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vendredi 22 février 2019

Les Côtelettes de Bertrand Blier (2002) - ★★★★★★☆☆☆☆



Alors que le réalisateur, scénariste et écrivain français Bertrand Blier revient bientôt sur nos écrans avec son dernier bébé Convoi Exceptionnel, interprété par Gérard Depardieu et Christian Clavier (alors que l'on s'attendait à voir débarquer depuis trois ans Existe en Blanc avec Maïwenn et Benoît Poelvoorde), petit retour sur son antépénultième long-métrage sorti jusqu'ici au cinéma. Les Côtelettes, cela ne fait pas exception, est une fois de plus écrit par le maître lui-même, fils spirituel du Grand Michel Audiard, qui avec un peu moins d'une vingtaine de long-métrages s'est construit une solide réputation de dialoguiste : ceux de Calmos, Buffet Froid, Tenue de Soirée ou encore Le Bruit des Glaçons sont tous de Bertrand Blier, le cynique, le misogyne, l'acerbe... mais aussi, parfois, le poète... et d'une manière générale, le magicien des mots... des maux ?
Avec Les Côtelettes, son quinzième long-métrage, le fils de l'immense acteur Bernard Blier met en scène une rencontre aussi absurde que celle que fera Jean Dujardin sept ans plus tard dans Le Bruit des Glaçons : son cancer, divinement incarné par Albert Dupontel. Mais pour le moment, ce sont Philippe Noiret et Michel Bouquet qui ensemble, et malgré leur inimitié vont rencontrer la Mort, incarnée cette fois-ci par la comédienne Catherine Hiegel, plus connue pour être montée de très nombreuses fois sur les planches mais dont les apparitions sur grand écran ne laissent jamais indifférent.

La Mort, mais pas seulement, car ce film étrange, que certains estimeront sans doute avant-gardiste, sera aussi et surtout l'occasion pour l'actrice et compagne du cinéaste, Farida Rahouadj, d’interpréter son premier vrai grand rôle. Malgré le poids qui pèse sur les épaules de cette « débutante » confrontée à deux monuments du cinéma français, Farida s'en sort à merveille, aidée en cela par sa beauté toute orientale et cette magie qui opère toujours chez son mari de réalisateur qui parvient à chaque fois, et quoi qu'il arrive, à rendre belle la tristesse chez ses personnages.

Fidèle à lui-même, Bertrand Blier propose un postulat de départ intriguant, fou, comme du Dali sur pellicule : Un vieil homme (Michel Bouquet) sonne à la porte de Léonce (Philippe Noiret), soixante-quatre ans. Le premier se dit de gauche, le second, de droite. Ce qui fait toute la différence lorsqu'ils quittent les toilettes après y avoir rendu le contenu de leur intestin. Le premier y laisse les traces de son passages tandis que le second nettoie scrupuleusement la cuvette. Si le vieil homme est venu sonner à la porte de Léonce, c'est pour une raison bien précise : pour le faire chier. Mais surtout parce qu'ils ont en commun, la même femme de ménage. Qui le matin se rend chez le vieil homme, et l'après-midi chez Léonce. Tombés sous le charme de la jeune femme, les deux hommes vont partager leur ressenti sur les femmes, et Nacifa ( Farida Rahouadj) en particulier, ainsi que sur la vie, et la mort...

Si Bertrand Blier n'a pas perdu son sens du verbe et de l'accroche, son talent de dialoguiste s'est quel que peu émoussé depuis quelques années. Son œuvre apparaît de plus en plus hermétique, faisant passer en priorité les dialogues et délaissant peu à peu la mise en scène. Théâtral, Les Côtelettes ne se soucie d'aucune logique en terme de situation. Une phrase récitée par l'un des personnages peut tout à fait débuter dans l'appartement de l'un ou l'autre pour se conclure au beau milieu d'un chemin bordé de champs de blé. Si les choses s'améliorent au fil du récit, la gratuité du dialogue qui confronte Michel Bouquet et Philippe Noiret concernant le sort accordé par leur personnage respectif à leurs propres excréments a tendance à s'éterniser. Farida Rahouadj apporte par contre quant à elle, une jolie touche d'exotisme dans ce duo de vieilles légendes qui n'ont pas dit leur dernier mot. Une œuvre mineure dans la carrière de Bertrand Blier, mais non dénuée d'intérêt...

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