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mercredi 12 février 2025

Un Delitto Poco Comune de Ruggero Deodato (1988) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Pour cet article, j'ai tout d'abord hésité entre une comédie française et ce que l'on pourrait comparer à une sorte de ''pseudo'' ou de ''néo'' giallo italien tant l’œuvre en question tend à s'éloigner des codes du genre pour aborder son sujet sous d'autres formes que le simple tueur en série énigmatique assassinant ses proies le visage masqué, les mains gantées de noir et à l'aide d'un couteau ou de toute autre arme contondante. D'un côté donc, L'oeil au beur(e) noir de Serge Meynard. Comédie bien de chez nous qui malgré un sujet qui persiste à faire l'actualité dans le monde merveilleux et parfois démagogique du septième art, est tout de même vieille de près de quarante ans. Incarnée principalement par Pascal légitimus, Julie Jézéquel et Smaïn en mode ''Black-Blanc(he)-Beur, le film reste sympathique même si son humour est devenu au fil du temps aussi éculé que celui du Théâtre de Bouvard qui entre 1982 et 1987 allait, sans forcément le savoir, lancer la carrière de nombre de futurs humoristes et acteurs. Mimie Mathy, le futur trio Les Inconnus, ou le duo Chevalier et Laspalès, Jean-François Dérec, Smaïn, Bruno Gaccio, Jean-Marie Bigard et des dizaines d'autres. Un film donc beaucoup trop anecdotique au regard de Un Delitto Poco Comune traduit chez nous sous le titre Le tueur de la pleine lune. Rien à voir avec la lycanthropie ou même simplement avec l'idée d'un protagoniste atteint d'hypertrichose. Non, ici, le sujet est beaucoup plus subtile et original et ferait presque regretter que le scénario de Gigliola Battaglini, Gianfranco Clerici et Vincenzo Mannino n'ait pas été plutôt confié à l'immense réalisateur et scénariste canadien David Cronenberg plutôt qu'à l'italien Ruggero Deodato. Car avec tout le respect que l'on se doit d'avoir pour l'auteur de l'un des premiers found footage de l'histoire du cinéma (le traumatisant Cannibal Holocaust en 1980), lui avoir mis entre les mains un tel script revint à gâcher tout ou partie de son potentiel dramatique. Bien que le lien qui hypothétiquement unit Un Delitto Poco Comune à The Fly (lequel vit le jour en salle un peu moins de deux ans auparavant) soit des plus minces, il est difficile de ne pas imaginer que le chef-d’œuvre du Maître incontesté du Body Horror n'ait pas inspiré les scénaristes ou le réalisateur italiens.


Si en 1986, le scénario de David Cronenberg et Charles Edward Pogue mettait en scène le scientifique Seth Brundle (magnifique Jeff Goldblum) qui après avoir expérimenté une machine de téléportation de sa propre invention se muait peu à peu en un monstrueux hybride après qu'une mouche se soit manifestement introduite dans le télépod, deux ans plus tard le héros de Delitto Poco Comune qu'allait à son tour interpréter l'acteur britannique Michael York devrait faire face à une transformation physique sans doute visuellement moins impressionnante mais dont les conséquences seraient tout aussi funestes. Alors que dans The Fly, la lente agonie du scientifique allait avoir en outre de lourdes conséquences sur sa relation passionnée avec la journaliste Veronica Quaife (sublime Genna Davis), celle de Robert Dominici et de Hélène Martell (la franco-italienne Edwige Fenech) allait elle aussi être condamnée à court terme. Quelques mois seulement, raccourcis par de grossières ellipses, contraintes par la durée pourtant raisonnable du long-métrage (quatre-vingt quatorze minutes). Delitto Poco Comune met en scène un pianiste de renommée internationale qui depuis peu se sait condamné. En effet, si la Progéria est une maladie génétique rare qui touche un nombre infinitésimal d'enfants, il est encore plus rare qu'elle se déclare chez l'adulte. Et pourtant, c'est de cela dont il s'agit. Au fil du récit, le personnage interprété par Michael York se transforme,se détériore, jusqu'à avoir le visage qui s'emplisse de rides et qu'il parvienne de moins en moins à tenir sur ses jambes. On louera d'ailleurs les effets-spéciaux de vieillissement plutôt convaincants. Du bel homme à qui tout réussi et que les femmes idolâtrent, le voici qui périclite physiquement mais aussi intellectuellement. La maladie ayant des conséquences sur son esprit, le pianiste se transforme en un tueur implacable qui, comme il le dira d'ailleurs lui-même, déteste les jeunes parce qu'ils ont toute la vie devant eux et les vieux parce qu'ils ont vécu la leur mais continuent à s'y accrocher ! Un constat terriblement tragique qui fait de Delitto Poco Comune une œuvre hybride relativement étonnante et qui malgré ses nombreux défauts de mise en scène, d'esthétique (on dirait un pauvre téléfilm du dimanche après-midi) et parfois d'écriture fait donc regretter qu'elle n'ait pas été confiée à un artiste dont la sensibilité l'aurait sans doute amenée à des sommets d'émotion auxquels malheureusement le film échappe très souvent malgré tout le talent que l'on peut prêter à sa vedette. Notons que parmi les interprètes Donald Pleasence incarne l'inspecteur Datti, chargé d'enquêter sur la série de meurtres commis par Robert Dominici (avec lequel il communique malgré tout par téléphone) et que la partition musicale fut confiée à l'excellent compositeur italien Pino Donnagio (Body Double de Brian de Palma) qui signe une œuvre parfois remarquable qui permet malgré tout au long-métrage de Ruggero Deodato de dépasser le simple stade d’œuvre surfaite. Étonnant...

 

1 commentaire:

  1. Et voila, c'est parti :-) Je commence tout doucement, au gré des idées qui me viennent.
    A+

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