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vendredi 17 juin 2016

R100 de Hitoshi Matsumoto (2013)



Heureux celui qui, sept ans en arrière s'est prosterné devant l'OFNI Shinboru (article prévu pour octobre), constatant que son auteur n'a pas dévié d'un iota dans sa manière d'aborder le septième art. Non, Hitoshi Matsumoto n'a pas retourné sa veste. Il n'a pas vendu son âme au Diable et est demeuré fidèle à son style si particulier. Un cinéma bouffon, tragi-comique, poétique, psychédélique, expérimental et décalé. A l'instar de son homologue Takashi Miike, Hitoshi Matsumoto fait ce qu'il veut. Propriétaire d'un immense bac à sable, il y bâtit des châteaux de sable et les modèle à la manière d'un peintre chiant des litres de peinture sur une toile blanche. Comme à la manière de cette Reine des Crachats dégueulant sur le pauvre héros de cette gaudriole qu'est R100, des litres de baves lors d'une scène de bondage-humiliation mémorable. Le bondage justement, technique sublimée par le Japon ancestral et ici acte ultime et symbolique représentant l'asservissement d'un pauvre petit employé d'un magasin d'ameublement dont l'épouse est raccordée à un respirateur artificiel et dont le fils espère voir prochainement le retour au foyer. Il n'y a guère que le beau-père vivant avec l'enfant et son géniteur pour avoir le sens de la mesure à avoir devant la tragédie ayant touché la chair de sa chair.


Il n'y a guère que l'homme désespérément ordinaire pour se convaincre de l'utilité d'adhérer au fonctionnement d'un club spécialisé dans le bondage, et dans lequel l'on signe un contrat d'un an, non résiliable, faisant de son signataire accepte au préalable de n'omettre aucune objection aux épreuves qu'il endurera. Sous peine de mettre sa famille en danger. Mais dans cette existence pas tout à fait paisible qu'est devenue la sienne, notre héros est quotidiennement la proie de redoutables prédatrices nommées reines. Comme celle des voix, capable d'imiter autant celles des hommes que celles des femmes, la fausse équipe du tournage de R100 cherchant d'ailleurs à comprendre le sens de certaines logiques, notamment lorsque la dite reine se révèle capable d'imiter l'épouse plongée dans le coma alors qu'elle ne l'a au préalable jamais entendue parler.

Si R100 grouille (une fois n'est pas coutume, pour notre plus grand bonheur) d’invraisemblances, les quelques interventions de la pseudo équipe de tournage crédibilise ces fausses notes volontaires. Hitoshi Matsumoto assure et affirme ainsi que tous les aspects de son œuvres sont sous contrôles, et surtout ceux qui apparaîtraient éventuellement comme des erreurs de script.

R100 est un chef-d'oeuvre, ouais, rien de moins ! Le genre de projet totalement barré, assumé et totalement fier de l'aspect qu'il arbore. Fou dans son interprétation, décomplexé du point de vue narratif, et d'une créativité permanente, le quatrième long-métrage de Hitoshi Matsumoto se hisse à la hauteur de ses prédécesseur. A voir, absolument, pour se convaincre s'il le fallait, que le cinéaste japonais en a dans le pantalon !



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