Il me semble, mais je
peux me tromper, que c'est à peu près à cette époque que
Christian Clavier à finit par devenir pratiquement aussi irritant à
voir sur un écran de cinéma que de prendre à pleines mains une
poignée d'orties. Il paraîtrait en effet que le contact de
Jean-Marie Poiré qui avant cela avait débauché l'acteur sur la
quasi totalité de ses longs-métrages l'ait transformé en hydre à
deux têtes. L'une posée et magistrale (Mes meilleurs
copains).
Et l'autre, plus farfelue, en mode ''électron libre'' ! Comme
dans le pourtant cultissime Les visiteurs
(le deux ayant été en partie massacré par la ''désastreuse
prestation'' de Muriel ''j'passe
mon temps à chialer sur les plateaux de télé''
Robin et le trois étant d'une inutilité absolue) ou le navrant Les
anges gardiens.
À la suite des Visiteurs
dont il partagea la vedette auprès de Jean, Reno, l'excellente
Valérie Lemercier, Marie-Anne Chazel (avec laquelle il vécu plus de
trente ans et qu'il retrouvera l'année suivante dans le pathétique
La vengeance d'une blonde de
Jeannot Szwarc) et Christian Bujeau, Christian Clavier rencontre le
réalisateur et scénariste Gérard Oury qui, sans doute à l'agonie
de ne pas avoir su remplacer l'immense Louis de Funès, lui propose
de jouer dans sa nouvelle comédie, La soif de
l'or.
Antépénultième long-métrage de l'auteur du Corniaud,
des Aventures de Rabbi Jacob
ou de La carapate
et du coup du parapluie
(tout deux interprétés par Pierre Richard), le cinéaste est
désormais plus proche de ce qu'il a pour habitude de produire depuis
quelques années que des trésors dont il fut l'un des principaux
artisans dans les années soixante, soixante-dix et même au
début des années quatre-vingt. Louis de Funès étant maintenant
mort depuis dix ans, Gérard Oury semble n'avoir eu de cesse de
trouver son remplaçant. À presque vingt années d'intervalle avec
La folie des grandeurs,
La soif de l'or
semble tout d'abord avoir été taillé pour feu Monsieur le plus
acariâtre des acteurs comiques ! Remplacé par l'un des
interprètes les plus populaires de notre pays, le roi de la mauvaise
foi aurait sans nul autre pareil fait illusion. D'ailleurs, si l'on
se pose un instant après avoir terminé la projection de La
soif de l'or,
on peut se demander quel aurait été notre avis sur cette comédie
si elle avait été mise en scène non plus en 1993 mais vingt ou
trente ans plus tôt. À l'époque où justement, Louis de Funès
était le roi de la comédie et où n'importe laquelle d'entre elles
pouvait passer au mieux pour excellente et au pire pour divertissante
du moment qu'il apparaissait à l'écran.
Car
c'est peut-être bien là le soucis principal de La
soif de l'or
qui souffre en ce début/milieu des années quatre-vingt dix de
sortir avec de nombreuses années de retard. Mais ce qui semble
devoir revenir à dire que les comédies de Louis de Funès ne
passeraient pas si elles devaient sortir de nos jours dans les salles
obscures est un autre problème sur lequel nous pourrons un autre
jour nous pencher. Dix-huit ans après C'est pas
parce qu'on a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule !
de Jacques Besnard (excellente comédie malgré son titre très...
''franchouillard''),
Christian Clavier retrouve l'actrice et ex professeur d'art
dramatique française Tsilla Chelton. En effet, en 1975, l'apparition
très furtive de l'acteur dans les toilettes public de la gare de
l'Est fut l'occasion de le voir croiser Tsilla Chelton alors dans le
rôle d'une savoureuse Dame Pipi prénommée Rose ! Désormais,
ils incarnent un duo de personnalités avares, mesquines et radines.
Lui interprète Urbain Donnadieu et elle sa grand-mère Zezette (rien
à voir avec celle du Père Noël est une ordure
de
Jean-Marie Poiré, bien évidemment). Dans La
soif de l'or
tous deux tentent de passer la frontière suisse avec, planqués dans
les briques d'une maison-témoin, mille lingots d'or. Une fortune que
ne veut surtout pas partager Urbain avec son épouse Fleurette
(Catherine Jacob) avec laquelle il est en instance de divorce.
Celle-ci fréquente en outre Jacques (Philippe Khorsand), l'ami et
l'employé d'Urbain qui ne sait pas encore que ces deux là ont
l'intention de faire leur vie ensemble. Déterminés à mettre la
main sur la fortune d'Urbain, Florette et Jacques vont suivre le
neveu et sa grand-mère jusqu'à la frontière suisse où le comte
Muller (Bernard Haller) attend ses deux clients pour une
transaction. La soif de l'or
parcours les routes de France et multiplie les séquences
humoristiques et autres cascades. Pour une comédie qui serait sortie
vingt ou trente ans plus tôt, sans doute l'avant-avant dernier
long-métrage de Gérard Oury aurait-il pu faire illusion mais en
1993, non, vraiment pas. Surtout que cette même année est
justement sorti quelques mois auparavant Les
visiteurs.
Pour un budget équivalent à l'époque à un peu plus de sept
millions et cinq-cent mille euros, La Soif de
l'or
aura attiré sur le seul sol français, assez de spectateurs pour
rembourser son financement. Pas de quoi s'emballer malgré tout.
Reste que voir Tsilla Chelton (Tatie Danielle
d’Étienne
Chatiliez) tirer la tronche reste un pur moment de plaisir...
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