Après avoir découvert Longlegs,
The Blackcoat's Daughter
et maintenant I Am the Pretty Thing That Lives in
the House,
il est désormais possible d'affirmer que la filmographie du
réalisateur Oz Perkins maintient une certaine cohérence. Une
continuité de style qui en fait un artisan du septième art fidèle
à son approche esthétique du cinéma. Une prise de risque qui peut
par contre être considérée de relativement osée puisqu'elle
pourra en séduire certains tout en divisant une partie des
spectateurs qui n'y verront là qu'une succession d'effets de style
cachant certaines lacunes. Une impression qui peut sembler
s'intensifier devant le visionnage de I Am the
Pretty Thing That Lives in the House,
justement. Œuvre qui parmi les autres (me reste plus encore qu'à
découvrir Gretel et Hansel
qu'Oz Perkins réalisa en 2020 pour parfaire mon opinion à son
sujet) reste la plus rachitique en terme d'écriture et de mise en
scène même si là encore, le visuel et le sound-design participent
à l’imprégnation du spectateur par une histoire somme toute très
souvent évoquée sur grand écran. Oz Perkins a, comme le public va
finir par le découvrir au fil de sa filmographie, l'habitude de
reprendre des thèmes du cinéma fantastique et d'horreur afin de les
aborder à sa manière si personnelle. Entre thriller et satanisme
pour Longlegs
et possession démoniaque pour The Blackcoat's
Daughter,
s'agissant de son second long-métrage réalisé en 2016, le
réalisateur et scénariste y aborde cette fois-ci le thème du
fantôme. Toujours avec cette même sensibilité et ce même lien qui
raccroche les événements présents au passé de l'héroïne. Car
comme à son habitude, Oz Perkins met d'abord la femme à l'honneur.
Après Emma Roiberts, Lauren Holly et Kiernan Shipka et avant Maika
Monroe, il offre à Ruth Wilson et Paula Prentiss les deux principaux
rôles de son second long-métrage. Deux générations d'interprètes
qui se télescopent dans cette œuvre à fleur de peau où l'un des
choix les plus fondamentalement ingénieux est d'avoir choisi un
personnage particulièrement sensible à tout événement se
produisant dans le décor unique d'une demeure isolée où vit une
vieille femme prénommée Iris et apparemment catatonique. Une
ancienne gloire de la littérature fantastique qui fut notamment
auteur d'un roman à laquelle elle dénia volontairement de donner
une fin...
Lily
est maintenant installée chez la romancière depuis un an lorsque
des événements commencent à se produire dans la maison. À
commencer par une étrange tâche noire qui semble devoir
irrémédiablement s'étendre sur un mur et don Lily s'inquiète des
répercussions qu'elle pourrait avoir sur sa santé. Un moindre mal
en comparaison de ce que la jeune femme va devoir subir les semaines
et les mois à venir... Qui aurait vraiment envie de s'occuper d'une
vieille dame étrange ou en tout cas rarement visible installée à
l'étage de sa propriété ? Thème que les fans d'épouvante
avaient déjà pu explorer dans le chef-d’œuvre de Dan Curtis en
1976, Burnt Offerings,
dans lequel une famille sautait sur l'occasion de louer à moindre
frais une très belle demeure à un frère et une sœur à la seule
condition qu'elle accepte de s'occuper de leur tante durant leur
séjour... L'approche d'Oz Perkins n'est pourtant pas similaire. I
Am the Pretty Thing That Lives in the House
aurait même tendance à dangereusement préfigurer ce qu'allait nous
asséner le très prétentieux A Ghost Story
un an plus tard. À la différence de quoi, le film d'Oz Perkins
propose quelques éléments fantastiques authentiquement marquants,
entre vieilles ficelles (ectoplasmes, apparitions évanescentes) et
approches visuelles et sonores absolument remarquables et innovantes.
À l'heure où les visages parcheminés peuvent avoir un impact
émotionnel sur la réaction du public, encore et toujours, Oz
Perkins propose un travail remarquable sur le cadrage. Toujours
accompagné de son frère Elvis en charge de composer la partition
musicale, il confie pour la seconde fois à la directrice de la
photographie Julie Kirkwood (The Monster
de Bryan Bertino en 2016) la lourde responsabilité d'enrober le
récit comme elle le fit brillamment avec The
Blackcoat's Daughter.
Le ton est donné. Dans un univers ouaté et anxiogène, Oz Perkins
plonge sa fragile héroïne comme au centre d'une œuvre picturale en
mouvement. Jouant avec certains cadrages dont il s'est fait une
spécialité, le réalisateur propose une œuvre au scénario simple
mais dont la mise en forme tient de l’œuvre d'art. Assez lent mais
remarquablement interprété par une Ruth Wilson parfaitement
crédible dans le rôle de Lily, I Am the Pretty
Thing That Lives in the House
est envoûtant...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire