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mardi 21 juin 2016

Keetje Tippel de Paul Verhoeven (1975)



Embarquée dans la soute d'un bateau en compagnie de ses parents et de ses frères et sœurs, la jeune Keetje Tippel et les siens ont quitté Frise pour les faubourgs d'Amsterdam où ils comptent bien réussir leur vie et devenir riche. Mais leur désillusion est grande lorsqu'ils constatent que la maison qui leur a été promise n'est qu'un taudis insalubre, investit par les rats et prenant l'eau les jours de pluie. Un type de l'assistance propose cependant au père de Keetje de travailler dans une écurie. Quant à Keetje, il lui offre un travail de teinturière mais les choses se compliquent lorsque la jeune femme s'en prend vivement à l'une de ses collègues dont elle enfonce le visage dans un bain d'acide. Elle est renvoyée sur le champ mais ne tarde pas à retrouver du travail auprès d'un chapelier.

Un jour, alors qu'elle et ses patrons partent vendre dans un orphelinat le fruit de leur labeur, Keetje y aperçoit sa jeune sœur Mina entièrement nue en compagnie d'autre femmes. Keetje comprend qu'elle n'a pas mis les pieds dans un orphelinat mais dans un bordel où travaille Mina. Invitée à proposer elle-même ses services auprès d'un vieux dégoûtant, Keetje met un pied dans le monde de la prostitution. Et comme la jeune femme en a marre de la précarité dans laquelle elle vit, elle va peu à peu plonger et faire des passes. C'est lors de l'une d'entre elles qu'elle fait la connaissance d'Hugo, un homme charmant et apparemment riche qui va la prendre sous sa coupe. Mais alors que Keetje rêve de grandeur, elle déchante très vite lorsqu'elle se rend compte que sa relation avec Hugo risque d'être éphémère...

Troisième long-métrage du cinéaste hollandais Paul Verhoeven, Keetje Tippel est aussi le premier en « costumes ». En effet, le récit se situe au dix-neuvième siècle dans un faubourg d'Amsterdam aux allures de Whitechapel. Des ruelles sombres, enfumées, et l'ombre de Keetje Tipper, jeune fille issue d'une famille pauvre qui voudrait s'en sortir. Pour ce troisième film, on retrouve le quintet de l’œuvre précédente, Turks Fruit. Aux côtés de Paul Verhoeven, le scénariste Gerard Soeteman, le photographe Jan de Bont, l'acteur Rutger Hauer et l'actrice Monique van de Ven dans le rôle de Keetje Tippel.

On est très vite embarqué dans ce biopic inspiré d'un ouvrage autobiographique de l'écrivain Neel Doff qui vécut elle-même dans une pauvreté extrême avant de s'en extraire en posant pour des peintres belges de renom. Paul Verhoeven décrit un faubourg crasseux, envahit par la vermine, contrastant étonnamment avec les quartiers marchands d'une ville où expansion et faillite cohabitent. Le travail remarquable de Jan de Bont (alors compagnon de l'actrice principale) donne lieu à des images parfois magnifiques. Alors que Paul Verhoeven s'apprête à tourner une fresque de très grande ampleur, le budget, pourtant très important pour l'époque l'oblige à revoir ses ambitions à la baisse. Il y décrit trois étapes dans l'existence de son héroïne. Tout d'abord la pauvreté, qu'elle est pour l'instant forcée d'accepter. Un famille nombreuse, une demeure qui tombe en ruine, parfois noyée sous les eaux (un chiot y mourra noyé), et surtout, une sœur, Mina, qui mène la vie dure aux siens, leur imposant tous ses caprices puisqu'elle est la seul à faire véritablement vivre sa famille en vendant son corps. Un contraste saisissant entre cette dernière, pas vraiment jolie, véritable garce (elle se torche les fesses à l'aide d'un ouvrage de Jules Verne appartenant à sa sœur) et Keetje, encore pure et vierge. Ensuite, c'est pour cette dernière, la découverte de la belle vie. Les jolies robes, la nourriture à volonté, mais aussi et surtout les désillusions. Ce qui l’amènera à choisir un camp mitoyen. Celui des révolutionnaires dont la voix gronde jusqu'à l'affrontement final. Elle quitte le confort des bras d'Hugo dont elle n'a pas grand chose à attendre de toute manière, et évite le retour vers les siens, et donc la pauvreté.

Dans son désir de s'accaparer une existence différente faite de dentelles et de cuillères en argent, la jeune Keetje Tippet dont la fortune demeure l'unique but (elle ne cesse d'en parler, même auprès de ses nouveaux « tuteurs » qui veillent sur son bien être) vampirise littéralement le seul qui peut encore la sortir de sa condition. Keetje Tippel est une belle réussite mais qui fait presque regretter que Paul Verhoeven n'ait pu aller au bout de ses ambitions. Comme pour Turks Fruit, c'est une fois encore le compositeur Rogier van Otterloo qui est aux commandes de la partition musicale. Quand au couple formé un instant par Rutger Hauer et Monique van de Ven, s'il est parfaitement interprété, il demeure bien différent de celui du film précédent dans lequel l'amour transpirait véritablement à chaque plan quant ici, l'intérêt prévaut sur les sentiments. Une belle réussite...

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