Parce que l'entreprise en
informatique qui les employait depuis des années a décidé de
licencier Sylvain et Vigo, les deux hommes se vengent en taguant les
locaux de la boite. Après avoir pris la fuite, ils renversent en
chemin un homme qui meurt sur le coup. A ses côtés, une mallette
renfermant deux millions en coupures de 500 euros. Si Sylvain est
pour appeler la police, Vigo, lui, est contre. Il veut emporter
l'argent et finit par convaincre son ami de l'aider à se débarrasser
du corps en le jetant dans une rivière, persuadés que la victime ne
pouvait être qu'un malfaiteur, la mallette bourrée d'argent le
prouvant.
Le lendemain, une
fillette est retrouvée sans vie dans un entrepôt situé juste en
face du parking où l'homme a trouvé la mort. A peine âgée d'une
dizaine d'années et aveugle, elle a été la victime d'un tueur qui
l'avait au préalable enlevée avant de demander une rançon à ses
parents, dont le père était justement celui que Sylvain et Vigo ont
renversé.
Une équipe d'enquêteurs
est chargée de mener des investigation afin de mettre la main sur le
coupable de l'homicide concernant la fillette. Parmi eux, Stéphane
Moreno, et surtout la toute jeune Lucie Hennebelle qui très vite
suppose que le meurtre n'est sans doute pas exclusivement crapuleux,
certains éléments de l'enquête venant étayer ses propos...
La Chambre des
Morts est le premier long-métrage du cinéaste Alfred Lot
qui signa deux ans plus tard en 2009, la comédie légère Une
Petite Zone de Turbulence avec entre autre l'acteur Michel
Blanc. Pour un coup d'essai, sa première œuvre est plutôt aboutie.
Mêlant d'un côté l'enquête rondement menée par Moreno (Eric
Caravaca) et Lucie (Mélanie Laurent), et de l'autre les mésaventures
d'un duo d'ami dont la vie va être littéralement bouleversée par
ce qui n'était encore qu'un tragique accident. La Chambre des
Morts est directement inspiré du roman éponyme de Franck
Thilliez. Plus qu'un simple film policier à tiroirs, l’œuvre
s'inscrit dans des domaines aussi divers et compatibles que le
thriller et l'horreur, un peu à la manière de ce qui demeure sans
doute comme la plus belle réussite en matière de polar horrifique,
Mort un Dimanche de Pluie de Joël Santoni et datant de 1986.
Trente ans après donc,
Alfred Lot signe une œuvre remarquablement interprétée et mise en
scène avec assez de sensibilité (le personnage de Lucie dont on
saisit assez bien le caractère délicat de son existence), et
d'inspiration (outre l'enquête et la tournure que prend la cavale
des deux informaticiens au chômage, on a même quelque peu droit au
portrait des deux jeunes amantes (excellentes Céline Sallette et Laurence Côte) responsable des deux enlèvements),
pour que cela fonctionne à la perfection.
Tout comme dans le film
de Joël Santoni, La Chambre des Morts évolue de
manière inattendue et plonge ses personnages dans un climat
horrifique d'une pesanteur rarement atteinte dans le cinéma
français. Ne s'inscrivant pas directement, ou du moins, pas dès le
début dans le genre, lorsque l’œuvre bascule dans l'horreur,
l'effroi apparaît alors beaucoup concrète que dans une œuvre à
l'origine de toute manière prévue pour cela. En l'espace d'un peu
moins de deux heures, on assiste à l'affirmation d'un personnage
(celui tenu par la sensible, généreuse et magnifique Mélanie
Laurent), la détermination d'un second (Jonathan Zaccaï dans celui
de Vigo), et à un basculement retranchant l'histoire aux confins
d'un univers morbide qui rappellera parfois celui de la famille Tronçonneuse
dans le classique de Tobe Hooper, Massacre à la Tronçonneuse, les
squelettes humains étant ici remplacés par des cadavres d'animaux
empaillés. Une excellente surprise...
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