En 1990, le célèbre
magazine américain Fangoria
consacré au cinéma fantastique, d'horreur et d'exploitation
créait la branche Fangoria
Films afin
de financer et de produire des projets cinématographiques. Cette
nouvelle activité ne durera malheureusement (?) que le temps de
trois longs-métrages, chacun réalisé à un an d'intervalle. Le
premier d'entre eux vit le jour cette même année. Il s'agissait de
Mindwarp (qui
sortit en dehors de son propre territoire sous le titre
Brain Slasher),
et fut notamment interprété par Bruce Campbell et Angus Scrimm. Le
second fut Children of the Night
de Tony Randel et interprété par Karen Black, et le dernier, celui
qui nous intéresse à présent, fut The Thing
(qui
à l'origine était connu sur le territoire américain sous le tire
Severed Ties).
Connu pour avoir participé en tant que réalisateur à l'adaptation
télévisuelle du film de Joe Johnston Chérie,
j'ai Rétréci les Gosses,
le cinéaste Damon
Santostefano tournait en cette année 1992 une minuscule production au budget
étriqué sous un nom qui aurait pu généré nombre d'amalgames
puisque son The Thing
aurait pu alors être confondu avec son homonyme de grande classe
réalisé dix ans auparavant par John Carpenter. Pas grand chose en
commun donc entre les deux longs-métrages si ce ne sont les membres
mutants qui apparaissent à diverses occasions durant le récit. Des
effets-spéciaux qui sont l’œuvre du groupe KNB EFX créé quatre
ans plus tôt par le maquilleur Greg Nicotero (futur réalisateur de
plusieurs épisodes des séries estampillées 'The
Walking Dead'.
Lorsque
débute The
Thing,
durant un très court instant, le spectateur pourra avoir l'étrange
impression d'y retrouver le personnage créé à l'origine par
l'écrivain Howard Phillips Lovecraft et mis en image par le
cinéaste Stuart Gordon en 1985 sous le titre Re-Animator.
En effet, grâce à la blouse blanche qu'il endosse et la paire de
lunettes qu'il porte sur le nez, Harrison Harrison rappelle
(in)volontairement le docteur Herbert West. Et la comparaison ne
s'arrête pas là puisque ce jeune homme très proche de sa maman (on
devine très rapidement qu'ils entretiennent une relation
incestueuse), est un scientifique développe un plasmide devant
permettre la repousse des membres amputés. Et devinez de quelle
couleur est la substance ainsi produite ? Jaune fluorescent.
Oui, tout comme le classique gore de Stuart Gordon. On pourra même
pousser le vice à comparer le Dr Hans Vaughan au Dr Carl Hill dans
sa volonté de vouloir s'approprier les travaux du jeune
scientifique.
Mais
que le public se rassure, la comparaison s'arrête là. Car en tout
autre point, le film de Damon
Santostefano est infiniment inférieur à celui de Stuart Gordon. KNB
EFX a beau être connu des plus anciens des fans de cinéma
fantastique et d'horreur, le résultat à l'écran est grandement
indigeste. Les effets-spéciaux se résument à quelques bras mus par
une existence qui leur est propre, le cinéaste usant de subterfuges
(cadrages et coupes) pour cacher la médiocrité du travail effectué
par KNB EFX . Ce qui peut attirer le spectateur au premier abord ,
c'est la présence au générique de l'acteur Oliver Reed dont les
amateurs de frissons et de cinéma en général se rappelleront de
ses saisissantes incarnations dansThe
Devils de
Ken Russell, >Chromosome
3
de David Cronenberg, ou encore dans Burnt
Offerings
de Dan Curtis. Au vu du résultat obtenu par Damon Santostefano, son
équipe technique, et ses interprètes, on peut objectivement se
demander ce qu'est venu faire l'acteur dans cette galère si ce n'est
engranger quelques billets verts.
On comprend mieux par contre,
pourquoi Fangoria
Films
n'a pas perduré dans la fonction de productions et de financement.
Le résultat obtenu par Damon Santostefano. En effet, à tous les
niveaux, The
Thing ressemble
à ce qui se fait de pire en matière de film d'horreur. Cette
comédie mélangeant humour et horreur ne fait ni sourire, ni peur.
Le sujet, bien qu'à la base plutôt intriguant se révèle en
réalité extrêmement poussif. Déjà mal joué et mal réalisé, le
doublage en français pousse le bouchon un peu plus loin en offrant
le pire. Les doubleurs sont d'un amateurisme qui plombe le peu
d'intérêt qu'aurai pu encore revêtir le film de Damon
Santostefano. Le plus triste dans toute cette histoire, c'est d'y
voir un Oliver Reed se noyant dans un rôle insipide et grotesque
tandis qu'il avait pu briller dans tant d'autres longs-métrages.
Même bourré, même défoncé, même entre potes, je ne vois pas
comment The
Thing pourrait
divertir quiconque. En fait, si ! Le film de Damon Santostefano
remplit son cahier des charges : c'est en effet, UNE HORREUR !!!
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