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vendredi 8 décembre 2023

La menace de Gérard Oury (1961) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Si l'on demande au commun des mortels de nous citer son film préféré de Gérard Oury, que nous répondra-t-il ? Dans le pire des cas, ''Hein ? C'est qui lui ?''. Et dans le ''meilleur'', nous aurons droit à l'éternel carré d'as constitué du corniaud, La grande vadrouille, La folie des grandeurs et Les aventures de Rabbi Jacob, tous incarnés par Louis de Funès, quand d'autres citeront sans doute davantage La carapate et Le coup du parapluie avec Pierre Richard , L'as des as avec notre Bebel national ou encore La vengeance du serpent à plumes avec Coluche ! Durant des décennies, Gérard Oury (parfois assisté de sa fille Danièle Thompson) nous a régalé de certaines des comédies les plus drôles qui aient vu le jour sur notre territoire. Des classiques, dans le sens le plus noble qui soit. Mais avant de s'intéresser au genre qui le rendit célèbre, le réalisateur et scénariste français s'est illustré dans la comédie dramatique. Voir même le drame avec, en 1961, La menace (rien à voir avec le film éponyme d'Alain Corneau datant de 1977 et principalement interprété par le français Yves Montand et la québécoise Carole Laure). Le long-métrage de Gérard Oury met principalement en scène l'acteur, réalisateur et scénariste français Robert Hossein. Lequel, quatre ans plus tard, réalisera notamment le très réussi Vampire du Düsseldorf dont le personnage qu'il interprétera lui-même sera inspiré des méfaits du monstrueux tueur en série allemand Peter Kürten dont les exactions eurent lieu entre la fin des années vingt et le début des années trente, au siècle dernier. La séquence post-générique rappelle sensiblement celle qui ouvre le bal de Répulsion que le réalisateur franco-polonais Roman Polanski réalisera lui aussi quatre ans plus tard avec dans le rôle principal, une toute jeune Catherine Deneuve. Filmés l'un comme l'autre en noir et blanc, le récit de La menace s'éloigne cependant drastiquement de cette atmosphère terriblement étouffante que créera le contexte anxiogène dans lequel vivra cette autre jeune femme en 1965. Ces yeux clos qui désormais s'ouvrent à l'image avant qu'un lent travelling arrière ne montre le visage de leur propriétaire sont ceux de l'actrice Marie-José Nat qui nous a quitté voilà quatre ans.


''Pour lui, le mensonge est un vice... Pour moi, c'est plutôt un refuge...''


Dans La menace, elle incarne à l'âge de vingt-deux ans seulement la jeune Josépha dont le rêve serait de faire partie des Mariolles, une bande de jeunes gens qui passe leur temps à faire les idiots assis sur la selle de leur scooter. Mais on ne fait pas partie de leurs membres si facilement. Alors, Josepha se forge une nouvelle personnalité. Elle s'achète une moto avec l'argent qu'elle a emprunté au pharmacien, porte des jeans et un blouson noir, se met à fumer des cigarettes et boit du whisky-coca. Tout ça pour séduire les membres des Mariolles. Pourtant acceptée parmi eux par une très grande majorité, l'une des filles du groupe a voté contre elle... Le lendemain, celle-ci est retrouvée morte en forêt, violée et étranglée. Sous la pression de ses nouveaux camarades qui la soupçonnent d'en savoir davantage qu'elle ne veut l'admettre, Josepha craque et affirme que le responsable de l'assassinat est Savary, le nouveau pharmacien... Débutant sous des airs de comédie adolescente plutôt convenue, La menace prend une tournure radicalement différente dès lors que Josepha désigne comme coupable du viol et du meurtre, le pharmacien qui à l'écran est interprété par Robert Hossein. Gérard Oury adapte le roman Les Mariolles du célèbre écrivain français Frédéric Dard. Œuvre dans laquelle il décrit tout d'abord une Josepha s'émancipant de son caractère ingénu pour s'endurcir et faire ainsi partie d'un groupe. Dès lors, la jeune femme apparaît sous les traits d'une manipulatrice dont le mensonge, au fil du récit, apparaîtra de manière claire comme une seconde nature. Derrière la fausse modestie de la mise en scène et de l'écriture se cache un message pamphlétaire contre le mensonge et ses conséquences collatérales. Avec sa charmante bouille et ses expressions enfantines, Marie-José Nat incarne en même temps cet esprit de vengeance qu'il était jusque là impossible de deviner chez cette jeune femme d'apparence douce, pure et fragile. Et c'est sans doute à travers cette représentation de l'innocence que le film se montre le plus glaçant. Bien que La menace accuse plus de soixante ans, il demeure une saisissante vitrine de la société actuelle où dans la vie de tous les jours les valeurs morales n'épousent plus celles du passé et où tout est bon pour être''reconnu'' et ''aimé''...

 

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