Pour cet article, j'ai
tout d'abord hésité entre une comédie française et ce que l'on
pourrait comparer à une sorte de ''pseudo'' ou de ''néo'' giallo
italien tant l’œuvre en question tend à s'éloigner des codes du
genre pour aborder son sujet sous d'autres formes que le simple tueur
en série énigmatique assassinant ses proies le visage masqué, les
mains gantées de noir et à l'aide d'un couteau ou de toute autre
arme contondante. D'un côté donc, L'oeil au beur(e) noir
de Serge Meynard. Comédie bien de chez nous qui malgré un sujet qui
persiste à faire l'actualité dans le monde merveilleux et parfois
démagogique du septième art, est tout de même vieille de près de
quarante ans. Incarnée principalement par Pascal légitimus, Julie
Jézéquel et Smaïn en mode ''Black-Blanc(he)-Beur,
le film reste sympathique même si son humour est devenu au fil du
temps aussi éculé que celui du Théâtre
de Bouvard
qui entre 1982 et 1987 allait, sans forcément le savoir, lancer la
carrière de nombre de futurs humoristes et acteurs. Mimie Mathy, le
futur trio Les
Inconnus,
ou le duo Chevalier
et Laspalès,
Jean-François
Dérec, Smaïn, Bruno Gaccio, Jean-Marie Bigard et des dizaines
d'autres. Un film donc beaucoup trop anecdotique au regard de Un
Delitto Poco Comune
traduit chez nous sous le titre Le tueur de la
pleine lune.
Rien à voir avec la lycanthropie ou même simplement avec l'idée
d'un protagoniste atteint d'hypertrichose. Non, ici, le sujet est
beaucoup plus subtile et original et ferait presque regretter que le
scénario de Gigliola Battaglini, Gianfranco Clerici et Vincenzo
Mannino n'ait pas été plutôt confié à l'immense réalisateur et
scénariste canadien David Cronenberg plutôt qu'à l'italien Ruggero
Deodato. Car avec tout le respect que l'on se doit d'avoir pour
l'auteur de l'un des premiers found
footage
de l'histoire du cinéma (le traumatisant Cannibal
Holocaust en
1980), lui avoir mis entre les mains un tel script revint à gâcher
tout ou partie de son potentiel dramatique. Bien que le
lien qui hypothétiquement unit Un Delitto Poco Comune
à The Fly
(lequel vit le jour en salle un peu moins de deux ans auparavant)
soit des plus minces, il est difficile de ne pas imaginer que le
chef-d’œuvre du Maître incontesté du Body
Horror
n'ait pas inspiré les scénaristes ou le réalisateur italiens.
Si
en 1986, le scénario de David Cronenberg et Charles Edward Pogue
mettait en scène le scientifique Seth Brundle (magnifique Jeff
Goldblum) qui après avoir expérimenté une machine de téléportation
de sa propre invention se muait peu à peu en un monstrueux hybride
après qu'une mouche se soit manifestement introduite dans le
télépod, deux ans plus tard le héros de Delitto
Poco Comune qu'allait
à son tour interpréter l'acteur britannique Michael York devrait
faire face à une transformation physique sans doute visuellement
moins impressionnante mais dont les conséquences seraient tout aussi
funestes. Alors que dans The Fly,
la lente agonie du scientifique allait avoir en outre de lourdes
conséquences sur sa relation passionnée avec la journaliste
Veronica Quaife (sublime Genna Davis), celle de Robert Dominici et de
Hélène Martell (la franco-italienne Edwige Fenech) allait elle
aussi être condamnée à court terme. Quelques mois seulement,
raccourcis par de grossières ellipses, contraintes par la durée
pourtant raisonnable du long-métrage (quatre-vingt quatorze
minutes). Delitto Poco Comune
met en scène un pianiste de renommée internationale qui depuis peu
se sait condamné. En effet, si la Progéria est une maladie
génétique rare qui touche un nombre infinitésimal d'enfants, il
est encore plus rare qu'elle se déclare chez l'adulte. Et pourtant,
c'est de cela dont il s'agit. Au fil du récit, le personnage
interprété par Michael York se transforme,se détériore, jusqu'à
avoir le visage qui s'emplisse de rides et qu'il parvienne de moins
en moins à tenir sur ses jambes. On louera d'ailleurs les
effets-spéciaux de vieillissement plutôt convaincants. Du bel homme
à qui tout réussi et que les femmes idolâtrent, le voici qui
périclite physiquement mais aussi intellectuellement. La maladie
ayant des conséquences sur son esprit, le pianiste se transforme en
un tueur implacable qui, comme il le dira d'ailleurs lui-même,
déteste les jeunes parce qu'ils ont toute la vie devant eux et les
vieux parce qu'ils ont vécu la leur mais continuent à s'y
accrocher ! Un constat terriblement tragique qui fait de
Delitto Poco Comune
une œuvre hybride relativement étonnante et qui malgré ses
nombreux défauts de mise en scène, d'esthétique (on dirait un
pauvre téléfilm du dimanche après-midi) et parfois d'écriture
fait donc regretter qu'elle n'ait pas été confiée à un artiste
dont la sensibilité l'aurait sans doute amenée à des sommets
d'émotion auxquels malheureusement le film échappe très souvent
malgré tout le talent que l'on peut prêter à sa vedette. Notons
que parmi les interprètes Donald Pleasence incarne l'inspecteur
Datti, chargé d'enquêter sur la série de meurtres commis par
Robert Dominici (avec lequel il communique malgré tout par
téléphone) et que la partition musicale fut confiée à l'excellent
compositeur italien Pino Donnagio (Body Double
de Brian de Palma) qui signe une œuvre parfois remarquable qui
permet malgré tout au long-métrage de Ruggero Deodato de dépasser
le simple stade d’œuvre surfaite. Étonnant...
Et voila, c'est parti :-) Je commence tout doucement, au gré des idées qui me viennent.
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