Curieux objet
cinématographique que cet Antibirth réalisé en 2016
par le canadien Danny Perez. Pendant longtemps, au moins une bonne
moitié du long-métrage, on ne sait pas où veut en venir le
cinéaste. Un drame, un film d'horreur, fantastique, ou de
science-fiction ? Pas évident de se faire une idée précise de
cette œuvre qui mélange l'humour à une certaine forme de noirceur.
L'héroïne de Antibirth
se prénomme Lou. Jeune femme aux mœurs légères vouant une
adoration pour les drogues, elle a pour meilleure et unique amie
féminine Sadie. Avec elle, elle partage les soirées arrosées, se
défonce, et vit dans une vieille baraque appartenant à son père.
Un soir, alors que Sadie et elle viennent de participer à l'une des
innombrables fêtes où elles sont conviées, Lou commence à
ressentir d'étranges symptômes. Persuadée de ne pas être en
mesure d'avoir des enfants après avoir fait une fausse couche dans
les toilettes d'un club de nuit six mois plus tôt, la jeune femme
semble pourtant bien enceinte. Après un test corroborant cette
impression, le ventre de Lou commence à grossir. Des tâches
apparaissent sur son cou et son pied gauche commence à développer
d'inquiétantes boursouflures. Employée comme femme de ménage dans
un motel, elle fait la connaissance d'une cliente, Lorna, avec
laquelle elle finit par sympathiser et qui lui explique que sa
grossesse a sans doute des implications inattendues. Alors qu'elle
apprend que Gabriel, revendeur de drogue et compagnon de Sadie se
serait peut-être servi d'elle pour tester une nouvelle drogue, Lou
s'enfonce de plus en plus dans la dépression, son angoisse étant
cultivée par les propos apparemment incohérents de Lorna. Les deux
nouvelles amies tentent alors d'apporter une réponse logique au mal
étrange dont est victime Lou...
Danny
Perez signe avec Antibirth une
œuvre réellement atypique. On ne sait sur quel pied danser. S'il
faut rire des aventures tragico-burlesques de Lou (l'actrice Natasha
Lyonne) ou se passionner pour cette vision toute particulière d'un
thème cher aux amateurs de science-fiction : les
extraterrestres ! Mais alors que le cinéaste aurait pu s'en
tenir à l'éventualité d'une abduction, il tente une approche
étonnante du sujet avec ce portrait de femme (celui incarné par
l'actrice Meg Tilly qui n'avait plus tourné pour le cinéma depuis
plus de vingt ans) dont on continue de se demander dans quelles
mesures elle est victime de schizophrénie. Meg Tilly incarne à la
perfection le rôle de Lorna, une quinquagénaire paumée, aux propos
un brin hystériques et au physique banal. En acceptant de se
dévaloriser physiquement, l'actrice montre sa faculté d'adaptation
et nous ferait presque regretter qu'elle ait choisi d'interrompre sa
carrière pour élever ses trois enfants.
Parfois
très coloré, et à d'autres moments plutôt sinistre en matière
de colorimétrie, Antibirth
ressemble parfois étrangement à un sitcom. Surtout lorsque son
héroïne reçoit chez elle son amie Sadie. Le film change
perpétuellement de ton. Si cela conviendra tout à fait à ceux qui
aiment être surpris, tout ceux qui aiment que soit entretenue une
certaine logique dans les événements risquent eux, d'être
décontenancés.
Les
personnages sont tous décalés, borderline
comme diront certains. Entre drogue, alcool, sexe, religion
(l’énigmatique personnage interprété par Neville Edwards) et
délire, les élucubrations de Lou sont à ce point si exaltées que
l'on passe davantage de temps à sourire qu'à s'attrister de son
sort. Quelques effets gory viennent émailler cette étrange comédie
noire de science-fiction fantastico-dramatique (veuillez cocher les
bonnes cases). Telle la séance de soin du pied de Lou, où celle où
la jeune femme est atteinte de desquamation. Quant à la fin, elle
nous réserve une surprise qui fera des heureux parmi les amateurs de
délire visuels et des déçus parmi ceux qui espéraient une
conclusion à la mesure des promesses faite tout au long de
l'aventure. Une œuvre curieuse qui laissera le public mitigé quant
à ses véritables qualités...
Ca m'intéresse bien ce film.
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