Après avoir découvert
le dernier long-métrage d'Oz Perkins, Longlegs,
je fus curieux de jeter un œil à ses œuvres précédentes. Et
notamment à The Blackcoat's Daughter
qui dans l'ordre chronologique vient se placer en toute première
position. Reste à savoir si I Am the Pretty
Thing that Lives in the House
et Gretel & Hansel
s'intègrent parfaitement au style narratif du fils de l'iconique
Anthony Perkins, mais une interconnexion existe bel et bien entre le
premier et le dernier long-métrage de ce cinéaste aussi à l'aise
dans la mise en scène que dans l'écriture. Il est d'ailleurs
relativement étrange que ceux qui découvrirent Longlegs
à sa sortie n'aient pas pensé à faire le rapprochement entre les
deux œuvres, sans doute trop préoccupés à faire l'éloge d'un
film que beaucoup considèrent déjà comme l'une des nouvelles
références en matière de cinéma d'horreur et d'épouvante.
Honneur devant être tout d'abord fait à l'acteur Nicolas Cage,
véritable caméléon capable de jouer dans d'authentiques
chefs-d’œuvre comme dans autant de nanars et qui dans le cas de
Longlegs
est absolument saisissant. Si j'avais la mauvaise langue facile,
j'oserais même affirmer que le film repose presque exclusivement sur
ces scènes lors desquelles il intervient. Oz Perkins se distingue
tout d'abord par son approche de la mise en scène et de l'écriture.
Dans le cas de The Blackcoat's Daughter,
le cinéaste fait déjà montre d'une sensibilité morbide en
exploitant le religieux, l'adolescence, la mort et le surnaturel dans
une approche assez particulière à laquelle le spectateur n'est fort
heureusement pas contraint d'adhérer. À lui de choisir de suivre ou
non l'aventure de ces trois jeunes héroïnes sans se poser la
moindre question puisque tout comme pour Longlegs,
Oz Perkins nous épargnera tout effort de réflexion en étant vers
le dernier tiers relativement concis dans sa théorie des événements
qui se seront produits durant le récit... Un sujet finalement tout
bête que l'on rencontra en leur temps chez Stuart Rosenberg, William
Friedkin, Richard Donner, ou plus récemment chez James Wan ou Na
HONG-Jin.
La
question demeurant ici, comment faire pour amener les personnages à
évoluer dans un contexte proprement étouffant, énigmatique, voire
cryptique, sans perdre le public en chemin. Question qu'élude très
rapidement le réalisateur américain qui préfère mener la barque
selon ses propres envies et selon sa fibre artistique. Remonter le
temps jusqu'à ce The Blackcoat's Daughter
davantage connu sous le titre February,
c'est aussi remarquer combien il passa sous les radars malgré sa
sélection officielle en 2016 au festival du film fantastique de
Gérardmer. Joan, Kat et Rose sont les héroïnes de ce cauchemar de
quatre-vingt dix minutes environ. Respectivement interprétées par
Emma Roberts, Kiernan Shipka et Lucy Boyton, la première et la
seconde se positionnaient en l'espace d'une seule année comme les
nouvelles égéries du cinéma d'épouvante même si, encore une
fois, l'existence de ce film est demeurée très majoritairement
ignorée du grand public. Confiée à Elvis Perkins, autre fils de
l'illustre Anthony Perkins qui confia ses traits à l'inquiétant
Norman Bates du Psychose
d'Alfred Hitchcock, la bande musicale colle parfaitement à cet
univers délétère qu'a su si bien retranscrire son frère Oz.
Musique ambiant et sound-design se révèlent très impressionnant et
donnent une dimension à The Blackcoat's
Daughter
qui sans eux auraient probablement été perçus de manière beaucoup
moins anxiogène. Là où le long-métrage se démarque également de
la concurrence est son approche du récit. Passant d'une héroïne à
l'autre et en l'absence de caractérisation très précise, laquelle
s'organise autour de très courts flash-back qui viennent
s'intercaler entre des séquences nettement plus longues, Oz Perkins
place les pièces de son puzzle de manière à ne jamais vouloir
reconnaître que le scénario est en fait relativement simple. Il
s'agit donc alors d'employer tout un décorum visant à détourner
l'attention du spectateur et ainsi le plonger dans un univers ouateux
redoutablement efficace. Ne me reste désormais plus qu'à découvrir
les deux autres longs-métrages d'Oz Perkins afin de confirmer ou
d'infirmer la cohérence totale ou non de son univers...
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