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jeudi 23 février 2012

Les tueurs qui inspirent le 7ème art: Henry Lee Lucas "Henry, Portrait Of A Serial Killer" de John McNaughton (1986)


 
De la fiction...

Henry tue. Sans distinction d'âge ou de sexe, il commet des meurtres de manière impulsive mais, de façon méthodique, il n'utilise jamais la même arme deux fois de suite afin de tromper la police qui ne peut ainsi faire aucun rapprochement entre chacun de ses crimes. Couteaux, armes à feu, cordes, tessons de bouteille ou bien encore téléviseurs sont les outils dont il use pour assouvir ses pulsions meurtrières. Il peut se révéler discipliné et suivre sa proie jusque chez elle en prenant soin de noter ses habitudes ou bien totalement spontané en tuant sur un simple coup de tête. S'il n'a pas d'objection à participer au massacre d'un couple et de leur enfant, l'inceste et la nécrophilie restent cependant des pratiques auxquelles il se refuse. Exerçant le métier d'exterminateur de cafards, Henry montre, lorsqu'il n'est pas pris d'une furie meurtrière, le visage d'un honnête citoyen.


Ottis Toole est l'ami de Henry. Les deux hommes vivent ensemble dans un taudis et ne partagent pas au départ le même goût pour le meurtre. C'est Henry qui initie Ottis à cette pratique. Ce dernier prend très vite goût au penchant morbide de son ami. Si Henry revêt le visage du tueur froid, Ottis pratique dorénavant le meurtre de manière ludique. Il y prends très vite goût. A tel point qu'il devient très vite esclave de cette nouvelle "passion". Contrairement à Henry, ce dernier n'oppose aucune espèce de résistance aux pires exactions. Frère de la jeune Becky, il tente à plusieurs reprises d'avoir des relations sexuelles avec elle. Mais Henry veille à ce que son ami n'aille pas jusqu'au bout de ses fantasmes et protège la jeune femme des pulsions de son frère ainé. 


L'arrivée de Becky dans la vie ambiguë de couple hors norme va détruire le peu d'homogénéité qui s'est jusqu'alors imposée entre les deux hommes. S'ils perpétuent ensemble un nombre croissant d'assassinats, il ne se ressemblent en revanche pratiquement pas. Ottis est pervers et sadique quand Henry lui ne fait que tenter de se "guérir" d'un passé traumatisant qu'il ne parvient pas à oublier.


Une amitié sincère nait entre Henry et Becky. On pense même qu'elle seule semble capable de le soigner de ses blessures mais c'est bien l'arrivée de la jeune femme qui va faire "exploser" le quotidien sordide des deux assassins.


"Henry, Portrait Of A Serial Killer" se traine depuis sa sortie en 1986, une sérieuse réputation de film violent, glauque et sanglant. Au regard de classiques tels que "Maniac" et "Schizophrenia" le film se révèle en réalité plutôt sobre. Le sang n'y coule pas tant que ça, et la violence y est plus souvent sous-jacente. Quand à l'aspect morbide, il est très certainement représenté par la seule scène véritablement "difficile" du film durant laquelle Henry et Ottis perpétuent un massacre dans la demeure d'un couple et de leur enfant. Filmée à l'aide d'une caméra amateur, la scène se révèle assurément d'un réalisme assez troublant. Comme les deux films précités ou bien encore l'excellent "Seul Contre Tous" de Gaspard Noé, John McNaughton privilégie le portrait d'un tueur en série plutôt qu'une enquête policière classique. On ne verra d'ailleurs jamais la police intervenir dans aucune d'entre elles. D'un point de vue horrifique, et si l'on zappe toute relation avec l'histoire véridique d'Henry Lee Lucas, le film peut se voir comme un pur film d'épouvante jouant sur une atmosphère quelque peu malsaine mais relativement avare en scène sanguinolentes. D'un point de vue dramatique, le film revêt par contre une apparence particulièrement dérangeante, surtout pour ceux qui s'attendraient à un biopic et surtout pas à un film d'horreur. L'image, l'interprétation et les décors témoignent d'un budget ridicule et c'est bien la mise en scène de John McNaughton et le jeu de Mickael Rooker qui font de "Henry, Portrait Of A Serial Killer" un classique instantané. 


Ce qui dérange dans ce film, c'est la complicité qui se crée entre le tueur et le spectateur, et volontairement mise en œuvre par le cinéaste. Mais peut-être aussi est-ce parce qu'au classique bestiaire fantastique, McNaughton a choisit de montrer le visage d'un vrai monstre et des conséquences qu'ont pu avoir sur lui son enfance et le monde qui l'entoure. L'un des aspects les plus terrifiants du film est le détachement avec lequel Henry et Ottis perpétuent leurs crimes. La ville des états-Unis dans laquelle se situe l'action sert de bac à sable à un binôme de monstres dont les mobiles sont bien différents. Henry se révèle beaucoup moins abjecte que son confrère et même si l'on ne peut à aucun moment légitimer ses actes, on peut malgré tout les comprendre. Ce qui n'est pas le cas d'Ottis qui tue dans l'unique but de s'offrir un moment de pur plaisir orgasmique que pas même une relation sexuelle normale ne semble pouvoir remplacer. C'est en partie ce qui mettra un terme à leur relation, les deux hommes n'ayant objectivement pas grand chose en commun...



