Le véhicule de
remorquage commercial USCSS
Nostromo chargé de transporter
vingt millions de tonnes de minerai est en direction de la planète
Terre. Datant du tout début du vingt-deuxième siècle et construit
par la compagnie Weyland Yutani,
ce cargo n'est pas chargé d'explorer l'univers mais de prélever du
minerai à la surface d'autres planètes situées aux confins de
l'espace. Capable d'avancer à une vitesse équivalente à un dixième
d'année-lumière, ses proportions demeurent relativement
impressionnantes : deux-cent quarante-quatre mètres de long et
cent-soixante cinq de large. Quant à sa hauteur, elle dépasse les
soixante-dix mètres. Un beau bébé qui d'apparence semble pourtant
''rustique''. Nous sommes ici effectivement très loin de
l'Enterprise de la franchise Star Trek..
Le maquettiste Martin Bower travaille pour la publicité avant d'être
engagé sur la mythique série télévisée Cosmos
1999.
L'homme participera ensuite au projet Alien mais
c'est d'abord le fruit conjugué des efforts concédés par les
illustrateurs Ron Cobb et Chris Foss qui avaient auparavant travaillé
sur le Dark Star
de John Carpenter qui donnera plus ou moins naissance au Nostromo
tel qu'on le connaît de nos jours. Diverses versions sont proposées
mais c'est l'une de celles créées par le premier qui sera retenue.
Quant au second, il abandonnera la poursuite du projet bien avant que
le premier tour de manivelle ne soit donné. Si lors de sa première
apparition le fameux cargo écrase littéralement de toute sa masse
le plan dans lequel il est intégré, la maquette la plus massive
parmi les trois qui furent conçues ne mesurait cependant pas plus de
deux mètres cinquante de long pour un poids tout de même estimé à
deux-cent cinquante kilos ! Si de nos jours les onze millions de
dollars qui furent apportés par les studios de productions pour le
tournage de Alien
peuvent paraître dérisoires, il faut savoir que sans le succès de
Star Wars
de George Lucas quelques années en arrière, sans doute le film de
Ridley Scott n'aurait-il pas été aussi ''généreusement'' financé.
Parmi les sept membres de l'équipage dont la quasi totalité seront
décimés durant l'aventure, se trouve le personnage de Ripley. Femme
au fort tempérament, incarné Sigourney Weaver, actrice qui à
l'époque n'est pas encore devenue l'immense star qu'elle est
désormais et qui avant cela n'avait joué que dans deux séries
télévisées, une vidéo publicitaire pour la marque de soda Pepsi
et deux longs-métrages dont le Anny Hall
de Woody Allen en 1977 et dans lequel elle tint un tout petit rôle.
Le
choix de faire porter la responsabilité du rôle principal par une
interprète féminine est à l'époque un pari quelque peu osé. En
effet, jusque là, il ne fut jamais envisagé de faire endosser par
une femme le ''costume'' du personnage principal dans ce type de
long-métrage. Un choix qui ne sera pas pris à la légère puisque
Sigourney Weaver devra avant cela faire ses preuves devant un jury
constitué par les femmes de la production ! Comme nous le
découvrirons lors du récit, Ridley Scott n'aura pas poussé le
bouchon au point d'en faire la responsable de l'équipage et du
Nostromo
puisque ce rôle là sera confié à l'acteur Tom Skerritt. Lequel
interprétera le rôle de Dallas. Un individu particulièrement
autoritaire qui pourtant disparaîtra rapidement des radars en
devenant la seconde victime du xénomorphe après la mort tragique et
particulièrement violente de Kane qu'incarne John Hurt. Un Kane dont
la mort plutôt violente fut à l'origine d'une anecdote bien connue
des fans du long-métrage. En effet, après que l'homme ait été
attaqué par un FaceHugger
qui après quelques temps s'était détaché de lui-même du visage
de sa victime et après qu'un embryon se soit développé sous sa
poitrine, Kane mourut dans d'atroces souffrances, le torse explosé
faisant surgir un horrible ChestBurster.
