Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


mercredi 10 janvier 2024

Leonor de Juan Luis Buñuel (1975) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

L'un de nos plus grands acteurs français disparu voilà plus de trois ans toucha à tous les genres. De la comédie au thriller en passant par le drame (social ou non), le film historique ou de guerre, le biopic et j'en passe, Michel Piccoli aura marqué de son empreinte si particulière le cinéma français et même mondial. Jouant dans d'innombrables longs-métrages, convié par des metteurs en scène de tous pays, on le vit notamment apparaître à plusieurs reprises dans des œuvres signées du réalisateur espagnol Luis Buñuel. Le fils même de l'auteur de L'Ange exterminateur, de Belle de jour ou de Cet obscur objet du désir dirigea l'acteur français dans l'un des plus beaux films fantastiques tournés en collaboration entre la France, l'Italie et l'Espagne. Malgré son patronyme et les origines de son père, Juan Luis Buñuel est né dans l'hexagone le 9 novembre 1934 dans le 4ème arrondissement de Paris. Disparu trois ans après la vedette de ce troisième long-métrage qui fera suite à Au rendez-vous de la mort joyeuse en 1973 et La femme aux bottes rouges l'année suivante, c'est une fois encore le fantastique qui intéresse ici le réalisateur qui signe avec Leonor une œuvre fantastico-médiévale relativement étrange. Curieuse, mais non dénuée de références auxquelles certains amateurs se raccrocheront certainement pour justement... ne pas décrocher ! Car alors, quel dommage cela aurait été que de se dispenser d'un film aussi émotionnellement fort et au contenu si ensorcelant. Bien que l'approche du cinéaste soit très particulière, intégralement contenue dans une fréquence engourdie par un rythme éthéré, voire léthargique, c'est peut-être justement dans ce choix de ne pas ressembler au tout venant du cinéma fantastique que Leonor retient l'attention. Le film met donc en scène Michel Piccoli dans le rôle de Richard, riche seigneur du milieu du quatorzième siècle dont les apparats s'éloignent très largement de l'image que l'on peut avoir d'un aristocrate, de sa cours et de son royaume. Ici, l'univers de cet homme un peu rude mais fou amoureux de son épouse qui meurt très rapidement des suites d'une maladie est à l'image de la dureté qui entoure son existence et celle de ses sujets. Rien de visuellement flamboyant donc, si l'on prend uniquement en compte la propriété de cet homme qui s'octroiera aussitôt une nouvelle épouse en la personne de Catherine (interprétée par la sublime actrice italienne Ornella Muti). Leonor, elle, est incarnée par la norvégienne Liv Ullmann.


Donnant son prénom à ce film envoûtant, cette histoire d'amour fantastique dont on perçoit l'empreinte toute française dont elle puisse être dotée mais également l'héritage dont est pourvu son auteur, digne descendant de l'un des plus grands cinéastes espagnols est une brillante réussite. Épousant donc Catherine à la mort de sa première épouse, Richard lui donnera deux fils, qu'élèvera tout d'abord l'un de ses sujets. Dix ans après la mort de Leonor dont il a fait enfermer le corps dans un caveau naturel et dont il a fait condamner l'entrée, Richard, toujours hanté par la disparition de sa première épouse, croise la route d'un mystérieux personnage qui lui offre l'opportunité de retrouver celle qu'il n'a jamais cessé d'aimer. Leonor revient donc à la vie, les traits inchangés mais dégageant une forte odeur de mort rappelant qu'elle a passé une décennie enfermée sous la dalle d'une pierre tombale ! Tout va alors se bousculer et la menace d'un fléau dont les premiers signes se sont révélés en Italie va s'étendre jusqu'au royaume de Richard. Sans que le mot ne soit véritablement posé au cœur de l'intrigue et alors qu'il faudra patienter presque trois quarts-d'heure avant que Leonor ne reviennent du monde des morts, on devine de quelle mythologie fantastique s'est inspiré Juan Luis Buñuel pour écrire et réaliser son troisième long-métrage. Tout commence en effet à transpirer le film de vampire et ce, jusqu'à l'évocation de ce fléau qui se propagea en Europe au quatorzième siècle et dont certaines idées reçues accusèrent la propagation par les rats. Une allégorie qui oppose donc le personnage de Leonor à son pendant masculin, le célèbre comte Dracula ! C'est donc assez tardivement que la jeune femme s'adonnera à cette ''nouvelle passion'' consistant à boire le sang de très jeunes victimes, confirmant donc l'allégorie en question. Tourné dans de superbes décors dont un très vieux pont, Leonor est une œuvre rare, méconnue et tournée à une époque où le fantastique fut en général et en Europe, l’apanage de la maison de production britannique Hammer Films. Non content d'accueillir au sein du récit de très grands interprètes, le film est en outre accompagné par la superbe musique du célèbre compositeur italien Ennio Morricone. Notons enfin que Leonor fut à l'origine une nouvelle écrite par le poète et romancier allemand du dix-neuvième siècle, Ludwig Tieck, transposée non plus par le cinéaste au dix-neuvième mais bien avant, durant la période où une épidémie de peste noire fit des dizaines et des dizaines de millions de morts en Europe... Remarquable...

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...