L'année 2018 aura marqué
la présence sur les écrans de cinéma français de quelques
exemples d'activités sportives pour le moins étonnantes. Surtout en
cette fin d'année, et encore plus précisément en octobre puisqu'à
une semaine d'intervalle sont sortis Le Grand Bain de
Gilles Lellouche (le 24 octobre), puis Chacun
Pour Tous
de Vianney Lebasque (la semaine suivante). On ne va pas revenir sur le premier tournant
autour d'une équipe de natation synchronisée masculine, déjà
évoqué en ces pages mais plutôt aborder le second qui lui,
s'intéresse à Martin, le coach de l'équipe française de basketteurs
déficients mentaux, contraint de trouver une solution s'il veut
pouvoir conserver la subvention allouée à la fédération par
l’État. Alors que la plupart des membres de son équipe l'ont
abandonné, une idée aussi gonflée que dangereuse lui vient à
l'esprit. Former une nouvelle équipe majoritairement constituée de
joueurs non déficients mentaux. Un pari risqué mais qui lui offrira
une chance de se rendre à Sydney où se joueront prochainement les
jeux Paralympiques. Mais avant cela, il va lui falloir recruter de
nouveaux joueurs et surtout les préparer à se comporter comme s'ils
étaient eux-même atteints de déficience mentale...
Auteur
de plusieurs courts-métrages, d'une série télévisée (Les
Grands)
et désormais d'un troisième long-métrage, le cinéaste Vianney
Lebasque nous convie à suivre les aventures rocambolesques d'une
équipe de basket pour le moins hétéroclite constituée de deux
déficients mentaux (les acteurs débutants Vincent Chalambert et
Clément Langlais) et de quatre autre dits « normaux »
mais parfois tellement stupides que la frontières qui les sépare
des premiers se révèle parfois relativement mince. Et c'est
justement sur cette ambiguïté que joue en partie le cinéaste,
convoquant même un personnage dont le quotient intellectuel se
révélera tout juste au dessus de celui du débile moyen. Formée
autour du génial Jean-Pierre Darroussin, l'équipe est constituée
d'Ahmed Sylla, ancien transfuge du « Samba
Show »
en 2010 et de « On
n'demande qu'à en rire »
de l'animateur Laurent Ruquier, d'Olivier Barthelemy, qui débuta sa
carrière en 2005 avec Sheitan
de Kim Chapiron, d'Estéban, acteur bien entendu, mais chanteur
également, dans le groupe Naive
New Beaters
(mélange de rap, de rock et de musiques électroniques), et de
Jérémie de Nicola (Faux-Semblables
et la pièce 2029, le Rêve de la Dernière
Chance).
Pour accompagner cette équipe hors du commun et leur coach, le
chanteur, musicien et compositeur Thomas de Pourquery et la chanteuse
et actrice Camélia Jordana (révélée par l'émission « La
Nouvelle Star »
en 2010 lors de laquelle elle termine en troisième position.
Vianney
Lebasque traite son sujet sous l'angle de la comédie. Ce qui nous
vaut toute une série de gags très drôles (Darroussin confondant un
formateur avec un handicapé mental ou encore la séance
« d'entraînement »
de
Stan, Pippo, André et les autres). Plus important encore : le
cinéaste ne se moque jamais de ses déficients mentaux. Mieux :
il évite tout moralisme. Ici, les acteurs « normaux »
se fondent parfaitement dans le décor constitué à l'origine par le
duo de déficients mentaux Vincent Chalambert et Clément Langlais.
Le spectateur se doute bien qu'en employant un acteur tel qu'Estéban,
il cherche à réduire l'écart intellectuel entre les uns et les
autres. Ce qui donne lieu à des séquences très drôles puisque
l'on arrive à ne plus savoir qui est « normal »
et qui ne l'est pas. Quant au passage obligé aux jeux Paralympiques,
c'est l'occasion pour toute la bande de démontrer que l'amitié peut
naître au sein même d'une équipe dont les différences
intellectuelles et comportementales peuvent s'avérer parfois très
importantes. Le plus fou dans cette histoire, c'est que le cinéaste
s'est inspiré d'un fait divers authentique. Il concernait l'équipe
masculine de basket espagnole qui en 2000, durant les jeux
Paralympiques, remporta la médaille d'or alors qu'elle était
constituée d'une grande majorité de non-déficients mentaux (dix
sur douze!!!). Je vous convie d'ailleurs à chercher des articles sur
ce sujet, comment dire, tragi-comique !!! en attendant, le
long-métrage de Vianney Lebasque est une excellente surprise. Sans
doute pas la meilleure comédie de l'année, mais une franche
réussite tout de même...
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