Heureux celui qui, sept
ans en arrière s'est prosterné devant l'OFNI Shinboru (article prévu pour octobre),
constatant que son auteur n'a pas dévié d'un iota dans sa manière
d'aborder le septième art. Non, Hitoshi Matsumoto n'a pas retourné
sa veste. Il n'a pas vendu son âme au Diable et est demeuré fidèle
à son style si particulier. Un cinéma bouffon, tragi-comique,
poétique, psychédélique, expérimental et décalé. A l'instar de
son homologue Takashi Miike, Hitoshi Matsumoto fait ce qu'il veut.
Propriétaire d'un immense bac à sable, il y bâtit des châteaux de
sable et les modèle à la manière d'un peintre chiant des litres de
peinture sur une toile blanche. Comme à la manière de cette Reine
des Crachats
dégueulant sur le pauvre héros de cette gaudriole qu'est R100,
des litres de baves lors d'une scène de bondage-humiliation
mémorable. Le bondage justement, technique sublimée par le Japon
ancestral et ici acte ultime et symbolique représentant
l'asservissement d'un pauvre petit employé d'un magasin
d'ameublement dont l'épouse est raccordée à un respirateur
artificiel et dont le fils espère voir prochainement le retour au
foyer. Il n'y a guère que le beau-père vivant avec l'enfant et son
géniteur pour avoir le sens de la mesure à avoir devant la tragédie
ayant touché la chair de sa chair.
Il
n'y a guère que l'homme désespérément ordinaire pour se
convaincre de l'utilité d'adhérer au fonctionnement d'un club
spécialisé dans le bondage, et dans lequel l'on signe un contrat
d'un an, non résiliable, faisant de son signataire accepte au
préalable de n'omettre aucune objection aux épreuves qu'il
endurera. Sous peine de mettre sa famille en danger. Mais dans cette
existence pas tout à fait paisible qu'est devenue la sienne, notre
héros est quotidiennement la proie de redoutables prédatrices
nommées reines. Comme celle des voix, capable d'imiter autant celles
des hommes que celles des femmes, la fausse équipe du tournage de
R100 cherchant d'ailleurs à comprendre le sens de certaines
logiques, notamment lorsque la dite reine se révèle capable
d'imiter l'épouse plongée dans le coma alors qu'elle ne l'a au
préalable jamais entendue parler.
Si
R100
grouille (une fois n'est pas coutume, pour notre plus grand bonheur)
d’invraisemblances, les quelques interventions de la pseudo équipe
de tournage crédibilise ces fausses notes volontaires. Hitoshi
Matsumoto assure et affirme ainsi que tous les aspects de son œuvres
sont sous contrôles, et surtout ceux qui apparaîtraient
éventuellement comme des erreurs de script.
R100
est un chef-d'oeuvre, ouais,
rien de moins ! Le genre de projet totalement barré, assumé et
totalement fier de l'aspect qu'il arbore. Fou dans son
interprétation, décomplexé du point de vue narratif, et d'une
créativité permanente, le quatrième long-métrage de Hitoshi
Matsumoto se hisse à la hauteur de ses prédécesseur. A voir,
absolument, pour se convaincre s'il le fallait, que le cinéaste
japonais en a dans le pantalon !
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