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mardi 11 février 2025

Minaccia d'Amore de Ruggero Deodato (1988) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Actrice d'origine londonienne, Charlotte Lewis débute sa carrière sur le petit écran dans la série Grange Hill alors qu'elle n'est encore qu'une enfant. C'est à l'âge de dix-huit ans alors qu'elle est une toute jeune adulte qu'elle tourne dans son premier grand film. Et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit de Pirates du réalisateur franco-polonais Roman Polanski qu'elle tourne à ses côtés après l'avoir rencontré alors qu'elle n'était âgée que de seize ans. D'ailleurs, elle et son avocate Gloria Allred accuseront en 2010 le cinéaste d'agressions sexuelles qui prétendument eurent lieu avant le début du tournage, en 1983, dans l'appartement de l'accusé. Bref, la jeune actrice incarne un nouveau rôle sur grand écran la même année que le long-métrage de Roman Polanski en interprétant le personnage de Kee Nang dans The Golden Child de Michael Ritchie. Et cela, avant de se retrouver au centre de l'intrigue de Minaccia d'Amore du réalisateur italien Ruggero Deodato, traduit chez nous sous le titre Angoisse sur la ligne (à ne pas confondre avec Terreur sur la ligne de Fred Walton qui vit le jour en 1979) sans pour autant connaître une sortie dans l'hexagone. Maintenant que le cinéaste italien en a terminé avec ses films de cannibales formés autour de la trilogie constituée de Ultimo Mondo Cannibale en 1977, Cannibal Holocaust en 1980 et de Inferno in Diretta en 1984, il peut désormais passer à autre chose tout en continuant à tourner dans le genre qui le rendit célèbre : le cinéma d'horreur. Sept ans après la polémique entourant le second volet de sa trilogie qui notamment fut un temps accusé d'être un Snuff Movie avant que le réalisateur ne soit obligé de convoquer les interprètes afin de prouver qu'ils étaient encore bien vivants, la jeune actrice et mannequin il convie l'actrie anglaise qui incarne alors dans Minaccia d'Amore le personnage de Jenny Cooper, un modèle exerçant son métier à Rome qui après avoir passé un coup de téléphone à une association d'aide aux personnes en difficultés affectives (la jeune femme et son compagnon viennent effectivement de se séparer) va se retrouver au cœur d'une longue, pénible et meurtrière série d'événements dramatiques.


En effet, à la suite du coup de fil en question, Jenny va rapidement être la témoin de phénomènes étranges qui semblent être tout d'abord le fait d'un obsédé qui la traque en se servant des services de communication téléphoniques avant qu'elle ne se rende compte d'incidents qui semblent relever du paranormal. Difficile dans ce cas là pour la jeune femme d'être prise au sérieux. Mais lorsque les cadavres commencent à s'empiler autour d'elle, Jenny va tout de même pouvoir compter sur l'aide et le soutien de son voisin de pallier Riccardo (l'acteur Marcello Modugno)... Aussi affreuse que puisse être la partition musicale de Claudio Simonetti, pourtant membre fondateur et éminent du groupe de rock progressif italien Goblin qui dans les années soixante-dix signa notamment quelques divines bandes originales de films (celles de Profondo Rosso ou Suspiria de Dario Argento, de la version européenne de Dawn of the Dead de George Romero alors renommé Zombie, de Buio Omega de Joe D'Amato ou encore celle de Contamination de Luigi Cozzi) et aussi laids que puissent être également la photographie de Renato Tafuri et le choix des environnements de Massimo Antonello Geleng, Minaccia d'Amore s'avère pourtant tout de même plus digeste que la plupart des œuvres horrifiques italiennes à avoir vu le jour en cette seconde moitié des années quatre-vingt. Difficile en effet d'accorder un quelconque crédit artistique à cette bande jouée avec les pieds et qui aura sans doute besoin de deux visionnages pour convaincre de son utilité. Non pas dans le cercle des amateurs de films d'horreur de bon goût mais plutôt dans celui des fans de nanars! Car indépendamment du fait que Minaccia d'Amore ne soit pas du tout effrayant, déclaration dont la légitimité repose sur l'assommante musique et par le jeu outrancier et bancal de Charlotte Lewis, le long-métrage de Ruggero Deodato se constitue parfois lui-même comme une anthologie de l'invraisemblable qui force quasiment le respect. On l'aura compris rapidement, ici, pas de pervers se caressant la nouille au téléphone. Plutôt un phénomène auquel le script du réalisateur et de ses scénaristes Joseph Cavara, Mary Cavara et Franco Ferrini tentent difficilement d'apporter une explication lors de l'intervention d'un spécialiste des ondes (l'autrichien William Berger dans le rôle du Professeur Klein) qui après avoir été approché par les deux nouveaux amis va mourir à son tour dans des conditions hors du commun. En effet, doté d'un pacemaker, celui-ci va exploser à proximité de Jenny qui est ''branchée'' sur le téléphone du service d'accueil d'un aéroport.


L'occasion d'un plan bien gore voyant la poitrine de la victime éclater et sortir de sa cage thoracique ! Cette séquence ne sera d'ailleurs pas la seule à bénéficier d'un quota de sang appréciable puisque plus tôt, après que la jeune mannequin aura été agressée par un inconnu dans le métro, celui-ci sera tué à coups de pièces de monnaie fichées dans le visage et le corps. Des scènes plutôt graphiques, originales et amusantes. Pour le reste, beaucoup de blablas mais aussi, parfois, de séquences parfaitement lunaires ou improbables. Lunaire ? Oui. Comme ce pompier qui après avoir éteint l'incendie qui s'est déclaré chez notre héroïne la convie à venir s'installer chez lui afin qu'à son tour elle éteigne le sien, de feu !!! Vous aurez compris l'allusion... Improbable ? Bien entendu. Notamment lorsque assise sur le banc d'un parc, et comme si la jeune femme n'était pas suffisamment victime de ce merveilleux outil qu'est le téléphone, Jenny voit débarquer subitement et sans prévenir un gamin qui lui tend... un téléphone... En plein parc ! Et pas l'un de ces jouets très colorés qui furent produits dans les années quatre-vingt à l'attention de nos chère têtes blondes, non ! Un vrai. Aux couleurs ternes. Avec son cadran, son crochet commutateur, son microphone et.... et..... ET.... son câble d'alimentation que le gamin, pour le faire fonctionner vu que nous sommes dans un parc, s'est sûrement branché dans le c..... !!! Irréaliste ? Teuh, teuh, teuh, tu pense bien que Ruggero et les trois lascars qui furent chargés de l'écriture s'en tapèrent l'arrière-train ! Lascars ? Ben ouais, vu l'usage que l'équipe fera de leur principale interprète une fois que tout aura été mis en place. À ce moment très précis où sans doute le spectateur commencera à bailler, voilà que Jenny, tanquée comme un obus de compétition mais dont le timbre de voix ne changera pas d'un iota (en tout cas dans notre langue) malgré le monceau d'événements dramatiques qui jusqu'ici l'ont poursuivie, décide de prendre un bain. Vêtue de ses bottes, d'un soutien-gorge, d'une culotte et d'un porte-jarretelles de couleur sombre. Un bain dans lequel la jeune femme est presque toute habillée mais dont l'eau, excusez-moi pour la comparaison, a l'allure d'un réservoir dans lequel se seraient soulagés la vessie la totalité des participants au festival Oktoberfest de la bière à Munich ! Pas vraiment sexy, hum ? Bref, pour revenir aux choses sérieuses, Minaccia d'Amore ne ''tient la route'' que grâce à quelques délires propres au cinéma d'horreur italien des années 80, où l'improbable le dispute à un montage chaotique, où l'écriture par dans tous les sens, où l'interprétation est l'occasion de nombreuses barres de rire, où la sexualisation de l'héroïne est le seul lien ou presque qui retient le spectateur devant son écran...


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