Actrice d'origine
londonienne, Charlotte Lewis débute sa carrière sur le petit écran
dans la série Grange Hill
alors qu'elle n'est encore qu'une enfant. C'est à l'âge de dix-huit
ans alors qu'elle est une toute jeune adulte qu'elle tourne dans son
premier grand film. Et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit de
Pirates
du réalisateur franco-polonais Roman Polanski qu'elle tourne à ses
côtés après l'avoir rencontré alors qu'elle n'était âgée que
de seize ans. D'ailleurs, elle et son avocate Gloria Allred
accuseront en 2010 le cinéaste d'agressions sexuelles qui
prétendument eurent lieu avant le début du tournage, en 1983, dans
l'appartement de l'accusé. Bref, la jeune actrice incarne un
nouveau rôle sur grand écran la même année que le long-métrage
de Roman Polanski en interprétant le personnage de Kee Nang dans The
Golden Child
de Michael Ritchie. Et cela, avant de se retrouver au centre de
l'intrigue de Minaccia d'Amore
du réalisateur italien Ruggero Deodato, traduit chez nous sous le
titre Angoisse sur la ligne
(à ne pas confondre avec Terreur sur la ligne de
Fred Walton qui vit le jour en 1979) sans pour autant connaître une
sortie dans l'hexagone. Maintenant que le cinéaste italien en a
terminé avec ses films de cannibales formés autour de la trilogie
constituée de Ultimo Mondo Cannibale
en 1977, Cannibal Holocaust
en 1980 et de Inferno in Diretta
en 1984, il peut désormais passer à autre chose tout en continuant
à tourner dans le genre qui le rendit célèbre : le cinéma
d'horreur. Sept ans après la polémique entourant le second volet de
sa trilogie qui notamment fut un temps accusé d'être un Snuff
Movie
avant que le réalisateur ne soit obligé de convoquer les
interprètes afin de prouver qu'ils étaient encore bien vivants, la
jeune actrice et mannequin il convie l'actrie anglaise qui incarne
alors dans Minaccia d'Amore
le personnage de Jenny Cooper, un modèle exerçant son métier à
Rome qui après avoir passé un coup de téléphone à une
association d'aide aux personnes en difficultés affectives (la jeune
femme et son compagnon viennent effectivement de se séparer) va se
retrouver au cœur d'une longue, pénible et meurtrière série
d'événements dramatiques.
En
effet, à la suite du coup de fil en question, Jenny va rapidement
être la témoin de phénomènes étranges qui semblent être tout
d'abord le fait d'un obsédé qui la traque en se servant des
services de communication téléphoniques avant qu'elle ne se rende
compte d'incidents qui semblent relever du paranormal. Difficile dans
ce cas là pour la jeune femme d'être prise au sérieux. Mais
lorsque les cadavres commencent à s'empiler autour d'elle, Jenny va
tout de même pouvoir compter sur l'aide et le soutien de son voisin
de pallier Riccardo (l'acteur Marcello Modugno)... Aussi affreuse que
puisse être la partition musicale de Claudio Simonetti, pourtant
membre fondateur et éminent du groupe de rock progressif italien
Goblin qui
dans les années soixante-dix signa notamment quelques divines bandes
originales de films (celles de Profondo Rosso
ou Suspiria
de Dario Argento, de la version européenne de Dawn
of the Dead
de George Romero alors renommé Zombie,
de Buio Omega
de Joe D'Amato ou encore celle de Contamination
de Luigi Cozzi) et aussi laids que puissent être également la
photographie de Renato Tafuri et le choix des environnements de
Massimo Antonello Geleng, Minaccia d'Amore
s'avère pourtant tout de même plus digeste que la plupart des
œuvres horrifiques italiennes à avoir vu le jour en cette seconde
moitié des années quatre-vingt. Difficile en effet d'accorder un
quelconque crédit artistique à cette bande jouée avec les pieds et
qui aura sans doute besoin de deux visionnages pour convaincre de son
utilité. Non pas dans le cercle des amateurs de films d'horreur de
bon goût mais plutôt dans celui des fans de nanars! Car
indépendamment du fait que Minaccia d'Amore
ne soit pas du tout effrayant, déclaration dont la légitimité
repose sur l'assommante musique et par le jeu outrancier et bancal de
Charlotte Lewis, le long-métrage de Ruggero Deodato se constitue
parfois lui-même comme une anthologie de l'invraisemblable qui force
quasiment le respect. On l'aura compris rapidement, ici, pas de
pervers se caressant la nouille au téléphone. Plutôt un phénomène
auquel le script du réalisateur et de ses scénaristes Joseph
Cavara, Mary Cavara et Franco Ferrini tentent difficilement
d'apporter une explication lors de l'intervention d'un spécialiste
des ondes (l'autrichien William Berger dans le rôle du Professeur
Klein) qui après avoir été approché par les deux nouveaux amis va
mourir à son tour dans des conditions hors du commun. En effet, doté
d'un pacemaker, celui-ci va exploser à proximité de Jenny qui est
''branchée'' sur le téléphone du service d'accueil d'un aéroport.
