Sur fond de corruption et
de trafic de drogue, le réalisateur et scénariste français Alain
Bonnot, second réalisateur sur Mourir d'Aimer
d'André Cayatte et Lady Oscar
de Jacques Demy réalisait en 1981 l'un de ses deux seuls
longs-métrage en tant que cinéaste, trois ans avant Liste
Noire
avec Annie Girardot. Une Sale Affaire
met en scène Victor Lanoux et Marlène Jobert dans un récit
policier particulièrement noir tournant autour d'un important trafic
de drogue mêlant certains élus. Victor Lanoux incarne le
commissaire Novak chargé de le démanteler tandis que Marlène
Jobert interprète Hélène, proche collaboratrice d'un maire connu
des autorités pour être l'un des hommes impliqués dans un trafic
de cocaïne. Le film d'Alain Bonnot est une excellente surprise. Un
très bon polar incarné par un duo savoureux. Entre le flic près à
tout pour obtenir ce qu'il veut et une secrétaire préférant
demeurer fidèle à sa morale plutôt qu'à son intégrité
professionnelle (Hélène choisira de trahir son patron en lui
dérobant un dossier fort compromettant). Un choix qui aura des
conséquences terribles sur elle et son entourage. Mère d'une petite
fille, trompée par son époux et sœur de Julia (compagne d'un
héroïnomane) qui trouvera la mort à la suite d'un malentendu, on
ne peut pas dire qu'Alain Bonnot ait choisi de faire les choses à
moitié.
Bien
que Une Sale Affaire
démarre de manière tout à fait classique, le récit s'enfonce peu
à peu dans une certaine noirceur. Sans doute pas aussi profonde que
celle du nihiliste Série Noire
d'Alain Corneau, mais tout de même. On aura rarement vu cas aussi
concret.
Bien
ancré dans son époque, Une Sale Affaire
est un polar à l'ancienne avec son cortège de seconds rôles. On y
croise en effet les acteurs Patrick Bouchitey, Etienne Chicot,
Jean-François Dérec, ainsi que la future star de Greystoke,
la Légende de Tarzan
que l'acteur Christophe Lambert tournera trois ans plus tard. Quant à
Julia, la sœur d'Hélène et Bernard, son époux adultère, ils sont
respectivement interprétés par Agnès Château et Bernard Crommbe.
Difficile
de rester insensible au charme envoûtant de Marlène Jobert. Et même
si au sens propre, l'actrice ne se met pas à nu, le personnage
qu'elle incarne est relativement touchant. Fragile face aux
responsabilités que lui met entre les mains ce flic un brin
débonnaire, foncièrement sympathique mais intransigeant lorsqu'il
s'agit d'arriver à ses fins. Les deux personnages, admirablement
incarnés par les deux interprètes nouent une relation assez
particulière. Sans jamais les montrer ouvertement attachés l'un à
l'autre, le charme opère cependant entre ces deux individus qui
n'ont pas grand chose en commun si ce n'est leur rapport à la drogue
(le premier mène une croisade contre les trafiquants tandis que le
beau-frère de la seconde est accro à l'héroïne). Peu à peu le
film prend des teintes beaucoup plus sombres qu'au départ. Ce qui
n'aurait pu être qu'un petit film policier sans prétention se
transforme en polar aussi noir que la nuit qui entoure Hélène et
Novak lors d'un final pas vraiment optimiste.
Une Sale Affaire
est donc une très bonne surprise. Marlène Jobert y est aussi
fragile qu'émouvante. Tout comme Victor Lanoux qui incarne un flic
divorcé, attachant, le cinéaste laissant planer le mystère en ne
révélant pratiquement rien de sa vie privée. Le long-métrage
d'Alain Bonnot est de ces œuvres qui laissent un sentiment emprunt
de morosité. Une conclusion en demi-teinte qui ne choisit aucun
parti entre happy
et bad end.
Une histoire simple, sans fioritures inutiles... Une belle réussite
de la part d'un cinéaste qui malheureusement ne refera parler de lui
au poste de réalisateur qu'à une seule autre occasion...
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