Ce qu'il y a sans doute
de plus étonnant dans le dernier long-métrage du réalisateur,
scénariste et producteur américain Ti West est le grand écart
entre l'absence quasi-congénitale d'intérêt que j'eus l'occasion
de porter à son attention et la somme de remarques que l'on peut
néanmoins en tirer ! Dernier volet d'une trilogie débutée en
2022 avec X,
poursuivie la même année avec Pearl
et donc désormais achevée (du moins espérons-le) avec Maxxxine,
la chose a ceci d'inconsistant qu'elle n'est pratiquement jamais
parvenue à me passionner. Pas même à m'interloquer. Tout au plus
m'amuser à travers sa collection de références qui finirent par
n'être plus que le seul centre d'intérêt d'un film qui par
comparaison ressemble bien plus au premier qu'au second volet de la
trilogie. En tête de gondole, toujours l'actrice et mannequin
britannique Mia Goth, laquelle jongle donc depuis deux ans entre deux
facettes bicéphales de son personnage. D'un côté, Pearl. De
l'autre, Maxine Minx dont les X du prénom ont été triplés afin de
signifier dans quelle catégorie de films la jeune femme a débuté
sa carrière. Le Revival
Eighties
étant un concept qui porte ses fruits depuis très longtemps, Ti
West n'invente rien. Alors que l'on attend avec empressement que le
réalisateur David Robert Mitchell se sorte les doigts d'où vous
savez afin qu'il nous ponde un nouvel épisode de son brillant
univers (It Follows
en 2014, Under the Silver Lake
en 2018, vu en salle avec ma compagne voilà donc six ans en
arrière), Ti West fait un peu comme ceux dont les ambitions sont
telles que gratter sous le vernis de Hollywood et de ses stars du
cinéma semble être un pallier qu'ils sont pratiquement contraints
de franchir. Même l'immense David Cronenberg s'y laissa piéger en
2014 avec son sympathique mais néanmoins mineur, Maps
to the Stars.
Des références, Ti West en jette par seaux entiers. Du cultissime
Maniac de
William Lustig, une évidence quand d'autres préfèrent citer
Schrader ou Friedkin, avec ses rues pavées aux enseignes aveuglantes
attirant le chaland nocturne à venir se rincer l’œil dans des
spectacles érotiques.
En
passant par le Psychose
d'Alfred Hitchcock tandis que notre héroïne gravit les marches
menant à la lugubre demeure des Bates. Jusqu'au personnage incarné
par l'excellent Kevin Bacon, John Labat. Détective dont la ténacité,
le cynisme et la forfaiture le renvoient carrément au tueur de
l'excellent Blood Simple
des frères Coen incarné à l'époque par le génial M. Emmet
Walsh... Sans oublier la bande son qui outre ses synthés analogiques
nous honore de quelques standards musicaux de l'époque bien que
parfois formidablement anachroniques (le film situe son action en
1985 et si Gimme
All Your Lovin' des
ZZ Top
date de 1983, si Welcome
to the Pleasure Dome
de Frankie Goes to
Hollywood
date de 1984, Heart des Pet
Shop Boys
ne fut créé qu'en 1987...). En toile de fond du récit de cette
jeune femme qui rêve de devenir une star du cinéma, le cas
authentique de celui que la presse américaine surnomma à l'époque
The Night Stalker
(Le Traqueur de la
nuit).
Un tueur en série ayant cette année là, en 1985 donc, commis une
quinzaine de meurtres qui le conduisirent en prison. Condamné à
mort, Richard Ramirez décédera finalement d'un lymphome le 7 juin
2013 à l'âge de 53 ans. C'est bien donc l'ombre de ce tueur en
série qui plane autour du personnage de Maxine Minx. Dont les amis
tombent un à un entre les griffes d'un tueur insaisissable dont on
ne découvre à chaque meurtre que les mains gantées de noir (autre
référence, celle-ci aux Gialli de Dario Argento et consorts, Ti
West et son compositeur Tyler Bates poussant le curseur au point de
nous rappeler aux bons souvenirs de l'illustre groupe de rock
progressif italien, Goblin,
le
temps d'une composition !). Bref, de la matière, Maxxxine
en
est pourvu presque plus qu'il n'en faut. Mais cela suffit-il pour
exercer suffisamment de pression sur l'intérêt général de
l'histoire ? La réponse est non. Pourquoi ? Parce que tout
ce qui contient dans l’œuvre de Ti West a déjà été vu
ailleurs. La mise en scène du réalisateur n'est absolument pas à
mettre en cause, au contraire. Il lui arrive même parfois de faire
mieux que la concurrence. Mais au prix de proposer un spectacle
autour du concept de la ''redite'' qui personnellement m'indispose
totalement. Bref, Maxxxine exhale
ce même parfum de désintérêt que j'éprouvais deux ans auparavant
devant X
alors même que j'espérais prendre autant mon pied que devant Pearl.
Au jeu du pile ou face, me voilà donc perdant...
Je l'avais eu en exclusivité, celle-là... :-)
RépondreSupprimerJe n'avais pas relevé les titres de ZZ Top et des Pet Shop Boys (pas fan) et toi pas ceux de New Order ("Shellshock") et Animotion ("Obsession") ;-)