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lundi 20 août 2018

Séjour à Paris... (première partie) : Under the Silver Lake de David Robert Mitchell




Petit séjour parisien du mercredi 15 au samedi 18 août. Un minuscule passage dans la capitale et à Chelles en région parisienne histoire de se ressourcer un peu, de revoir les parents, et d'aller au cinéma à l'occasion. Après avoir passé la matinée à expérimenter quelques curieuses 'machines' du Palais de la Découverte le lendemain de notre arrivée, Anna et moi avons marché le long de l'avenue des Champs Élysées. Qui n'a jamais foulé l'un des trottoirs de cette célèbre rue menant jusqu'au fameux Arc de Triomphe ne peut concevoir la largeur de cette artère fourmillant d'une population hétéroclite composée de locaux et de touristes. Même les cytlochards qui arpentent les trottoirs n'y ressemblent à aucun autre. Il n'y a guère que ceux croisés en Islande pour parvenir à nous détourner de notre objectif premier. C'est en prenant le chemin de l'Arc de Triomphe que nous sommes tombés nez à nez avec le cinéma UGC NORMANDIE, accolé au célèbre LIDO. Une entrée qui finalement ne payait pas de mine contrairement au prestige qui entoure ce cabaret de renom international. Le LIDO ignoré comme s'il ne s'agissait que d'un vulgaire boui-boui, c'est la présence du dernier long-métrage de David Robert Mitchell, auteur de l'excellent It Follows en 2014 qui retint mon attention. Vu l'excellente réputation que se traînait Under the Silver Lake, il fallait avoir une case en moins pour passer son chemin sans avoir envie de s'enfermer dans une salle obscure climatisée deux heures et quinze minutes durant alors que dehors le mercure annonçait plus de trente degrés. Après une glace vite avalée (pour moi) et un chocolat chaud qu'Anna savoura jusqu'à la dernière goutte, nous avons marché au hasard des rues de la capitale jusqu'à ce que notre montre indique 15h30, soit une demi-heure avant que ne débute la séance. Revenus sur nos pas jusqu'au UGC NORMANDIE, nous avons acheté nos places, pris quelques friandises et boissons, et avons pénétré une salle baignée d'une étrange obscurité. La musique diffusée par les hauts-parleurs et les fauteuils vintage nous ont transporté vers le passé. J'eus presque la sensation de revivre l'étrange spectacle créé par David Lynch, cette drôle de mini-série intitulée Rabbits, tout en y étant cette foi-si, directement impliqués Anna et moi.

Noir

Il paraît que le dernier David Robert Mitchell contient bon nombre de références cinématographiques. J'imagine que dans ce très intéressant jeu qui consiste à dénicher telle ou telle influence, chacun pourra puiser dans ses propres connaissances cinématographiques. De mon point de vue, l'une des références majeures qui semblent avoir marqué le réalisateur et son œuvre, c'est David Lynch. Car comment ne pas voir dans ce récit touffu, parfois alambiqué, et souvent parcouru de séquences fascinantes, le travail de ce génie du septième art qui tarde malheureusement à revenir sur le devant de la scène cinématographique ? 
Il y a du Blue Velvet dans le dernier film labyrinthique de David Robert Mitchell. Sam (Andrew Garfield) mène effectivement une enquête similaire à celle de Jeffrey Beaumont (Kyle MacLachlan). Les personnages qu'il y croise y sont tous des noctambules barrés qui flirtent avec le surréalisme. Le film prend alors à son tour des allures de rêve ou de cauchemar éveillé, son principal personnage s'enfonçant peu à peu dans les sombres couloirs d'un Los Angeles abandonné aux mains d'une jeunesse excentrique et dorée. La différence essentielle entre l’œuvre de David Robert Mitchell et celle de David Lynch se situe au niveau des individus qui croisés chez l'auteur de Eraserhead, ont des allures de rednecks urbains tandis que ceux de l'auteur de It Follows s'enorgueillissent d'une certaine maturité culturelle et intellectuelle à laquelle semble vouloir s'ajouter le personnage de Sam (excellent Andrew Garfield). Outre des plans d'une beauté effarante, et des séquences d'une profonde noirceur, David Robert Mitchell dresse le diagnostique d'une cité en proie aussi bien à la schizophrénie qu'à la paranoïa. Le meilleur exemple demeure dans ce personnage admirablement incarné, reclus dans une demeure à l'anodine apparence si ce ne sont les barreaux derrières lesquels se planque sont propritaire, l'un des points d'orgue d'un récit tournant autour d'une théorie du complot dont les nombreuses ramifications réserveront des surprises de taille aux spectateurs en quête de récits policiers.

Surréaliste et mystique, Under the Silver Lake semble également puiser dans le cinéma du génial Alejandro Jodorowsky. Rappelant aussi bien le cultissime El Topo que le chef-d’œuvre La Montagne Sacrée, tous deux signés du chilien. Le film de David Robert Mitchell brasse donc une... montagne d'influences. C'est ainsi que l'on y croisera notamment l'acteur Don McManus dans la peau de l'un des adeptes d'un culte fort étrange. La musique elle aussi paraît avoir inspiré le cinéaste puisque l'acteur australien Luke Baines y est présent dans la peau du leader du groupe 'Jésus et les fiancées de Dracula', et dont les œuvres font référence au hard-rock sataniste dont certains morceaux ont la réputation de receler des messages sataniques mis à jour lorsque le fan de métal passe le disque à l'envers.

Si ces références, et toutes celle qui me prendraient bien trop de temps à énumérer ont servi avantageusement David Robert Mitchell, malgré l'immense talent de ce cinéaste âgé de 44 ans, Under the Silver Lake atteint ses limites lorsque l'on étudie chaque scène indépendamment les unes des autres. Si au sortir de la salle de cinéma on ne peut qu'être conquis par le résultat d'une œuvre hors norme, les sources d'inspirations cinématographiques du réalisateur lui demeurent infiniment supérieures. Dans la longue liste des œuvres ayant (ou pas) inspiré le cinéaste, sans doute seul David Lynch pourra se satisfaire du résultat obtenu par ce poulain inattendu. Moins tordu, moins complexe, et peut-être moins admirablement 'incarnée', c'est au cinéma de ce génie du septième art que l’œuvre de David Robert Mitchell semble pourtant la plus fidèle. 
Under the Silver Lake permet aussi et surtout grâce à la démarche de son auteur de remonter le fil d'un cinéma de l'étrange dans lequel auraient pu se croiser les auteurs déjà cités au dessus, mais bien d'autres encore : Terry Gilliam et The Fisher King, Les Frères Coen et Barton Fink (si, si), Dario Argento et Profondo Rosso, Pupi Avati et La Casa dalle Finestre che Ridono, et bien évidemment Alfred Hitchcock et Fenêtre sur Cour et son admirable et envoûtant clone réalisé par Brian de Palma en 1984, Body DoubleUnder the Silver Lake est un très bon long-métrage. Peut-être pas la claque à laquelle je m'attendais, mais un fichu frisson m'a parcouru durant de nombreuses séquences. Ce qui m'arrive relativement rarement pour que cela soit évoqué.

A suivre...

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