras de
Jules-Édouard Moustic que tous les amateurs d'humour décalé
connaissent surtout pour avoir incarné jusqu'à très récemment le
rôle d'un présentateur de journal télévisé pour les émission
tournant autour de Groland,
pays imaginaire « pensé »
par
Jules-Édouard Moustic lui-même et toute son équipe...
Au
générique, voir se déployer les noms de Jules-Édouard Moustic,
Benoît Delépine, Gustave Kervern ou encore Francis Kuntz éveille
forcément l'émoi des amateurs d'humour trash même si les deux
principaux interprètes ne sont pas ceux que nous attendions
forcément (Gérald Touillon a réalisé et interprété Paulo
Anarkao
en 2007, et quant à François Neycken, à part sa ressemblance avec
un certain François-Xavier Demaison, il n'a joué que dans quelques
séries télévisées et n'est apparu que dans de rares longs-métrages
dont Ma Mère est Folle
de Diane Kurys en 2018).
Bon,
on va pas se mentir : même si l'on est fan de Groland,
un collectionneur compulsif de tout ce qui peut y être rattaché,
humble devant le travail plus ou moins soigné de ses différents
auteurs, et même si l'on manque parfois d'objectivité devant
certains de leurs travaux un peu moins réussis mais que l'on tient pour cultes, force est de reconnaître que Groland
le Gros Métrage
est vraiment mauvais. Et même si à l'origine le scénario donne
envie de découvrir le téléfilm de Benoît Delépine et
Jules-Édouard Moustic (Noel et Guy, deux chômeurs de Frincheux ont inventé un procédé de naturalisation pour les animaux et montent dans la capitale pour y trouver des financements pour leur projet), le résultat est catastrophique. Leur œuvre
a beau tenter de reproduire ce qui fait le sel de l'univers Groland,
ça ne fonctionne pas. A part durant les premières minutes (le coup
du hérisson naturalisé est plutôt amusant) et un peu plus loin
(celui du putois), Groland le Gros Métrage
est d'un ennui abyssal. Rares auront été les occasions de se faire
autant chier devant une œuvre de fiction. Le téléfilm de Benoît
Delépine et Jules-Édouard Moustic, outre le sujet de fond, est une
collection de situations dont ont le secret les auteurs de Groland
mais qui, étrangement, ne fonctionnent jamais. Pas drôle et
pourtant interprété par deux acteurs dans la veine des personnages
auxquels nous ont habitué les auteurs, toutes les tentatives tombent
à plat.
Groland le Gros
Métrage
a beau ne durer qu'un peu plus de quatre-vingt minutes, on trépigne
d'impatience que ce pitoyable spectacle se termine. Il faut s'armer
d'un courage immense ou avoir un respect démesuré pour ses auteurs
ou pour le cinéma en général (j'englobe ici la télévision) pour
tenir jusqu'au bout. Mieux qu'un benzodiazépine, pire qu'une heure
trente de contrainte, à fixer la petite aiguille d'une horloge,
presque aussi douloureux qu'une émission de télé-réalité (non,
là, j'exagère), et aussi chiant qu'un séminaire sur l'agriculture
maraîchère en région Nord Pas de Calais, Groland
le Gros Métrage décevra
les amateurs et confortera les anti-Groland
(s'ils existent vraiment) dans leurs opinions... Un gros, très gros
raté !
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