Au lendemain d'une
journée richement accomplie dans la capitale au bras d'Anna, c'est
en sa compagnie et en celle de mes parents que je franchissais dès
17h45 les portes du Cinéma Etoile Cosmos de la charmante
petite ville de Chelles en Seine et Marne, plus de trente ans après
y avoir usé le même fauteuil durant sept jours consécutifs. Sept
séances qui devinrent en 1985, une messe quotidienne où fut honorée
par sa présence à l'affiche, le cultissime Retour des
Morts-Vivants
de Dan O'Bannon. Trente-trois ans plus tard, et Dan O'Bannon mort et
enterré depuis presque dix ans, c'est la suite de Neuilly
sa Mère !,
sorti en 2009 qui nous fit pousser tous les quatre les portes de ce
cinéma où adolescent, j'avais commencé à apprendre ce qu'était
le septième art. De Neuilly sa Mère !,
curieusement, je ne garde que quelques vagues souvenirs. Celui
d'avoir passé un agréable moment en compagnie d'Anna, mais cette
fois-ci, au MEGA CGR de Narbonne. De l'histoire et de ses
interprètes, par contre, rien de bien clair ne fut retenu par ma
mémoire, malheureusement défaillante. C'est donc presque vierge de
toute référence que je pénétrais dans un lieu qui malgré les
nombreuses années qui me séparaient de mon précédente, n'avait
pas tant changé que ça.
Après
une batterie de réclames et de bandes-annonces, cette salle dont le
point commun qui la raccordait avec celle de la veille demeurait dans
la rareté des spectateurs nous plongea dans l'obscurité. Et là
encore, aucun souvenir ne ressurgit. Pas même grâce au
récapitulatif du précédent volet aidant à remettre le récit dans
son contexte. De toute manière, pour les personnages, le temps ayant
passé aussi lentement que pour celui séparant les deux volets, voir
Neuilly sa Mère !
avant ce deuxième volet sobrement intitulé Neuilly
sa Mère, sa Mère ! ne
se révélait finalement pas indispensable.
Le
cinéaste ayant fort logiquement fait appel aux mêmes interprètes
que dans le premier volet, nous retrouvons donc Samy Seghir, Jérémy
Denisty, Joséphine Japy, mais aussi Valérie Lemercier, ou bien même
l'excellent Denis Podalydès dans un rôle qui au final ne lui ira
pas vraiment, cet acteur d’exception ayant sa place ailleurs et
surtout pas dans cette comédie beaucoup trop classique pour mériter
entrer au Panthéon de la comédie française. D'ailleurs, Neuilly
sa Mère, sa Mère !
commence assez tragiquement. Le film de Gabriel Julien-Laferrière
transpire d'abord le jeunisme jusque dans son générique. Résultat :
de grosses gouttes de sueur froide perlèrent assez rapidement au
sommet de mon crâne à la pensée que le film allait sans doute
déplaire à mes géniteurs (les quelques rires qu'ils allaient
exprimer plus loin finiraient cependant de me rassurer).
Le
cinéaste choisit de plonger ses interprètes durant l'élection
présidentielle de l'année 2017. Nous y retrouvons Sami, Stanislas,
Djamila (désormais incarnée par l'actrice Sophia Aram), Brigitte,
Marie, mais également le père Dinaro (interprété par le savoureux
François-Xavier Demaison). Mais sans doute, celui qui tire le mieux
son épingle du jeu, c'est le jeune Jéméry Denisty qui dans la peau
de Charles s'offre une performance irrésistible. Désormais, les
rôles sont inversés. Alors que dans le premier volet Sami quittait
la cité Maurice-Ravel
à
Chalon-sur-Saône pour Neuilly-sur-Seine, c'est désormais au tour
des de Chazelle de s'inviter dans l'appartement de Sami, dans la cité
Picasso à Nanterre. Neuilly sa Mère, sa Mère !
repousse alors les limites de la caricature et de la gaudriole. Le
père de famille incarné par Denis Podalydès, victime d'un scandale
financier, va se retrouver à fumer la chicha et porter la djellaba
en compagnie des jeunes du quartier où il vit désormais en
compagnie des siens tandis que son fils Charles devra faire de
drastiques concessions s'il veut un jour espérer grimper dans la
voie hiérarchique politique.
Alors que l'un chute, et que l'autre
grimpe peu à peu au sommet, les scénaristes Djamel Bensalah et Marc
de Chauveron imaginent tout à un tas de situations et de
personnages, transformant le récit en un bordel qui heureusement
saura peu à peu élaguer les branches inutiles. En effet, la
présence de la pourtant excellente Valérie Lemercier est totalement
anecdotique, et les scènes incarnées par Denis Podalydès peu
amusantes. En réalité, seuls les personnages interprétés par Samy
Seghir et Jérémy Denisty justifient l'existence du long-métrage de
Gabriel Julien-Laferrière. Si le film est loin d'atteindre le
niveau de certaines comédies sorties cette année (Le
Retour du Héros,
Tout le Monde Debout),
il réserve cependant son lot de passages relativement drôles. On
passe davantage de temps à sourire qu'à rire aux éclats mais
Neuilly sa Mère, sa Mère !
reste sympathique à regarder. Une suite dont l'existence restera
cependant à justifier. Le spectateur notera la présence de Josiane
Balasko dans le rôle de Madame Bachelot, de Jacky Berroyer dans
celui de Ricoeur, ou bien encore de Julien Courbey dans la peau du
voisin musulman Jérôme...
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