Alors que le réalisateur,
scénariste et écrivain français Bertrand Blier revient bientôt
sur nos écrans avec son dernier bébé Convoi Exceptionnel,
interprété par
Gérard Depardieu et Christian Clavier (alors que l'on s'attendait à
voir débarquer depuis trois ans Existe en Blanc
avec Maïwenn et Benoît Poelvoorde), petit retour sur son
antépénultième long-métrage sorti jusqu'ici au cinéma. Les
Côtelettes,
cela ne fait pas exception, est une fois de plus écrit par le maître
lui-même, fils spirituel du Grand Michel Audiard, qui avec un peu
moins d'une vingtaine de long-métrages s'est construit une solide
réputation de dialoguiste : ceux de Calmos,
Buffet Froid,
Tenue de Soirée ou
encore Le Bruit des Glaçons
sont tous de Bertrand Blier, le cynique, le misogyne, l'acerbe...
mais aussi, parfois, le poète... et d'une manière générale, le
magicien des mots... des maux ?
Avec
Les Côtelettes,
son quinzième long-métrage, le fils de l'immense acteur Bernard
Blier met en scène une rencontre aussi absurde que celle que fera
Jean Dujardin sept ans plus tard dans Le Bruit des Glaçons : son cancer, divinement
incarné par Albert Dupontel. Mais pour le moment, ce sont Philippe
Noiret et Michel Bouquet qui ensemble, et malgré leur inimitié vont
rencontrer la Mort, incarnée cette fois-ci par la comédienne
Catherine Hiegel, plus connue pour être montée de très nombreuses fois
sur les planches mais dont les apparitions sur grand écran ne
laissent jamais indifférent.
La
Mort, mais pas seulement, car ce film étrange, que certains
estimeront sans doute avant-gardiste, sera aussi et surtout
l'occasion pour l'actrice et compagne du cinéaste, Farida Rahouadj,
d’interpréter son premier vrai grand rôle. Malgré le poids qui
pèse sur les épaules de cette « débutante »
confrontée à deux monuments du cinéma français, Farida s'en sort
à merveille, aidée en cela par sa beauté toute orientale et cette
magie qui opère toujours chez son mari de réalisateur qui parvient à chaque fois, et quoi qu'il arrive, à rendre belle la tristesse chez ses personnages.
Fidèle à lui-même, Bertrand Blier propose un postulat de départ
intriguant, fou, comme du Dali sur pellicule : Un vieil homme
(Michel Bouquet) sonne à la porte de Léonce (Philippe Noiret),
soixante-quatre ans. Le premier se dit de gauche, le second, de
droite. Ce qui fait toute la différence lorsqu'ils quittent les
toilettes après y avoir rendu le contenu de leur intestin. Le
premier y laisse les traces de son passages tandis que le second
nettoie scrupuleusement la cuvette. Si le vieil homme est venu sonner
à la porte de Léonce, c'est pour une raison bien précise :
pour le faire chier. Mais surtout parce qu'ils ont en commun, la même
femme de ménage. Qui le matin se rend chez le vieil homme, et
l'après-midi chez Léonce. Tombés sous le charme de la jeune femme,
les deux hommes vont partager leur ressenti sur les femmes, et Nacifa
( Farida Rahouadj) en particulier, ainsi que sur la vie, et la
mort...
Si
Bertrand Blier n'a pas perdu son sens du verbe et de l'accroche, son
talent de dialoguiste s'est quel que peu émoussé depuis quelques
années. Son œuvre apparaît de plus en plus hermétique, faisant
passer en priorité les dialogues et délaissant peu à peu la mise
en scène. Théâtral, Les Côtelettes ne
se soucie d'aucune logique en terme de situation. Une phrase récitée
par l'un des personnages peut tout à fait débuter dans
l'appartement de l'un ou l'autre pour se conclure au beau milieu d'un
chemin bordé de champs de blé. Si les choses s'améliorent au fil
du récit, la gratuité du dialogue qui confronte Michel Bouquet et
Philippe Noiret concernant le sort accordé par leur personnage
respectif à leurs propres excréments a tendance à s'éterniser.
Farida Rahouadj apporte par contre quant à elle, une jolie touche d'exotisme
dans ce duo de vieilles légendes qui n'ont pas dit leur dernier mot.
Une œuvre mineure dans la carrière de Bertrand Blier, mais non
dénuée d'intérêt...
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