Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


samedi 21 janvier 2017

Armaguedon d'Alain Jessua (1976) - ★★★★★★☆☆☆☆



Neuf longs-métrages seulement à l'actif du cinéaste, producteur (il produit lui-même ses œuvres), scénariste et romancier français Alain Jessua, mais autant de films qui marquent les esprits. Armaguedon pointe le bout du nez en 1977. On y retrouve l'acteur Jean Yanne auquel Jessua avait offert son tout premier rôle au cinéma dans La Vie à L'Envers en 1964, Michel Duchaussoy qui joua dans Jeu de Massacre en 1967 et Alain Delon auquel il offrit l'un des deux principaux rôles dans Traitement de Choc. Jean Yanne EST Armaguedon. Un petit employé des espaces verts qui après la mort de son frère hérite d'une très grande somme d'argent. De quoi changer de vie. Mais lui ne va pas changer de voiture, de maison... ou de femme (!). Non, lui va se venger d'une société qu'il méprise. Pour cela, il va narguer les polices du monde entier en leur envoyant des messages de menace enregistrés sur bande magnétiques. Lancé à la recherche du mégalomaniaque, l'inspecteur Jacques Vivian va faire appel au Docteur Michel Ambroise afin de mettre la main sur Louis Carrier, celui que toute la presse nomme désormais sous le nom d'Armaguedon avant que celui ne mette à exécution son plan machiavélique : faire exploser une bombe lors d'une émission télévisée diffusée en direct à la télévision française...

Armaguedon, on l'aura compris, n'a rien à voir avec l’œuvre de Michal Bay Armageddon sortie en 1998 et qui de toute manière propose une orthographe différente. Ici, pas d'astéroïde géant filant tout droit vers notre planète mais un danger tout aussi préoccupant puisque la science est incapable (ou presque) de prévoir à l'avance quand agira celui que tout le monde nomme Armaguedon. Un terme inspiré de l'Harmaguédon, un mont situé en Galilée et lieu symbolique du combat entre le bien et le mal mentionné dans le Nouveau Testament. Bien que le personnage de Jean Yanne soit présenté comme un être intelligent (il a apprit cinq langues et met en place un stratagème relativement bien conçu), ce pseudo qu'il se donne, il ne se l'est accaparé que parce que son fidèle complice Albert, dit Einstein, lisait justement un ouvrage concernant un passage de la Bible.

Comme le précise si bien le Docteur Michel Ambrose (Alain Delon), Louis Carrier est un homme qui apparaît comme un individu miné par la solitude et désirant faire parler de lui. Au risque d'emporter la vie de plusieurs personnes (dont un Michel Creton qui paiera de sa vie son désir de profiter pécuniairement des projets d'Armaguedon), il va s'aider d'Einstein (l'acteur Renato Salvatori), un pauvre ère, à la limite de la débilité, et reflétant l'image de l'immigré perdu dans un pays qui n'est pas le sien ( thème que le cinéaste Roman Polanski avait déjà évoqué d'une manière tout à fait différente dans son chef-d’œuvre Le Locataire). Un individu pour lequel, on le constatera assez vite, Carrier n'a pas davantage d'estime que pour ses concitoyens puisque cet immigré italien servira lui-même ses desseins et ce, de la manière la plus terrible.

Armaguedon est sombre, désespéré, et d'un fort pessimisme. La musique composée par le compositeur argentin Astor Piazzolla imprime à l’œuvre d'Alain Jessua une atmosphère angoissante et déprimante. Il s'agit d'une charge féroce à l'encontre des politiques du monde entier. Le personnage très bien campé par Jean Yanne s'érige en défenseur de ses concitoyens qui pourtant lui riront au nez et à la barbe lorsqu'il exigera que soit diffusé en direct son parcours personnel lors d'une émission télévisée. Le film d'Alain Jessua sort deux ans après Peur sur la Ville de Henri Verneuil. Autre variation sur la folie engendrée par la civilisation. Mais alors que l’œuvre mettant en scène Jean-Paul Belmondo revêtait une forme particulièrement divertissante, le film d'Alain Jessua, comme très souvent chez lui, dégage une profonde impression de tristesse. Ce qui ne remet cependant pas en question ses qualités d’œuvre cinématographique...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...