… à la réalité.

Si le film marque les esprits, il n'est cependant rien en comparaison de l'histoire dont s'est inspiré John McNaughton. Celle de l'un des plus grands tueurs en série de tous les temps. Petit, Henry fut victime de la perversité de sa mère. Cette dernière obligeait son fils à se vêtir de vêtements féminins et le contraignait à assister à ses ébats de prostituée. Le père d'Henry perdit ses deux jambes sur une voie ferrée et mourut de froid une nuit d'hiver alors qu'il se trainait jusque devant la demeure familiale dont sa femme lui refusait l'accès. On suppose qu'Henry aurait perpétré son premier meurtre à l'age de quatorze ans mais ce qui est certain, c'est qu'il tua sa mère alors qu'il n'en n'avait que vingt-quatre. Condamné à plus de vingt ans de prison, il est libéré après dix ans de réclusion et fait bientôt la connaissance d'Ottis Toole qui deviendra son complice et son amant. Si Becky a bien existé, elle n'a jamais été la soeur d'Ottis mais sa nièce. Henry alla jusqu'à l'enlever et la tuer. Le tueur fut condamné pour ce crime et avoua alors être l'auteur de plus de six-cents meurtres. Mythomane avéré, "seulement" deux-cents meurtres purent être authentifier alors que d'autres, ayant eu lieu le même jour mais dans des états bien trop éloignés les uns des autres pour être perpétrés par Lucas lui-même ne purent lui être incombé. Henry Lee Lucas mourut en prison à l'âge de soixante-cinq ans


Si le scénario se focalise avant tout sur le personnage de Henry Lee Lucas, le pedigree de son véritable complice Ottis Toole a de quoi faire frémir. S'il a commis bien moins de meurtres que son acolyte, c'est l'image de cannibale et de pyromane qui retiennent l'attention. Violé par son père ainsi que par son beau-père, sa sœur l'oblige à se prostituer et sa grand-mère le familiarise avec le satanisme. Ensemble, ils participent à des sacrifices d'animaux et à des profanations de cadavres que sa grand-mère exhume dans des cimetières. Comme Henry, il tue pour la première fois à l'age de quatorze ans et pratique l'anthropophagie sur sa victime. C'est sa rencontre avec Henry Lee Lucas qui va accentuer son goût pour le meurtre. Il tuera à six reprise mais ira jusqu'à confesser plus d'une centaine de meurtres. Tout comme Henry, sa peine de mort fut commuée en prison à vie. Il mourut lui-même en prison du sida à l'age de quarante-neuf ans.

3 commentaires:

  1. Effrayant et inimaginable...
    Et maintennat, dis-moi, comment vais-je dormir après avoir lu tes lignes et regardé ces photos ? :-§

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  2. Très bon article, Coin-Coin le Trekkie. Tom amour pour ce film qui ne laisse pas indifférent est bien retranscrit. J'ai personnellement des difficultés à le voir. Je le trouve très réussi mais il m'est insoutenable. J'avais abordé Henri sur mon blog pour m'expliquer : http://doncacte-nonmais.blogspot.com/2011/10/henry-portrait-of-serial-killer.html. En complément de ton article, je pense que j'avais déterminé, à mon avis, le caractère perturbant d'Henri en le liant à la mise en scène de Naughton : "Ce spectacle est difficile à visionner car la mise en scène n'émet pas d'avis sur ses sujets d'études fictionnels. Elle les expose sans filtres. McNaughton joue surtout sur l'ellipse et la suggestion. Le spectateur participe alors à la narration, et, le fait d'imaginer, par exemple, une scène de nécrophilie présentée sans être achevée à l'écran inspire le développement à l'esprit. Même s'il n'est pas nécessaire de se plier à cet exercice, les âmes sensibles peuvent s'abstenir de regarder Henry, portrait of a serial killer pour toute l'horreur induite pour peu que ce spectateur soit aisément bouleversé par les idées dérangeantes que sa pensée (sous influence extérieure) peut fournir."

    Voilà qui me rappelle que ce film est indéniablement une réussite, qu'on puisse le regarder ou pas :D

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  3. Hum, "un classique instantané"... Je connais ce film, mais ayant craint qu'il ait très mal vieilli, je ne l'ai pas encore regardé. Je vais reconsidérer ma position !!!

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