Les Municipaux, ces
Héros
est typiquement le genre de long-métrage difficile à évaluer dans
le sens positif lorsque l'on a la prétention d'être cinéphile et
SURTOUT PAS cinéphage. A travers ce film écrit et réalisé par
Éric Carrière et Francis Ginibre, soit, le duo d'humoristes connu
sous le nom des Chevaliers
du Fiel,
c'est un peu le principe du QCM inversé dans lequel on ne trouve
qu'une question, et d'innombrables réponses. Genre, RCM !
Imaginez donc, ce pauvre cinéphile auquel, lors d'une soirée
organisée par ses précieux amis sous le signe du Septième Art
(avec majuscules, je vous prie), lui est posée la question suivante:
« as-tu vu
le dernier long-métrage avec Les
Chevaliers du Ciel ? ».
Et surtout : « Qu'en
as-tu pensé ? ».
Le genre de question qui transforme n'importe quelle soirée en dîner
de cons ! Et notre pauvre cinéphile, déconfit, contraint de
serrer tout d'abord les lèvres pour ne pas dire trop d'âneries tout
en estimant pouvoir avouer qu'il a passé un agréable moment, puis
les fesses, devant un parterre de requins, bave au lèvres, attendant
le moindre faux pas de la victime désignée pour lui tomber dessus.
Les Municipaux, ces
Héros,
vous diront certains, c'est le genre de film dont les chômeurs de
longue durée vivant dans des barres d'immeubles sans ascenseur et à
l'entrée desquels des petites frappes font le guet pour leurs grands
frères pourraient très largement se satisfaire. Eux, et les paysans
de nos campagnes, qui une fois décrottés de leur dure journée de
labeur pourraient bien avoir envie de se décontracter les
zygomatiques devant la première connerie venue. Et pourquoi pas nos
amis les Ch'tis, dont on sait tous que beaucoup donnent dans la
consanguinité. La preuve, c'est sans doute chez eux que l'on trouve
la plus grande concentration d'amateurs de tuning. Enfin, n'oublions
pas les municipaux en question, qui parce qu'ils sont incapables de
faire autre chose de leur mains et de leur cervelle, mais aussi parce
qu'ils ont bénéficié de passes-droits, partagent cette même
passion pour l'embellissement de nos cités (quand ils ne passent pas
des heures à discuter à la terrasse d'un café, s'entend).
Et
bien non, les amis. Car tout comme ce ramassis de conneries que vous
venez de lire est faux (quoique, pas toujours), le film scénarisé,
réalisé et principalement interprété par Éric Carrière et
Francis Ginibre peut se concevoir comme une sympathique comédie,
MEME pour ceux qui s'estiment bien au dessus de ce genre de produit.
Encore faut-il se donner le courage de dépasser un premier tiers
franchement mauvais. Des gags qui ne devraient jamais sortir du cadre
d'un spectacle humoristique. Parce que sur grand écran, ça
le fait pas, mais alors pas du tout.
Ne vous attendez surtout pas à du grand art en matière de mise en
scène et d'interprétation. Ici, c'est le minimum syndical... ce qui
tombe plutôt bien, comme vous le comprendrez. Heureusement, quelques
têtes bien connues du cinéma comique arrivent en renfort. A
commencer par les toujours excellents Brunot Lochet, dans le rôle du
chauffeur de bus scolaire alcoolique, et Lionel Abelanski, dans celui
du maire de Port Vendres.
Comme
il ne pouvait en être autrement avec ce film, l'ensemble est
terriblement caricatural. Mais qui en voudrait au duo d'avoir avec un
tel luxe de détails, appuyé là où ça aurait normalement dû
faire mal mais où au contraire, le rire fuse (avec modération,
j'entends bien préciser la chose). Impossible d'en vouloir au duo de
comiques qui d'une certaine manière rend hommage à ces individus
étranges, venus d'ailleurs, vêtus de gilets jaunes (là encore, ça
tombe bien), que l'on croise au quotidien. Et puis merde, quoi. Y'en
a bien qui donneraient un rein pour redécouvrir l'intégrale des
Charlots
sur grand écran. Alors pourquoi ne pas avouer que Les
Municipaux, ces Héros nous
a fait rire Anna et moi... ? Léger, très léger même, mais
sympathique...
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