L'occasion
d'un plan bien gore voyant la poitrine de la victime éclater et
sortir de sa cage thoracique ! Cette séquence ne sera
d'ailleurs pas la seule à bénéficier d'un quota de sang
appréciable puisque plus tôt, après que la jeune mannequin aura
été agressée par un inconnu dans le métro, celui-ci sera tué à
coups de pièces de monnaie fichées dans le visage et le corps. Des
scènes plutôt graphiques, originales et amusantes. Pour le reste,
beaucoup de blablas mais aussi, parfois, de séquences parfaitement
lunaires ou improbables. Lunaire ? Oui. Comme ce pompier qui
après avoir éteint l'incendie qui s'est déclaré chez notre
héroïne la convie à venir s'installer chez lui afin qu'à son tour
elle éteigne le sien, de feu !!! Vous aurez compris
l'allusion... Improbable ? Bien entendu. Notamment lorsque
assise sur le banc d'un parc, et comme si la jeune femme n'était pas
suffisamment victime de ce merveilleux outil qu'est le téléphone,
Jenny voit débarquer subitement et sans prévenir un gamin qui lui
tend... un téléphone... En plein parc ! Et pas l'un de ces
jouets très colorés qui furent produits dans les années
quatre-vingt à l'attention de nos chère têtes blondes, non !
Un vrai. Aux couleurs ternes. Avec son cadran, son crochet
commutateur, son microphone et.... et..... ET.... son câble
d'alimentation que le gamin, pour le faire fonctionner vu que nous
sommes dans un parc, s'est sûrement branché dans le c..... !!!
Irréaliste ? Teuh, teuh, teuh, tu pense bien que Ruggero et les
trois lascars qui furent chargés de l'écriture s'en tapèrent
l'arrière-train ! Lascars ? Ben ouais, vu l'usage que l'équipe
fera de leur principale interprète une fois que tout aura été mis
en place. À ce moment très précis où sans doute le spectateur
commencera à bailler, voilà que Jenny, tanquée comme un obus de
compétition mais dont le timbre de voix ne changera pas d'un iota
(en tout cas dans notre langue) malgré le monceau d'événements
dramatiques qui jusqu'ici l'ont poursuivie, décide de prendre un
bain. Vêtue de ses bottes, d'un soutien-gorge, d'une culotte et d'un
porte-jarretelles de couleur sombre. Un bain dans lequel la jeune
femme est presque toute habillée mais dont l'eau, excusez-moi pour
la comparaison, a l'allure d'un réservoir dans lequel se seraient
soulagés la vessie la totalité des participants au festival
Oktoberfest
de la bière à Munich ! Pas vraiment sexy, hum ? Bref,
pour revenir aux choses sérieuses, Minaccia
d'Amore
ne ''tient la route'' que grâce à quelques délires propres au
cinéma d'horreur italien des années 80, où l'improbable le dispute
à un montage chaotique, où l'écriture par dans tous les sens, où
l'interprétation est l'occasion de nombreuses barres de rire, où la
sexualisation de l'héroïne est le seul lien ou presque qui retient
le spectateur devant son écran...
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