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lundi 20 juin 2016

Turks Fruit de Paul Verhoeven (1973)



Deuxième long-métrage de la période hollandaise du cinéaste Paul Verhoeven, Turks Fruit est sans aucun doute l'un de ses plus réussis. Une histoire d'amour émouvante et fantasque évoquée de manière aussi forte, violente, passionnée et crue que l'aurait sans doute abordée le cinéaste d'origine polonaise Andrzej Zulawski. Un récit bouleversant magnifié par la musique de Rogier Van Oterloo. Paul Verhoeven et son scénariste attitré depuis ses débuts, Gerard Soeteman, rêvent depuis toujours d'adapter l’œuvre de l'un des plus grands écrivains hollandais d'après-guerre, Jan Wolkers.

Tout commence par un aperçu de l'existence au temps présent d'Eric Vonk, sculpteur génial, créatif, impulsif, mais également narcissique, dominateur, et comme l'affirmera plus tard celle qu'il aime à la folie, très égoïste. Pour comprendre ce qui l'a poussé à détruire tout ce qu'il a créé à l'image d'Olga, son épouse, son amante, et sa muse, à laisser pourrir ce dernier repas qu'il avait composé pour elle, laissant les vers investir la viande décomposée, à coucher avec toutes les femmes qu'il croise sans jamais ressentir la moindre empathie pour l'une ou l'autre, le cinéaste hollandais remonte le fil de l'histoire de ce couple hors norme.

D'un côté, donc, l'artiste Eric. De l'autre la jeune et jolie Olga. Fille d'un couple de propriétaires d'un magasin bourgeois. La rencontre entre les futurs amants, puis, les futurs mariés est à l'image de l'urgence dans laquelle ils vont vivre leur passion : alors même qu'il fait du stop, Olga prend à bord de sa voiture Eric qui n'est encore pour elle qu'un inconnu. Moins d'une demi-heure plus tard, il a déjà glissé sa main entre les jambes de la jeune femme naturellement rousse et lui a fait l'amour sur la banquette arrière. Moins d'une heure après, les voilà déjà tous deux victimes d'un accident de la route. Ensanglanté, Eric porte le corps sans vie d'Olga, elle aussi le visage et les habits recouvert de sang. Quelque part, ce mélange des fluides est le symbole d'une union qui promet d'être éternelle. Comme l'on échange son sang lors de rituels qui finalisent un pacte. Des symboles, le film en compte beaucoup, le premier faisant partie des plus marquant puisqu'au moment de connaître l'orgasme entre les cuisses d'Olga, Eric déclenche innocemment le liquide de nettoyage du pare-brise, donnant l'illusion de l'éjaculation qu'il est lui-même en train de vivre.

Turks Fruit est cru, oui, mais dans la passion. Il n'y a rien de véritablement dégueulasse dans cette œuvre dont l'aspect parfois graphiquement agressif en a incommodé certains lors de sa sortie. En parlant de fluides, le film semble avoir une prédispositions pour tous ceux qu'exsude le corps humain. Qu'il s'agisse de sang, de pisse, de merde, de sperme ou de vomi, tout y passe. Mais Paul Verhoeven ne se contente pas d'un message scatologique. Il en évite la radicalité en immisçant dans son histoire d'amour, des thématiques terrifiantes qui à l'image de la maladie et de l'amour achèvent de nous convaincre que l'on est bien là face à une œuvre complexe et non pas seulement devant une romance à l'eau de rose. Le personnage d'Olga apparaît d'abord quelque peu artificiel face à la personnalité d'Eric. Pourtant, au fil de l'aventure, on note une progression dans son comportement et sa personnalité. Des conflits intérieurs involontairement mis à nu par l’immature Eric qui apprend de la bouche de celle qu'il aime toute l'horreur des propos qu'a pu tenir la mère d'Olga lorsqu'il a fallut l'amputer d'un sein. Ou bien, pire encore, et alors qu'elle l'a abandonné pour un autre, on assiste au retour de la jeune femme, atteinte à son tour d'un mal incurable, de ceux qu'elle a tant redouté toute sa vie, épaulée jusqu'à la fin par un Eric toujours aussi follement amoureux de sa femme qu'elle que fussent les conséquence physiques et comportementales liées à la maladie. L'amour, le vrai...

Turks Fruit est loin du film vulgaire qu'il a l'air d'être. En réalité, il s'agit d'une magnifique histoire d'amour liant un homme et une femme jusqu'aux confins de la maladie et de la mort. Outre la présence de Gerard Soeteman en tant que scénariste, on retrouve de nouveau à la photographie, Jan de Bont, qui tomba sous le charme de l'actrice Monique van de Ven qui interprète Olga durant le tournage. Quant au personnage d'Eric, son interprète est l'acteur Hollandais Rutger Hauer qui après Turks Fruit participera ensuite à quatre autres longs-métrages de Paul Verhoeven...

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