Une séquence lors de laquelle les autres acteurs furent présents et
dont la surprise ne fut pas feinte. En effet, aucun d'entre eux
n'avait été préparé à l'avance de ce qui allait arriver. D'où
l'évidente surprise se dessinant sur leur visage lors de cette
mémorable séquence. Notons que le très efficace FaceHugger
à l'origine de la ''ponte'' dans le corps de Kane était notamment
constitué de fruits de mer et de rognons de mouton ! Une fois
le ChestBurster
échappé des entrailles de Kane, les six membres restant de
l'équipage se lancèrent à sa poursuite. Ripley, Brett (Harry Dean
Stanton) et Parker (Yaphet Kotto qui en outre fut chargé de mettre
la pression sur Sigourney Weaver) se firent une petite frayeur
lorsque le chat prénommé Jones (de l'espèce Orange
Tabby)
fut confondu avec l'horrible petite créature qui s'apprêtait à
prendre d'impressionnantes proportions.
S'ensuivit
la fameuse séquence lors de laquelle Jones allait se montrer
particulièrement convainquant face à la présence du xénomorphe
dans sa phase d'évolution définitive. Comme on s'en doute, le félin
ne fut pas malmené au point de devenir méfiant envers l'équipe de
tournage mais l'un de ses membres apporta sur le plateau de tournage
un berger allemand qui amena tout naturellement le chat à lui
''cracher'' dessus ! Due au remarquable imaginaire du plasticien
suisse Hans Ruedi Giger, la créature xénomorphe ne fut pas
divulguée au public avant que le film ne sorte sur les écrans
américains. C'est ainsi que la bande annonce d'origine ne la
montrait dans aucun des plans. Au sujet de l'alien en question, il
fut incarné par un jeune étudiant nigérian alors âgé de
vingt-six ans du nom de Bolaji Badejo. Tragiquement disparu à
seulement trente-neuf ans des suites d'une drépanocytose (une
maladie modifiant le code génétique de l'hémoglobine), il fut
repéré dans un pub en 1978 pour son impressionnante taille (deux
mètres dix-huit) et fut même comparé par Ridley Scott à la
fameuse sculpture d'Alberto Giacometti, L'homme
qui marche.
Après cela, le jeune homme ne réapparaîtra plus à l'image qu'en
de très rares occasions. Tout d'abord en 1992, l'année de son
décès, dans un épisode de la série Omnibus
où on le découvrait dans le costume qui le rendit ''célèbre''
ainsi que de manière posthume dans deux des documentaires consacrés
au long-métrage de Ridley Scott, The Alien
Legacy
de Michael Matessino en 1999 et The Beast Within
: The Making of Alien
de Charles de Lauzirika en 2003. Entre autres anecdotes, signalons
que lorsque Dallas, Kane et Lambert quittent la navette pour explorer
la planète d'où provient un signal d'origine inconnue, ce ne sont
ni Tom Skerritt, ni John Hurt, ni même l'actrice Veronica Cartwright
qui se cachent sous les combinaisons des spationautes mais les
propres enfants du réalisateur et du directeur de la photographie
Derek Vanlint. Pareil pour la rencontre avec le corps fossilisé du
Space Jockey dont
la maquette fut, en outre, entièrement détruite après qu'une
cigarette abandonnée par inadvertance y ait mis le feu. Quant à
celles et ceux qui se poseraient encore la question quant à savoir
comment pu être réalisée la séquence lors de laquelle le sang du
xénomorphe traverse les planchers de plusieurs niveaux du Nostromo,
les concepteurs des effets-spéciaux usèrent d'un mélange en partie
constitué d'acétone coloré qui au contact de maquettes en
polystyrène donna le résultat que l'on connaît. Et puisque l'on
parle de sang, justement, parlons pour finir de celui de Ash (l'acteur Ian Holm) que nous
n'avions pas encore évoqué jusque là. Personnage Ô combien ambigu
qui révélera sa véritable nature d'androïde tardivement. Lorsque
Parker lui assène plusieurs violents coups d'extincteurs afin de lui
faire lâcher prise alors qu'il tente de tuer Ripley, le liquide
blanc qui s'échappa de sa bouche et de son cou fut constitué à
base de lait, de pâtes et de caviar...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire