Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


jeudi 31 mai 2018

Death Wish d'Eli Roth (2018) - ★★★★★★☆☆☆☆



Il y a des films qui ont la malchance de sortir au mauvais moment. The Thing de John Carpenter n'a sans doute pas rencontré le succès qu'il méritait à sa sortie pour la simple et bonne raison qu'il fut écrasé par le poids de celle du E.T. L'Extra-Terrestre de Steven Spielberg. Et pourtant, si l'on compare les deux longs-métrage, l'amateur de science-fiction n'a pas l'obligation de préférer l’œuvre familiale de l'auteur de Duel (et d'une myriade de succès populaires) plutôt que celle, anxiogène et paranoïaque du papa de Christine, Fog, Le Prince des Ténèbres et consorts. Si Death Wish, qui est sorti aux États-Unis le 2 mars dernier, a joué de malchance, c'est parce qu'il fut précédé d'un drame qui a touché le pays tout entier : La fusillade de Parkland le 14 février 2018. Soit un peu plus de deux semaines auparavant. Alors, lorsque sort sur les écrans le remake de l'un des plus célèbres 'Vigilante films', forcément, les dents grincent et les critiques s'acharnent.
Mais si le film d'Eli Roth s'en est pris plein la gueule, encore faut-il voir si la fusillade qui causa la mort de dix-sept personnes dans le lycée Marjory Stoneman Douglas de Parkkand en est la seule responsable. Que vaut le film par rapport à l'original réalisé par Michael Winner en 1974, et que vaut-il en tant qu’œuvre indépendante ?

Pour commencer, il y a tout de même un point positif à mettre au crédit du film : plutôt que de faire du héros Paul Kersey un éternel architecte, Eli Roth transforme le personnage en chirurgien et expose ainsi l'homme à deux traits de caractère diamétralement opposés. D'un côté, nous avons celui qui sauve des vies. De l'autre, on a celui qui rode le soir et exécute froidement la lie de la société. Mais là où le bat blesse, c'est dans le choix du cinéaste d'omettre les difficultés que devrait ressentir son personnage, alors poussé par l'esprit de vengeance, à commettre des meurtres. Toute la difficulté, toute la douleur qu'il devrait normalement ressentir la première fois qu'il tue (n'oublions pas que son métier est de sauver des vies) sont absentes. Et même, pire que cela, Paul Kersey semble tirer une certaine satisfaction lorsqu'il visionne les vidéos publiées sur les réseaux sociaux par des inconnus (on le découvre effectivement souriant). Devenu héros national, les chaînes de télévision et les stations de radio relèguent chacun des méfaits de celui que l'on nomme désormais 'Le Bourreau'.
Eli Roth, que l'on a connu plus... 'sanguin' (Cabin Fever, Hostel), se révèle ici plutôt timide en matière de violence. Alors que Michael Winner dirigeait Charles Bronson dans une œuvre étonnamment nihiliste, Roth se montre parfois avare. Car à part quelques effets gore, il évite au spectateur d'assister au meurtre de Lucy, l'épouse de Kersey, Quant à sa fille Jordan, on la retrouve directement plongée dans le coma et non plus dans un état de catatonie, aux prises avec des mauvais démons prenant le visage de ses agresseurs.

Bruce Willis que l'on a connu en bien meilleure forme interprète un justicier beaucoup moins incarné que ne l'était Charles Bronson, son personnage se laissant presque griser par la renommée dont il bénéficie auprès d'une partie de la population. Quand au personnage campé par le toujours épatant Vincent d'Onofrio, on regrette qu'il n'ait tout simplement pas été davantage exploité à l'image. Apparemment pas là pour çà, le réalisateur de The Green Inferno en 2013 ne prend aucun parti, pas même celui de dénoncer la vente légale et libre des armes dans son pays. En même temps, Death Wish n'a pas la prétention de refaire le monde. Du moins espérons-le. En fait, le principal intérêt du dernier long-métrage d'Eli Roth demeure dans sa réactualisation d'un mythe que les plus jeunes ne connaissent peut-être pas et sur lequel ils auront, pourquoi pas, la curiosité de se pencher. Un film d'action sympa, sans plus. Quant à moi, je retourne redécouvrir le classique de Michael Winner...

mardi 29 mai 2018

Nous, Les Vivants de Roy Andersson (2007)



Elle est tourmentée, persuadée que personne ne l'aime. Pas même son compagnon, ni leur chien. Alors elle se réfugie dans un bar. Le lieu de rencontre des âmes perdues. Une gamine rêve de son mariage avec une idole du rock. Un autre d'une fête en famille où il ne connais personne. Un salon chic, mais vieillot. Une immense table sur laquelle est consciencieusement placée une vaisselle de plus de deux ans ans. Notre homme tente le coup de la nappe en rassurant la famille présente que leur bien ne court aucun risque. Il tire sur la nappe. Résultat des courses : la vaisselle s'écrase au sol dans un bruit fracassant. S'ensuit un procès, une condamnation à mort, une exécution. Mais rappelons-le, ceci n'est qu'un mauvais rêve. Ici on célèbre un événement. Là un quatuor répète avant qu'un terrible orage ne les dérange. Ailleurs un coiffeur dépressif massacre la chevelure d'un client sur le point de conclure un marché...

Un psychiatre, un facteur, des hommes d'affaires, des musiciens, etc... Tout ce petit monde nous livre ses joies et ses peines dans un univers statique où le mouvement n'a que très rarement l'occasion de s'exprimer. Des tableaux mis en scène par Roy Andersson, déjà auteur d'un très similaire Chansons du Deuxième Étage. On y retrouve ce même goût pour l'unité des couleurs. Des teintes blafardes qui se retrouvent jusque dans les visages tristes de ses personnages.

Le génie du cinéaste est de parvenir à maintenir l'attention du spectateur avec une économie spectaculaire. Du moins dans les gestes et dans les mouvements car les tableaux qui nous sont ici présentés sont exécutés avec un minutie extraordinaire. Le propos n'étant pas des plus joyeux, Nous, Les Vivants se permet quelques incartades féeriques particulièrement bienvenues.

Loufoque, le rêve menant son principal intervenant sur la chaise électrique est significative de cet forme d'humour atténué par le comportement des personnages mais pourtant, bien présent. Totalement décalé, surréaliste mais ô combien jouissif. Comme cette improbable voyage de noce des nouveaux époux à bord d'un immeuble tout entier qui passe par une voie de chemin de fer. Souvent grotesques, ses personnages sont aussi pathétiques. Jamais exemplaires en terme d'esthétisme, ils nous ressemblent davantage que les sempiternelles acteurs américains que l'on a l'habitude de croiser.

On retiendra le travail extraordinaire que continue d'effectuer Roy Andersson sur les décors, le placement des caméras et sur les couleurs fantastiques qui rendent éblouissants les tableaux ainsi crées de main de maître. Encore une belle réussite...






lundi 28 mai 2018

Vidéotopsie numéro 16 de David Didelot (Réédition)




Jouir de ce seizième numéro de Vidéotopsie revêt pour moi autant d'importance que d'avoir tenu entre les mains le numéro dix-huit consacré à la saga Amityville. Parce que Greydon Clark. Parce que Terreur Extraterrestre. Parce que ces deux seuls éléments me renvoient aux fabuleuses années quatre-vingt, et à cette journée fatidique où, enfermé dans l'appartement d'un ami puant l'urine d'une quinzaine de chats (l'appart, hein ! Pas mon ami), trois potes et moi avons découvert pour la première fois, cette petite bande de science-fiction horrifique qui l'air de rien, allait m’obséder durant le quart de siècle qui allait succéder à cette journée.
Ce seizième numéro sorti à l'origine en septembre 2015 offre un contenu toujours plus touffu, toujours plus éclectique, toujours plus passionnant. En préambule, David Didelot rend un très bel hommage à l'une des plus grandes icônes du fantastique dans son édito : l'immense et regretté Christopher « Dracula » Lee. Dès la quatrième page, on en vient aux choses tout aussi sérieuses et évidemment, tout aussi cruelles puisque Augustin « Rigs Mordo » Meunier (qui n'est autre que le Papa de l'excellent site Toxic Crypt) s'intéresse de très près à ces bandes qui ont disparu de la surface de la Terre, brûlées lors d'incendies, volontairement détruites, ou tout simplement abîmées par le temps... des film devenus invisibles, fruits d'un fantasme à jamais inassouvi, ravivé par un Augustin dont les connaissances en la matière donnent le vertige. En 22 pages, ce dernier donne le ton d'un numéro plein de promesses.

On poursuit ensuite avec les « Reviews bis ». un pavé lourd de quarante-six pages consacrées au cinéma bis, évidemment, sous toutes ses formes. Un condensé de ce que l'on pouvait dénicher durant l'âge d'or des vidéoclubs et dont il ne reste malheureusement guère plus que les rédacteurs du fanzine que je tiens entre les mains pour nous faire revivre ces heures de gloire où mettre la main sur une jaquette sexy et (ou) débordant d'hémoglobine était le but recherché.
Dans ce numéro 16, les rédacteurs Laurent Dufour, David Didelot, Frédéric Durand, Simon Laperriere, Didier Lefevre, Michel Tabbal, Aristide Fouchtra, Yohann Chanoir, Adrien Vaillant, Christophe Gaquiere, Augustin Meunier, Patrick Callonnec et Jérome Pottier nous font voyager à travers la planète. Le voyage débute en France avec un film adapté d'un ouvrage de Kurt Steiner, et l'on croisera ensuite la route de Brigitte Lahaie et d'Anny Duperey, cette dernière étant alors confrontée à un démon de pacotille dans le pourtant sympathique Le Démon dans l'Île de Francis Leroi. Ensuite direction l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie, le Japon, le Royaume-Unis, la Corée du sud, la Chine, les Philippines, le Brésil, et même les États-Unis auxquels une large place est offerte. Viol, tortures, sexe, Diable, Giallo, Post-apocalyptique, mélange improbable des genres, vampirisme (ici, la partie de Yohann Chanoir avec pas moins de trois films), cannibales, zombies, SS (!!!), inquisition (excellent article de Christophe Gaquiere consacré à La Marque du Diable), pseudo-exorciste, crabes meurtriers, et plein d'autres choses encore avec, après le porno de Ferrara dans le précédent numéro, celui de William « Maniac » Lustig, The Violation of Claudia. De quoi ne surtout pas mourir idiot !!! Petite mention spéciale pour l'article d'Aristide Fouchtra consacré à L'Amour au Club, provoquant d'énormes éclats de rire (les murs de mon salon en tremblent encore).

L'article suivant, lui, Claude Gaillard l'a consacré au cinéma du producteur, scénariste et réalisateur américain Fred Olen Ray. Un type qui réalisa beaucoup plus de longs-métrages qu'il ne m'était autorisé à penser jusqu'à la lecture de ce très enrichissant quatuor de pages nous apprenant notamment que le bonhomme fut un adepte de la 'démerde' lorsqu'il s'agissait d'utiliser des décors réservés sur plusieurs jours pour non pas un seul long-métrage, mais deux. De quoi optimiser le rendement et réduire la facture. Sacré Fred, auteur du cultissime Hollywood Chainsaw Hookers dans lequel jouait la band[CENSURE]te Linnea Quigley du Retour des Morts-Vivants de Dan O'Bannon.

Patrick Callonnec s'entretient ensuite avec Véronique Djaouti Travers, la plus proche assistante du cinéaste français Jean Rollin, si bien cachée dans l'ombre qu'elle demeurait jusque là inconnue de votre serviteur. Une approche particulièrement originale en forme d'interview aux questions courtes mais aux réponses vertigineusement longues prouvant la grande passion de cette fidèle photographe de plateau, assistante réalisatrice et actrice à l'occasion. Une rencontre et une passion dont nous fait profiter Véronique durant les quelques vingt pages suivantes. D'autant plus que comme l'indique le titre de cet article (Dans l'ombre de Jean Rollin) et contrairement à ce que certains (dont moi) pourraient croire au premier abord, ce long partage est avant tout centré sur la personnalité de Véronique qui apparaît alors d'une grande sensibilité et très loin d'être attirée par la lumière (d’où sa propension à se tenir dans l'ombre du cinéaste). On en apprend davantage sur l'une et sur l'autre. De leur rencontre en 1990, démarrant par la lecture de deux ouvrages de Jean Rollin (les amateurs de feu la collection Frayeurs connaissent forcément les romans vampiriques du bonhomme), leur première collaboration 'téléfilmique' à laquelle l'on raccrochera l'épouvantable expérience avec un producteur véreux, jusqu'à la participation de Véronique en tant qu'actrice sur plusieurs tournages que la jeune femme vécu avec beaucoup de difficultés. Au fil de l'interview, on s'attache à ce personnage, pendant féminin d'un Jean Rollin tellement confiant qu'il désira lui confier l'administration de sa société de production, Les Films ABC. Passionnante de bout en bout, cette longue entrevue avec Patrick Callonnec nous offre pour la première et peut-être unique fois l'opportunité d'en savoir un peu plus sur la plus proche collaboratrice de Jean Rollin...

