Après deux
''divertissements'' basés l'un sur une parodie de Slasher
et l'autre sur le thème du confinement, retour à la Blaxploitation
avec l'un des exemples les plus inattendus puisque Mean
Mother
d'Al Adamson repose tout d'abord sur l’œuvre du réalisateur,
scénariste, producteur et acteur argentin León Klimovsky qui en
1971 signa El Hombre que vino
del Odio,
thriller dans lequel un soldat américain de la Guerre du Viêt Nam
(l'acteur (Dennis Safre dans le rôle de Joe) déserta pour se rendre
à Rome, en Italie, pour y kidnapper une danseuse albanaise. De ce
produit brut dont Al Adamson et son partenaire Sam Sherman de la
société Independent-International
ont alors l'intention de reprendre le concept, le second doute du
succès que pourrait rencontrer leur version dans les drive-in
américains. Sam Sherman demande alors à son ami et collaborateur
de couper une quarantaine de minutes et d'injecter à leur propre
vision de l’œuvre de l'argentin, de nouvelles séquences et ainsi
transformer le long-métrage en film de Blaxploitation.
En résulte sur les écrans de cinéma en 1972, une oeuvre assez
particulière découpée en intrigues distinctes interprétées par
deux personnages qui se connaissent depuis la Guerre du Viêt Nam où
l'un comme l'autre, chacun a choisi de déserter. Le premier
s'échappant vers l'Espagne tandis que le second se réfugiera en
Italie. Bien avant que les deux hommes incarnés par Dennis Safren
(qui reprend donc le rôle de Joe qu'il tint dans El
Hombre que vino del Odio)
et Dobie Gray (lequel incarne Beauregard Jones sous le pseudonyme de
Clifton Brown) prennent la décision de prendre la fuite vers le
Canada après avoir réuni chacun de leur côté suffisamment
d'argent, Mean Mother
décrit les turpitudes de l'un et de l'autre en Europe. Joe va
effectivement être employé par des malfrats pour un transport de
pièces de collection. Payé à hauteur des risques qu'il a pris,
l'homme prend goût à l'argent ''facile'' jusqu'à cet instant
précis de sa rencontre avec la russe Nadia (interprété par
l'actrice italienne Bedy Moratti) qui lors d'une extraction porte au
doigt une bague dont la valeur sera évaluée à cinquante-mille
dollars...
Quant
à Beauregard Jones, après avoir aidé une jeune femme à se sortir
des griffes de bandits lui réclamant des plaques de grande valeur
qu'elle a volées à leurs boss, notre héros sera trahi par la jeune
femme tout en étant soupçonné d'avoir gardé pour lui les objets
du litige en question. Mean
Mother
est donc un curieux film lors duquel les différentes rencontres
entre les deux interprètes principaux ne s'effectueront qu'au début
et vers la fin du récit. Et pour cause. Alors qu'Al Adamson fut
responsables des nouvelles séquences tournées pour cette nouvelle
version destinée au marché américain, León Klimovsky est crédité
comme second réalisateur du film, alors chargé d'implémenter aux
nouvelles images, un certain nombres de scènes tournées un an
auparavant au profit de son El
Hombre que vino del Odio.
Mean Mother
prend alors des allures de long-métrage splité, passant d'un récit
à un autre jusqu'à ce que les deux anciens déserteurs se
retrouvent à nouveau. Le résultat est on en peut plus curieux et il
va parfois falloir au spectateur se donner à l'exercice de la
patience pour remettre dans l'ordre cette histoire qui mêle deux
scripts à la fois. Pas vraiment déplaisant à regarder, le
long-métrage d'Al Adamson souffre malgré tout d'un budget
apparemment étriqué. Les scènes de bagarres étant visiblement
toutes effectuées par les acteurs eux-mêmes, pour qu'aucun blessure
en vienne entacher la réalisation du long-métrage, le personnage
incarné par Dobie Gray et ceux interprétés par ses partenaires
dans les rôles des criminels souffrent de n'être jamais capables de
simuler les coups portés les uns aux autres. En résulte des combats
(z)édifiants, réalisés au ralenti, pour un résultat proche du
cinéma z que du véritable cinéma d'action. De surcroît, le film,
qui se veut être un long-métrage de Blaxploitation
ne l'est que partiellement puisque les séquences empruntées à El
Hombre que vino del Odio
n'étaient à l'époque du tournage du long-métrage de León
Klimovsky, pas prévues comme telles...