Alors que s'apprête à
débarquer dans les prochains mois sur Netflix
l'adaptation en film des Loups-Garous de Thiercelieux,
petit retour sur l'un de ces projets fantastiques axés sur la
lycanthropie dont les titres s'accompagnent du nom de la ville où
l'action se situe. L'on eut droit au Loup-Garou
de Londres
de John Landis en 1981 et beaucoup plus tard au
Loup-Garou de Paris
d'Anthony Waller. Bien avant eux fut réalisé Le
Loup-garou de Washington par
Milton Moses Ginsberg. Un monteur, scénariste et réalisateur qui
signait là son second long-métrage après le drame Coming
Apart.
Sorti en salle en 1973, il est donc l'un des ancêtres du phénomène
de Loup-Garou s'inscrivant dans une ère contemporaine et se
déroulant en milieu urbain. Le film met en scène l'acteur Dean
Stockwell injustement soupçonné de meurtre dans l'excellent épisode
de la série Columbo
intitulé Eaux Troubles ou
bien même victime d'un certain Eric Wagner dans cet autre épisode
intitulé Le grain de sable.
Inquiétant dans le Blue Velvet
de David Lynch qu'il retrouve pour la seconde fois après sa
participation au film de science-fiction Dune
où il incarnait le Docteur Wellington Yueh, Dean Stockwell obtint
le prix d'interprétation masculine au festival de Cannes par deux
fois. En 1959 pour Le génie du mal
de Richard Fleischer ainsi qu'en 1962 pour Long
voyage dans la nuit
de Sidney Lumet. Interprète dans de nombreux longs-métrages des
années quarante jusqu'aux années 2000, on le découvrira dans
plusieurs séries télévisées et notamment dans le domaine de la
science-fiction avec Star Trek : Enterprise
ou Stargate SG-1.
Mais c'est surtout grâce à son interprétation de l'hologramme Al
Calavicci dans Code Quantum pour
laquelle il sera régulièrement nominé dans divers festivals que
l'acteur deviendra mondialement célèbre.
Dean
Stockwell est âgé de trente-sept ans lorsqu'il rejoint le casting
de The Werewolf of Washington,
film dans lequel il incarne le rôle principal de l'attaché de
presse de la Maison Blanche, Jack Wittier. Envoyé en Hongrie, il y
est attaqué par une bête féroce qui le blesse à la poitrine.
Lorsque Jack revient aux États-Unis afin de travailler pour le
compte du président (incarné par l'acteur Biff McGuire),
d'horribles meurtres sont commis dans l'entourage de la Maison
Blanche. Les corps de deux femmes sont tout d'abord découverts
atrocement mutilés... Ayant connu le même sort que La
nuit des morts-vivants
pour lequel le réalisateur George Romero avait avant lui manqué de
vigilance concernant les droits d'auteur, Le
Loup-Garou de Washington tombe
rapidement dans le domaine public, permettant ainsi à quiconque de
l'exploiter à sa guise sans avoir aucun compte à rendre à la
production, au réalisateur ou à aucun de ses interprètes ! Et
d'une certaine manière, ça n'est pas plus mal si l'on prend en
compte le fait que le film réalisé et écrit par Milton Moses
Ginsberg est loin d'être aussi remarquable que le seront Le
Loup-Garou de Londres,
Hurlements
de Joe Dante ou Wolfen
de Michael Wadleigh qui tout trois sortiront la même année, en
1981. soit, huit ans plus tard... Bien que s'inscrivant dans un
contexte politique allégorique relativement étonnant et
s'inscrivant pile au beau milieu du Scandale
du Watergate
qui eut lieu entre 1972 et 1974 (un plan fugace y faisant
ironiquement référence après les premières quarante premières
minutes), Le
Loup-Garou de Washington use
à contrario de ficelles vieillottes typiques du cinéma fantastique
de la première moitié des années 1900. L'équipe en charge des
effets-spéciaux est effectivement encore très loin d'envisager la
même approche que celle employée par le génial Rick Baker presque
dix ans plus tard sur le tournage du Loup-Garou
de Londres.
Loin
d'exhiber le même type de transformation saisissante créée par
procédé prosthétique en 1981 et demeurant même très inférieure
à celle du Dr.
Jekyll & Mister Hyde pourtant
réalisé par Rouben Mamoulian près de quatre décennies auparavant,
l'on est plus proche de The
Wolf Man que
George Waggner mis en scène en 1941 et dans lequel le loup-garou
incarné par Lon Chaney Jr se transformait par superposition
d'images. Tous les poncifs liés à la lycanthropie y sont décrits.
Comme le lien entre la transformation du héros et l'apparition de la
Pleine Lune. Ou encore la méthode unique pour se débarrasser du
Loup-Garou (balle ou pommeau de canne d'argent). La première
transformation de Jack Wittier en bête est simplement risible. Non
pas concernant les quelques plans superposés censés figurer la
pousse des poils sur son visage mais plutôt son attitude qui par la
suite fait paraître la créature comme un caniche jouant avec tout
ce qui lui passe devant la truffe ! On rit donc plus que l'on ne
s'effraie devant cette bestiole pourtant largement moins docile
qu'une
peluche blottie entre les frêles bras d'une jeune
enfant...Visuellement, Le
Loup-Garou de Washington
a au moins dix ans de retard. On a l'impression que le film a été
tourné la décennie précédente. En terme d'effroi, le film de
Milton Moses Ginsberg ne fonctionne absolument pas. On a même
d'ailleurs tendance à (sou)rire tant Dean Stockwell en fait des
caisses. Des mimiques pré-transformation qui seront un véritable
régal pour les amateurs de nanars même si le film n'en est pas
vraiment un (quoique.... mais non.... bien qu'en fait.... non, non,
non.... sûr ? Sans aucun doute.... mais peut-être que si, au
fond...). Il semblerait en fait qu'il faille presque envisager
Le
Loup-Garou de Washington comme
une parodie cynique plutôt que comme un authentique et très sérieux
film fantastico-horrifique. Comme peuvent en attester certaines
séquences. Comme celle lors de laquelle le loup-garou débarque dans
un étrange laboratoire où une expérience est menée par un...
nain ! Et puis, imaginer le spectacle d'un Dean Stockwell en
costard-cravate, victime d'hypertrichose, se déplaçant à quatre
pattes, éventrant les uns et léchouillant le visage des autres, ça
n'est tout de même pas un divertissement dont on a l'occasion de se
repaître tous les jours. Alors, au delà d'une certaine
inconsistance scénaristique, Le
Loup-Garou de Washington
se dégustera avant tout comme une sympathique friandise avant de
retourner prendre la poussière sur l'étagère de notre
vidéothèque...
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