Passionnant de bout en bout, oui, mais aussi émouvant à en verser des containers de larmes, et sans nul doute la pièce maîtresse de ce Vidéotopsie numéro 16. Un climat de nostalgie que l'on aura pourtant peut-être du mal à retrouver lors de la seconde interview, toujours effectuée par Patrick Callonnec, se penchant cette fois-ci sur la monteuse Janette Kronegger. L'intitulé de cet article demeure toujours le même mais trompe quelque peu sur la marchandise puisque Jean Rollin n'y est effectivement évoqué que très superficiellement.

Après un très intéressant journal de bord retraçant le contact qu'eut Christian Valor avec la légendaire actrice suédoise Christina Lindberg du non moins cultissime Thriller (Michael Jackson n'ayant rien à voir dans cette affaire) durant un séjour de quatre jours à Paris, David s'entretient quant à lui avec BB Coyotte, un amateur de punk-rock qui très vite désertera le cercle familial pour voler de ses propres ailes (vu le comportement de son père, volage, et de ses grands-parents, pétainistes, on comprend aisément). Direction l'Angleterre, et découverte, comme le bonhomme l'exprime lui-même, du « punk, du reggae, du ska, du hard rock, et des cheveux oranges et verts »...
C'est une véritable plongée au cœur des années quatre-vingt auquel le lecteur a droit. BB Coyotte partage son expérience britannique, ses rencontres humaines et ses découvertes musicales. Puis retour en France. Les concerts, les associations, de nouveaux contacts, et l'étonnant récit rattachant les tatouages dont une partie de son corps est recouverte. David questionne BB Coyotte sur d'autres domaines, permettant ainsi de découvrir un homme qui derrière son look de... néo-métalleux se révèle attachant et surtout très proche de l'image que certains d'entre nous se faisaient à l'époque (les années quatre-vingt) du type sachant faire la fête tout en conservant un certain sérieux lorsqu'il s'agissait de mettre les mains dans le cambouis. Je sais pas si je suis clair !!! L'interview est accompagnée de diverses planches de dessins effectués par BB Coyotte lui-même.

Pour clore ce seizième numéro de Vidéotopsie, les rubriques habituelles Et Pour Quelques Infos de Plus et un Rayon Fanzines assez touffu. En troisième de couverture, David Didelot n'oublie pas de rendre un dernier hommage à l'immense Christopher Lee en lui offrant une pleine page. Comme d''hab', un numéro indispensable pour tout amateur de cinéma bis et pour les autres également. Et pourquoi pas, peut-être David et son équipe auront-ils éveillé quelques consciences trop obtuses dénigrant habituellement le genre qui nous intéresse ici ?

à suivre, Vidéotopsie numéro 17 (Réédition)

Mouarf ! Moi qui ouvrais cet article sur Greydon Clark, j'allais oublier d'en parler. Comme si cette obsession vieille de plus de vingt-cinq ans avait de plus, provoqué comme une amnésie partielle à la lecture de cet ouvrage de référence en matière de cinéma bis. Greydon Clark, alors, oui, bien entendu, le bonhomme derrière Terreur Extraterrestre et son immonde suite The Return (enfin, il parait que c'est la suite), et du plus infâme encore, Le Clandestin (et pourtant, Dieu sait que j'aime les chats). Une filmo que je ne croyais pas si touffue, si hétéroclite, et un cinéaste apparemment acquis à la cause féministe et anti-raciste. Un type très bien au final. A tel point qu'on lui pardonnera une filmographie en dents de scie. Merci à Thomas Roland pour cette biographie consacrée à un cinéaste que les amateurs de séries B connaissent forcément...

All Night Long - Ooru naito rongu de Katsuya Matsumura (1992) - ★★★★★★☆☆☆☆



Précédé d'une sulfureuse réputation, All Night Long ( Ooru naito rongu) est le premier long-métrage d'une saga de six films et le premier du cinéaste japonais Katsuya Matsumura. Ce dernier est également l'auteur de Joshikōsei konkurīto-zume satsujin-jiken, l'un des quelques longs-métrages à avoir abordé le difficile cas de Junko Furuta, une lycéenne de 16 ans, séquestrée, violée, humilié et tué en 1988 par quatre adolescents.
Pour son premier film, le cinéaste s'intéresse déjà à la jeunesse désargentée de son pays. Il y a déjà dans ce portrait de trois jeune garçons de milieux différents mais unis après avoir été les témoins d'un meurtre horrible, les prémices des actes qui seront perpétrés par les individus de son second long-métrage. La naissance du mal. L'agneau se muant en loup.
Suzuki Kensuke, Saitô Shinji et Tanaka Tetsuya sont désormais unis. Trois amis, trois frères, qui après le meurtre d'une inconnue se sont juré une amitié sans faille. Trois être de milieux sociaux différents. Trois étudiants dont l'un, le plus aisé, propose à ses amis une petite fête le soir du mardi à venir. Ses deux nouveaux amis acceptent. Chacun cherche alors de son côté celle qui l'accompagnera à cette soirée. Le premier est trahi par un camarade qui lui avait promis de l'aider à trouver une copine. Le second tombe sur une misandre qui lors d'un rendez-vous, l'attache au grillage d'une usine et l'abandonne sur place. Quant au troisième, le moins 'chanceux', lui et sa petite amie sont attaqués par une bande de voyous qui la violent devant lui, puis la tuent. Pour les trois garçons, l'heure est venue de se venger. Mais alors que l'un d'entre eux croyait que le fusil qu'il emportaient avec eux était chargé à blanc, son propriétaire l'a en réalité chargé à balle réelles...

Une chose est certaine, All Night Long ne laisse pas indifférent. Tout le problème étant de savoir si l’œuvre de Katsuya Matsumura mérite sa réputation. La réponse est... non. Le long-métrages est violent, désespéré, et l'issue y est fatale. Mais bien que l'évocation de cette jeunesse mue par le désir de venger le viol et la mort d'une jeune adolescente, et par là même de faire payer aux autres leur propre injustice, reste un sujet délicat, le traitement y est particulier. Prenant la forme du Drama japonais, le film demeure assez compliqué à définir en terme de qualité au vu d'une mise en scène et d'une interprétation qui n'appartiennent qu'au cinéma asiatique. Il y a en effet dans le jeu de ses principaux acteurs, une théâtralité parfois si exagérée qu'elle décrédibilise et désamorce le sentiment d'effroi que l'on aurait dû normalement ressentir. Si en Asie le film a sans doute eu l'effet escompté, on rêve de ce qu'aurait pu en faire un cinéaste avec des techniques toutes occidentales.

Pourtant, All Night Long conserve sa valeur de témoin d'une jeunesse à la dérive pas si éloignée que cela des quelques sordides faits-divers qui ont notamment endeuillé les États-Unis et que certains cinéastes ont merveilleusement mis en images (Elephant de Gus Van Sant). Le long-métrage de Katsuya Matsumura témoigne également des conséquences psychologiques que peuvent avoir certains actes. Ici, la vengeance est telle que l'on se demande dans quelle mesure nos trois héros ne sont pas devenus pires que leurs agresseurs. Au final, All Night Long n'est pas le traumatisme auquel nous aurions pu nous attendre. Par rapport au Concrete du cinéaste Hiromu Nakamura, il se révèle beaucoup moins marquant. A voir tout de même...

vendredi 25 mai 2018

Vidéotopsie numéro 15 de David Didelot (Réédition)




Les numéros 15, 16 et 17 de l'indispensable fanzine du tout aussi précieux David Didelot, le bien nommé Vidéotopsie, ressortent pour ceux qui auraient eu l'outrecuidance de les ignorer lors de leur première parution. Ouvrages d'une indéfectible fidélité envers le cinéma bis, Mister Didelot et ses collaborateurs reviennent avec dans leurs bagages, des connaissances foudroyantes dont eux seuls semblent avoir le secret. Trois rééditions, et donc, trois articles pour ne pas faire dans le succinct et leur rendre hommage à tous (les trois numéros et leurs auteurs). Laissez tomber le Mad Movies du mois de Mai, n'achetez même pas le hors-série consacré au monumental 2001, l'Odyssée de l'Espace, livré sans jumelles (la police de caractère est trop petite, trop irrespectueuse envers ceux qui d'entre nous, perdent la vue au fil des ans), et jetez-vous, pour commencer et à corps perdu, sur le numéro 15, son affriolante couverture 'soutirée' au long-métrage Annie ou la Fin de l'Innocence, et sur les nombreuses pépites dont regorge son contenu. Annie Belle ? Késako ? Une actrice française presque entièrement acquise à la cause du cinéma bis italien, offrant sa superbe plastique a des cinéastes dont le nom finissait généralement en I ou en O. Remarquable écriture, comme d'habitude, certains chroniqueurs recourant parfois à une prose très revigorante (Aristide Fouchtra pour son intervention lors du génial paragraphe intitulé Soyons un peu sérieux ! consacré à la Belle...).
Pour parfaite un dossier long de vingt sept pages rempli de photos nous faisant bénéficier des jolies courbes d'Annie Belle, David Didelot lui-même s'attarde un long moment sur Vicieuse et Manuelle, dans lequel on retrouve donc l'égérie de ce quinzième numéro de Vidéotopsie. Tout, tout, tout, vous saurez tout sur sur la Belle Annie : le résumé, une critique par le maître des lieux, une fiche détaillant la production, la réalisation, le scénario et tout ce qui compose l'aspect technique d'un film normalement constitué. De la bien bel ouvrage par un David Didelot en grande forme. Rien que pour ces cinquante premières pages (un peu moins puisqu'il faudra y soustraire la très légitime autopromotion faite à l'attention du déjà cultissime ouvrage de David, GORE, Dissection d'une Collection), les fans de l'actrice auront de quoi se divertir pendant un long moment et les autres, de quoi s'instruire...

Viennent ensuite les Reviews Bis. Avec son lot de produits estampillés bis, cette section a de quoi réjouir les défricheurs qui ici, trouveront matière à se lancer dans l'aventure du net afin d'y déloger la petite quinzaine de longs-métrages présentés. Au programme : un duel entre grosse bête à poil et créature à écailles, Un WIP provenant directement d'Asie (cui-là, je l'ai vu!), de la guerre sud-coréenne, du zombie taïwanais (vu également), un soupçon de Franco, et d'autres réjouissances encore, dont un diptyque qui ferait baver n'importe quel amateur d'OFNI (terme usité et apparemment justifié dans cette chronique) mais qui, malheureusement risque de demeurer invisible dans la langue de Molière. Reste que la lecture du double article consacré aux deux volets des Cannibal Mercenary donne très envie que l'on s'y attarde (d'après l'auteur Adrien Vaillant, le premier serait d'ailleurs disponible dans un montage bordélique mais complet sur Youtube). Petite émotion supplémentaire à la lecture de la chronique consacrée au premier long d'Abel Ferrara. Jamais vu mais, Jérôme Pottier éveillera sans doute la curiosité des amateurs de ce grand cinéaste de l'underground qui depuis quelques années (beaucoup trop à mon goût) s'est un peu trop éparpillé.

En complément des trois volets littéraires de la trilogie Hurlements de Gary Brandner parus dans la fabuleuse collection GORE chez Fleuve Noir (et décortiqués dans l'anthologie de David), Thomas Roland nous gratifie ensuite d'un dossier complet et très instructif sur la saga éponyme constituée de huit longs-métrages dont les trois premiers eurent les honneurs d'une sortie cinéma.

N'ayant pas pour principe de faire comme les autres (Mad Movies et consorts), les rédacteur de Vidéotopsie continuent au fil de dizaines et de dizaines de pages, de proposer du contenu inédit, qui même s'il aborde des sujets d'un temps plus ou moins reculé, apporte en même temps une réelle fraîcheur. Celle de l'inédit évoqué, justement. Patrick Callonnec, car il s'agit bien de lui, nous propose un entretien avec le 'Dark Prince of Cult', le réalisateur Leon-Paul de Bruyn, lequel revient sur son parcourt ainsi que sur la genèse de son film Maniac Nurses. Un programme qui nous transporte en partie dans le légendaire univers de Lloyd Kaufman et Michael Herz, les deux fondateurs de la cultissime boite de production Troma (The Toxic Avenger pour leur plus célèbre bobine, jusqu'au traumatisant Combat Shock, réponse gore au Taxi Driver de Scorcese). Une interview passionnante qui, une fois encore, permet à son auteur de mettre à jour un artiste peu (ou pas) connu du grand public.

Arrive ensuite la rubrique 'Cinéma Amateur (et à Mater)' dont les quelques critiques (au nombre de trois) mettront l'estomac des amateurs de sensations en appétit. Pour commencer, Lust Murders de David Marchand, un court-métrage en forme de mise en bouche pour un long-métrage à venir paraît-il, notamment visible sur la plate-forme Vimeo pour ceux qui aimeraient se faire une idée sur ce tout petit film lorgnant du côté d'un grand 'Shocker' texan des années soixante-dix, et plus ouvertement d'un certain Henry, de triste mémoire (évocation du tueur en série Henry Lee Lucas et de ses 250 meurtres avoués). Puis Thrash Girls de Patrice Herr Sang, anthologie de cinq court-métrages dont le titre promet déjà à lui seul tout un programme. Pour terminer, et demeurant sans doute parmi ces trois propositions comme la plus intéressante, les dix-sept minutes de La Quatrième Nuit des frères Stéphane et Vincent Leroux feront sans doute vibrer de désir les ufologues curieux de découvrir un produit estampillé 'Rencontre du 3ème Type' apparemment bien trippant (visible sur Youtube en très bonne qualité vidéo)...

S'ensuit une interview de Patrick Viguier, fan de Kiss absolu et fondateur à lui seul du 'KISS Private Museum'. Pour les non-fans (comme moi), ça pourrait passer pour une mauvaise plaisanterie mais, non, le bonhomme est sérieux et au fil de l'interview on ressent la grande cohérence de l’œuvre de cet amateur de métal et d'horreur qui, comble du bon goût, possède l'intégralité des 120 volumes (118 + le hors-série grand format + Le Bel Effet Gore) de l'indétrônable référence en matière de GORE, la fameuse collection éponyme sortie chez Fleuve Noir. Merci à David pour avoir eu l'idée de s'entretenir avec Patrick Viguier, un Geek dans le bon sens du terme...

On termine ensuite avec deux rubriques courantes et non moins passionnantes. 'Et Pour Quelques Infos de Plus' et 'Le Rayon Fanzine' histoire de rappeler à celles et ceux qui ne le sauraient pas encore que le monde du fanzinat est une toile d'araignée qui ne s'arrête pas au seul Vidéotopsie mais que d'autres érudits partagent également depuis bien des années, leur passion pour le cinéma, la musique, et l'art sous toutes ses formes...

Au final, on tient avec ce quinzième numéro de Vidéotopsie, l'un des chapitres essentiels de l'histoire de l'un des plus importants fanzines consacrés au cinéma bis. Comme à leur habitude, les douze rédacteurs ont effectué un boulot remarquable, digne des plus grands journalistes, apportant une somme d'information considérable pour tout amateur de bisseries qui se respecte (ou pas d'ailleurs). Un numéro à se procurer d'urgence tant qu'il en reste des exemplaires...

à suivre, Vidéotopsie numéro 16 (Réédition)

Les tueurs qui inspirent le 7ème art: Hiroshi Miyano,Yuzuru Ogura, Nobuharu Minato, Yasushi Watanabe - Concrete de Hiromu Nakamura (2004) - ★★★★★★★☆☆☆



Le nom de Junko Furuta ne dira certainement pas grand chose à la majeure partie d'entre nous et pourtant, cette jeune japonaise de seize ans, étudiante dans la préfecture de Saitama à Misato vécu un véritable calvaire long de quarante-quatre jours avant de mourir de ses blessures. Les coupables : quatre jeunes gens tous âgés entre seize et dix-huit ans. Quatre paumés, tous issus d'un même gang de yakuzas formés par l'un d'entre eux. Durant plusieurs semaines, ces quatre individus ont en effet violé, torturé et humilié l'adolescente à de très nombreuses reprises. Au Japon, l'affaire du meurtre de Junko Furuta est restée célèbre depuis trente ans.
C'est l'histoire qu'a choisi de nous raconter le cinéaste japonais Hiromu Nakamura. Sans fard, sans prise de position. D'ailleurs, le spectateur n'aura pas d'autre choix que de se faire sa propre opinion et grandes sont les chances pour que chacun partage la même car les actes auxquels le spectateur va assister et auxquels il n'est sans doute pas préparé vont se révéler très durs à encaisser. Peut-être moins insupportable que le terrible The Girl Next Door de Gergory Wilson, Concrete est à aborder avec beaucoup de précautions. D'un nihilisme rare, le film du japonais offre une vision de la jeunesse déshumanisée, où le cocon familial ne sert plus de référence et où battre et insulter ses parents est monnaie courante.

La première partie du long-métrage s'intéresse au personnage de Tatsuo. Des bancs d'écoles où les premiers dérapages apparaissent, en passant par son désintérêt total du métier qui le fait vivre et de ses parents (divorcés) qu'il méprise au plus haut point. Laissé libre de traîner dans les rues, c'est au contact d'un ancien ami devenu depuis yakuza pour le Syndicat que Tatsuo se laisse tenter par l'expérience. Le goût de l'argent facile et le pouvoir dont il est investi de par le costume de chef de gang qu'il endosse vont faire littéralement tourner la tête au jeune homme ainsi qu'à ses trois sbires. La bande des quatre membres des 'Dragon God' sème la terreur dans les rues, mais aussi chez eux, auprès de leurs parents. Ces derniers d'ailleurs, ont baissé les bras de peur des représailles.
Hiromu Nakamura décrit assez fidèlement le comportement relativement lâche des proches du gang, témoins des horreurs perpétrées dans la chambre de l'un des 'Dragon God'. Une situation inacceptable mais qui demeure compréhensible vu les conditions d'existence des habitants de cette ville souillée par la présence de nombreuses et dangereuses bandes de yakuzas. Les flics, quant à eux, sont carrément mis hors du contexte et on ne les verra guère que lorsque la jeune femme aura rendu son dernier souffle. A ce propos, les sévices endurés par la pauvre Misaki (le réalisateur a choisi de ne pas conserver le vrai nom de la victime), incarnée à l'écran par Miki Komori, sont proprement insupportables. A tel point que l'on en arrive à espérer voir arriver le moment où enfin, la jeune femme mourra pour ne plus souffrir et ne plus avoir à subir les horreurs commises par ses tortionnaires.

En nous jetant en pleine face ce spectacle sordide de la mort, le cinéaste japonais Hiromu Nakamura nous assène un uppercut en plein visage. L'effet est immédiat et le rejet total. Pourtant, à part les terribles coups portés au visage de la jeune femme transformé en une plaie unique et rougeoyante, et une brûlure faite à l'aide d'essence et d'un briquet Zippo, Hiromu Nakamura nous épargne un grand nombre des horreurs dont fut la victime Junko Furuta en 1988. L'un des grands scandales résultants de cette affaire furent les grotesques condamnations qui furent infligés aux quatre individus et que beaucoup (dont les parents de la victime) jugèrent insuffisantes. Bien que parfois pénible à regarder, Concrete demeurera comme l'hommage rendu à une jeune fille qui, si elle n'avait pas croisé la route de quatre monstres, aurait sans doute vécu comme beaucoup d'adolescentes de son âge...

jeudi 24 mai 2018

Akai Misshitsu - Red Room de Daisuke Yamanouchi (1999) - ★★☆☆☆☆☆☆☆☆



La 'J-Horror' a enfanté des merveilles que se sont empressé de 'remakiser' les américains. Qui a en effet oublié les Honogurai Mizu No Soko Kara et Ringu de Hjideo Nakata, ou Ju-on de Takashi Shimizu ? Il demeure cependant un cinéma d'horreur parallèle, moins connu, laissant libre court à certains des fantasmes réputés propres au pays invoqué ici. L'un des exemples les plus probant se nomme Akai Misshitsu. Réalisé par le cinéaste Daisuke Yamanouchi, ce long-métrage d'une très courte durée d'une heure et huit minutes seulement (de ce que j'ai pu en déduire dans la version que j'ai découverte il y a peu) ressemble à ces nombreux films n'axant leur intrigue que sur une succession de tortures plus ou moins réussies graphiquement. Malheureusement pour lui, et donc pour les spectateurs, Akai Misshitsu est si mal fichu et d'un intérêt si peu convaincant qu'on l'oubliera aussi rapidement qu'on l'aura vu. Pas le genre d’œuvre marquante et qui vous hante pendant de longues heures (voire des jours) après la projection. Juste des scènes s'enchaînant avec la régularité d'un métronome. Le film de Daisuke Yamanouch empile les uns derrière les autres, des actes de sadisme qui feront davantage sourire que provoquer le dégout. C'est laid, mal joué, mal éclairé (comme le veut la traduction anglaise Red Room, le film est baigné d'une lueur rouge sang permanente), et les scènes de torture à proprement parler son franchement ennuyeuses (certaines se traînant sur de trop longues minutes)

Question scénario, rien à craindre de ce côté là puisque le film en est dépourvu. Tout juste apprenons-nous que quatre candidats au 'Jeu du Roi' acceptent de subir les pires outrages contre la somme de dix millions de yen (ce qui, converti dans notre monnaie, ne correspondant finalement qu'à la modique somme de quatre-vingt mille euros). Et accepter le risque de mourir pour un si petit nombre de billets, ça n'est très franchement pas crédible. Mais passons.

En dehors du figurant qui à la fin du film remettra une mallette remplie de billets au vainqueur du jeu, ne sont présents à l'écran que quatre interprètes : Hiroshi Kitasenju, la jolie Sheena Nagamori, Mayumi Ookawa, et Yuuki Tsukamoto. Les décors quant à eux, se résument à une table, quatre chaises, et une minuscule cellule où seront perpétrés les sévices. A forte connotation sexuelle bien évidemment. Erotico-horrifique est Akai Misshitsu. Mais l'un comme l'autre, aucun des genres abordés dans ce film ne mettra en appétit. Plus suggérés qu'exhibés, les actes sont relativement ennuyeux à suivre, chacun y allant de sa fertile imagination. Imagination que l'auteur de cette série Z a bien du mal à mettre en pratique puisque le sexe, et le sang ne débordent à aucun moment.

Pas de séance de bondage, mais quelques tripotages mammaires de rigueur, quelques caresses intimes, pour débuter. Puis viennent les premiers actes véritablement violents. Gifles, coups de poing, viol à l'aide d'un tournevis, puis d'une ampoule lumineuse que le cinéaste à la sadique idée de faire éclater à l'intérieur du vagin de la victime. La vengeance, derrière, ne se fait pas attendre puisque cette dernière impose lors de la manche suivante que son violeur la 'baise'. On imagine les conséquences pour ce pauvre type qui la queue entre les cuisses tapissées de bris de verre de la jeune femme, risque de s’abîmer l'engin. Voilà le genre de contenu que propose Akai Misshitsu. Mais bon, entre le fantasme qui pourrait éclore dans l'esprit des plus pervers d'entre nous à la lecture de tels sévices, et le résultat à l'écran, le gouffre est infranchissable.
Le film de Daisuke Yamanouch n'offre aucun intérêt. Le sexe est triste et l'horreur quasiment absente. Non seulement l'on risque de passer pour un type pas très net à la simple évocation de ce film, mais les enjeux qui amènent à l'écriture d'un article sont deplus, absents. De quoi réfléchir et se demander : 'à quoi bon perdre son temps devant un film offrant si peu d'intérêt ?'

mercredi 23 mai 2018

Les Tuche 3 d'Olivier Baroux (2018) - ★★★★★★☆☆☆☆



Après les Tuche à Monaco en 2011 avec Les Tuche, les Tuche aux États-Unis avec Les Tuche 2 : Le Rêve américain en 2016, cette fois-ci, l'équipe au grand complet revenait sur les écrans français fin janvier 2018 pour une aventure les menant tout droit jusqu'à l'Elysée avec Les Tuche 3. Olvier Baroux, l'ancien complice de Kad Merad est toujours aux commandes et la petite famille est toujours interprétée par le même groupe d'actrices et d'acteurs. A savoir, Jean-Paul Rouve dans le rôle de Jeff Tuche, Isabelle Nanty dans celui de son épouse Cathy, Sarah Stern dans la peau de leur fille Stéphanie, Pierre Lotin dans celle de Wilfried, le fils aîné, ainsi que Théo Fernandez qui reprend le rôle du fils cadet Donald, continuant ainsi de dénoter par rapport aux autres membres de la famille bien que l'acteur soit moins présent à l'écran dans ce troisième épisode.Même s'il est moins bien que le premier long-métrage de la saga désormais célèbre de la richissime famille de ch'tis, Les Tuche 3 surpasse pourtant le second qui était quelque peu décevant.On y retrouve également l'actrice Claire Nadeau dans le rôle d'une Mamie Suze toujours autant prise de boisson ainsi que Ralph Amoussou dans le rôle de Georges Diouf, le fiancé de Stéphanie.

Et justement, tout va mal pour la jeune femme : son petit ami refuse d'avoir un enfant avec elle, et c'est le clash. Du côté de Wilfried, c'est la même chose. Divorcé de son époux, il continue de se saper comme un rappeur. Quant à Théo, alors que les portes de Polytechnique lui sont grandes ouvertes, il refuse d'y aller. Comme le dit si bien sa maman, le cadet est en pleine crise d'adolescence. Alors qu'elle-même continue à préparer de bons petits repas à base de frites à sa famille, Jeff, lui est préoccupé par autre chose. Alors qu'il est désormais maire de Bouzolles, il constate avec désarroi que le TGV qui devait selon lui faire un arrêt à la gare de Bouzolles ne fait que passer devant. Le père de famille décide donc de se présenter aux élections présidentielles. Mais alors que peu croient en lui et qu'il est le sujet de moqueries de la part de ses principaux adversaires, tous sont au cœur de scandales qui ruinent leurs chances de passer le premier tour.. Jeff se retrouve finalement au second tour face au président sortant, le sinistre Papin...

Ce troisième volet des aventures des membres de la famille Tuche risque de faire grincer certaines dents quant d'autres se réjouiront de la découvrir au sommet de l'état, à la présidence de la république. On y retrouve le même humour que dans les précédents volets avec un surcroît de causticité dû au portrait peu élogieux qui est fait des hommes d'état, ici souvent jugés d'escrocs. Les gags ne sont pas toujours très fins (et même rarement il faut le reconnaître) mais on s'amuse beaucoup d'autant plus que les répliques s'enchaînent à une vitesse folle. Parmi les nouveaux venus, nous noterons la présence de Scali Deypeyrat dans le rôle de Bichon, Philippe Magnan dans celui de Papin, l'ex-président de la République, et la participation éclaire de Marc Duret dans la peau de Laurent Dupuis, candidat au second tour, s'excusant de l'emploi fictif dont bénéficie son épouse alors même qu'il est accusé de trafic de stupéfiants, de trafic d'organes, de braquage, et de proxénétisme !!!

On pardonnera au film sa grande légèreté de ton. Plus que la critique, c'est l'humour qui tient le haut du pavé et rappelle celui de la troupe des Robins des Bois. Les Tuche 3 n'est certes pas la meilleure comédie d'Olivier Baroux (qui y interprète toujours le rôle de Monnier) mais pas la plus mauvaise non plus. A voir une fois suffira, d'autant plus que l'on risque malheureusement de l'oublier assez rapidement. Mentions spéciales tout de même pour le couple formé par Rouve et Nanty ainsi que l'interprétation de Pierre Lottin qui n'a jamais personnifié de manière aussi convaincante, le personnage hautement caricatural de Wilfried...

mardi 22 mai 2018

The Human Centipede II (Full Sequence) de Tom Six (2011) - ★★★★★★☆☆☆☆



Pour ceux qui considéraient et qui regrettaient que The Human Centipede I (First Sequence) manque d'hémoglobine, le cinéaste néerlandais a décidé pour ce second volet de la trilogie cette fois-ci intitulé The Human Centipede II (Full Sequence), de revoir la quantité de sang à la hausse. Version gore du premier, cette suite ne ménage pas les spectateurs et tout ce qui n'était au départ que suggéré est désormais montré sans aucune forme d'attention envers un public dont une partie, peut-être la majorité, aura bien du mal à rester devant son écran jusqu'au bout. On passe ici allégrement de la chirurgie à la boucherie. Alors que le docteur Hieter du premier volet prenait un soin tout particulier envers ses cobayes, ceux de Martin, un handicapé mental totalement fasciné par le film de Tom Six, sont non seulement les victimes d'un projet plus fou encore que dans The Human Centipede I (il ne s'agit plus désormais de créer un mille-pattes humain à partir de trois individus, mais de douze!), mais vont de surcroit subir un traitement de la part d'un homme inexpérimenté en matière de chirurgie, proprement abominable.
Alors que la première moitié se concentre sur l'enlèvement des futurs cobayes de Martin et sur quelques scènes du quotidien de ce quarantenaire abusé sexuellement par son père durant son enfance, vivant désormais avec sa mère, la seconde met en place les douze victimes, enfermées à même le sol d'un hangar loué par ses soins. Tom Six ne lésine pas sur les effets gore. Contrairement à Hieter qui prenait soin d'injecter un anesthésique à chacun de ses trois cobayes avant de les opérer (réflexe propres à tout bon médecin que de se préoccuper du bien être de ses patients et ce, malgré la grande folie qui s'emparait de ce chirurgien renommé), Martin, lui, opère sans anesthésie. A vif, et dans des conditions déplorables, à même le sol d'un hangar crasseux. Le spectateur a donc tout loisir d'imaginer le manque d’hygiène et les risques d'infection.

Filmé en noir et blanc, The Human Centipede II repousse donc les limites que s'était imposé le cinéaste dans le premier volet. Le chirurgien fou a laissé place au fan, le long-métrage laissant planer l'idée selon laquelle, oui, les films peuvent avoir pour conséquence de pousser certains esprits faibles à commettre des actes irréparables. Cette suite est parfois redoutablement crade. Les aiguilles et le fil ont laissé place à l'agraffeuse. Martin charcute directement dans la chair, sans se soucier de la moindre hygiène. Pas de champ opératoire stérile, pas de désinfectant. Quelques coups de scalpels mal ajustés. Des dents non plus arrachées avec prudence et minutie mais à l'aide d'un marteau. De grosses hémorragies en perspective et surtout, des bruits secs et tranchants aussi gerbants que les fluides qui s'échappent des corps.

Tom Six exhibe un tueur d'un nouveau genre. Pas le moindre charisme pour ce pauvre interprète qu'est Laurence R. Harvey. Libidineux, se masturbant devant le dvd de son film fétiche à l'aide de papier de verre. Les hommes qui se risqueront à regarder The Human Centipede II feront la grimace (comme ils le firent sans doute devant l'infâme émasculation de Cannibal Holocaust de Ruggero deodato), c'est une certitude. Petit, obèse, les yeux globuleux, le front dégarni, asthmatique et une paire de lunettes plantées sur le nez, Martin justifie à lui seul la sensation d'une œuvre glauque. Pourquoi avoir choisi cet acteur plutôt qu'un autre ? Pas vraiment crédible face à des victimes qui font parfois presque deux fois sa taille et ont autant de muscles qu'il a de graisse. Pourtant, dès la seconde moitié du film, on met de côté ses aprioris et on comprend le choix du cinéaste. Laurence R. Harvey se révèle finalement parfait dans ce rôle. Tellement improbable qu'il est plus facile de s'identifier à cet homme anodin qu'à n'importe quel tueur trop charismatique pour n'être autre chose que le personnage d'une fiction.

Question scénario, une fois encore, c'est le vide intersidéral. Mais comme le propos n'est pas là, on se fiche un peu de la psychologie des personnages. Tom Six a choisi de ne caractériser aucune des victimes. Pas même l'actrice Ashlynn Yennie qui pour le coup, joue désormais son propre rôle, tombée dans le piège d'un Martin qui au téléphone, s'est fait passer pour l'agent de... Quentin Tarantino. Totalement absurde et perclus d'incohérences, The Human Centipede II repousse cependant tellement les limites que s'était imposé le cinéaste néerlandais dans le premier film que les amateurs de films gore extrêmes risquent de prendre leur pied. Pas sûr qu'un spectateur lambda y prenne autant de plaisir...

lundi 21 mai 2018

Paris-Willouby de Quentin Reynaud et Arthur Delaire (2015) - 🙂🙂🙂🙂🙂🙂🙂😡😡😡



Paris-Willouby est le premier long-métrage en commun réalisé par les cinéastes français Quentin Reynaud et Arthur Delaire. Une comédie en forme de road movie pour une famille recomposée de six membres à la tête de laquelle on retrouve l'actrice Isabelle Carré aux côtés du bruxellois Stéphane de Groodt. Il sont les parents de quatre enfants en âge difficile. La plus jeune est la seule que le couple a eu ensemble. Elle se prénomme Prune et passe son temps à s'interroger sur le sens des choses. C'est la toute jeune Aminthe Audiard, arrière-petite-fille de Michel Audiard et petite-nièce de Jacques Audiard qui interprète le rôle. Après elle,on retrouve Solal Forte qui incarne le personnage d'Alexandre. En pleine période d'adolescence, et pour selon lui des raisons politiques, le jeune garçon a décidé de ne plus manger de viande. Juste après, se situe Joséphine Japy dans le rôle de Lucie. Fille de Maurice, et révoltée permanente contre son père. Elle et son beau-frère Alexandre éprouvent des sentiments l'un pour l'autre. En dernier, on retrouve l'acteur Alex Lutz dans la peau de Marc Lacourt, le frère de Claire. Lui se la joue 'incruste' en vivant chez sa sœur et son beau-frère.
Tout ce petit monde vit ensemble dans un joli pavillon de banlieue mais apprend un jour le décès du père de Claire et Marc. C'est ainsi que toute la famille et belle-famille embarque à bord de la voiture familiale pour se rendre à l'enterrement du patriarche prévu à... Willouby, une ville apparemment imaginaire puisqu'à part Willoughby en Australie, rien de semblable ne semble exister dans l'hexagone et dans les territoires frontaliers.

Le plus gros de l'intrigue se situe donc dans le véhicule familiale, lieu ô combien exigu créant un climat de tensions permanentes entre ses différents protagonistes. Professeur d'une université à Paris, le chez de famille risque la mutation à Poitiers. Claire a peur de vieillir. La compagne de Marc attend un enfant, ce qui n'arrange apparemment pas ses affaires. Lucie vit très mal le divorce de ses parents, et Alexandre se cherche un but dans la vie. Quant à la petite Prune, la voici désormais voleuse d'une peluche dans une station-service. La grande question demeure : comment allons-nous retrouver cette famille hétéroclite au bout de leur long voyage ? Éclatée ? Ressoudée ? C'est ce que nous apprendrons à la fin mais d'ici là, Quentin Reynaud et Arthur Delaire nous proposent une comédie chaleureuse, parfois amère, remplie de répliques savoureuses. Peut-être pas la meilleure de la décennie mais les interprètes sont si attachants et le couple formé par Isabelle Carré et Stéphane de Groodt si épatant qu'on se laisse littéralement emporté par chacun de ses membres.

Au détour d'une route, on a même l'agréable surprise de croiser l'acteur, chanteur et musicien Guy Marchand qui depuis quelques années ne tourne malheureusement guère plus d'un long-métrage par an. Paris-Willouby est parfois tendre, amusant, émouvant, et il offre surtout une vision du cercle familiale constitué des membres de deux familles séparées, tantôt désespérante, tantôt rassurante. Une famille comme le monde en connaît des millions. On se sent proche de ces personnages formidablement interprétés et on espère que les deux cinéastes, à nouveau ensemble, feront très vite reparler d'eux...
Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...