L'un des nombreux
sous-genres du cinéma d'horreur et d'épouvante s'inscrit dans un
contexte surtout très populaire auprès du jeune public : les
réseaux sociaux. Des dizaines de longs-métrages ont vu le jour ces
dernières années et partagent souvent la même approche. Concernant
Friend Request (ou
Unfriend),
le sujet y est traité de manière légèrement différente puisque
le fantastique s'invite dans cette histoire de harcèlement qui de
très loin emprunte le concept du génial Dangereuse
alliance
que réalisa vingt ans plus tôt Andrew Fleming. À une époque ou
Internet n'existait pas tout à fait sous sa forme actuelle, quatre
jeunes étudiantes adeptes de magie noires invoquaient de puissants
esprits afin d'exaucer leurs vœux. Dans un ordre d'idée quelque peu
similaire, le film de Simon Verhoeven s'emploie à mettre en scène
une jeune fille paumée, sans amis et qui intègre une université où
il lui semble être devenue l'amie de l'une des élèves les plus
populaires de l'établissement. Dans le cas de Friend
Request,
son auteur évite la plupart des aspects que l'on rencontre
généralement dans ce type de production. L'héroïne Laura, ses
potes Olivia, Isabel, Gustavo, Kobe et même son petit ami ne sont
pas de cette génération d'individus harceleurs qui prennent plaisir
à en faire voir de toutes les couleurs à celles ou ceux dont les
différences sont marquées par une attitude ou une manière de se
vêtir qui ne leur ressemble pas. Au pire l'on reprochera tout
d'abord à ses amis de vouloir l'éloigner de Marina, cette nouvelle
élève blafarde, couverte de la tête aux pieds, atteinte de
trichotillomanie (maladie nerveuse consistant à s'arracher les
cheveux) pour laquelle l'adolescente éprouve malgré tout une
certaine pitié. Fascinée par les créations graphiques que Marina
expose sur les réseaux sociaux, Laura va se rapprocher d'elle et lui
adresser la parole.... Une fois.... juste une fois. Mais une fois de
trop. Car l'adolescente dont le compteur de followers affiche
tristement le chiffre de zéro va devenir totalement obsédée par
celle qu'elle considère déjà comme sa ''meilleure amie''. De ce
postulat de départ, nous pourrions évoquer le fait que le sujet
n'est pas tout neuf et que des dizaines de longs-métrages l'ont déjà
abordé, c'est vrai. Mais à la grande différence ici est que
Friend Request
intègre un concept qui reste peu ou prou inédit dans le genre :
la sorcellerie.
Car
en retournant dans le passé de la jeune marginale, Laura et ses amis
vont découvrir que Marina, qui vient de se suicider après qu'elle
ait eu une violente dispute avec celle qu'elle considérait comme son
amie, n'était pas une jeune adolescente comme tout le monde. Et l'on
ne parle pas là évidemment de sa seule apparence physique ou de sa
claustration mais bien de faits qui relèvent du fantastique. Ici,
pas de pirate informatique s'invitant lors d'un chat entre copains
sur internet ou de tout autre forme de cybercriminalité. Le film de
Simon Verhoeven est plus proche de La malédiction
que réalisa quarante ans plus tôt Richard Donner que de Unfriended
de Levan Gabriadze, Searching : Portée disparue
de
Aneesh Chaganty ou du traumatisant Megan is
Missing
de Michael Goi. Assez peu élogieuses, les critiques envers Friend
Request
demeurent tout simplement inexplicables. En effet, même si le film
n'est clairement pas un chef-d’œuvre, son réalisateur et ses
interprètes font très exactement ce que l'on attend d'eux. Plutôt
rare à l'image, la jeune Liesl Ahlers se montre véritablement
inconfortable dans le rôle de Marina tandis qu'Alycia Debnam-Carey
que l'on connaît pour l'avoir notamment découverte dans la série
Fear : The Walking Dead
joue parfaitement son rôle d'adolescente harcelée, témoin de la
mort progressive et souvent impressionnante de chacun de ses amis. Le
scénario propose quelques astuces qui préviennent le spectateur de
ce qui va arriver. Et si l'on pouvait craindre qu'un tel procédé
pouvait nuire à l'impact des séquences horrifiques, certaines
demeurent pourtant très convaincantes. Friend
Request
est d'abord l'un de ces Teen
Movie
qui regroupent un certain nombre d'amis autour d'une même cause
comme on en voit de nombreux exemples depuis des décennies. Dans un
autre ordre d'idée, on pense à Destination
Finale
où la Mort est ici remplacée par une adepte de la sorcellerie. Une
pratique en mode 2.0 puisque usant des réseaux sociaux et de la
téléphonie pour prendre le contrôle sur les victimes. Une forme
nouvelle de Hacking
qui trouve malheureusement ses limites dans sa trop grande
répétitivité. On pourra également reprocher la grandiloquence de
la dernière partie qui mine un peu de l'intérêt du long-métrage
mais au moment de faire les comptes, et si l'on n'est pas trop
regardant en matière de profondeur scénaristique, Friend
Request
reste une sympathique expérience horrifique... à découvrir seul,
dans le noir...
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