La différence entre
Jean-Paul Belmondo et Alain Delon est presque aussi fondamentale que
celle qui différencie les Rolling Stones et les Beatles. Chaque camp
de fans à suffisamment de munitions pour justifier son amour, sa
passion ou son rejet pour l'un ou l'autre de ceux que l'on
considérait dans les années quatre-vingt comme les deux acteurs
français les plus populaires. Mais qui des deux est comparable au
groupe de rock originaire de Londres et quel autre est équivalent à
celui de Liverpool ? La réponse est bien moins ardue qu'elle
n'en a l'air. Jean-Paul Belmondo joua dans la même catégorie que le
groupe de Paul McCartney et John Lennon tandis que le rock nettement
moins aventureux de Mick Jagger ou de Keith Richards que la pop des
''Quatre garçons dans le vent''
peut être comparé au jeu souvent monolitique d'Alain Delon. Il
suffit de comparer ce que l'une et l'autre de nos anciennes stars du
cinéma français ont produit il y a quarante ans pour s'en
convaincre. Et même, quel meilleur exemple que de confronter
Borsalino
et sa suite Borsalino and Co.
de Jacques Deray pour se rendre compte
que l'absence de Jean-Paul Belmondo dans le second est clairement
responsable d'une très nette baisse de qualité. Produit, écrit,
réalisé et interprété par Alain Delon, Le battant
se situe très exactement au centre d'une filmographie qui passe d'un
cinéma plutôt ambitieux (celui de Luchino Visconti, de Jean-Pierre
Melville, de Pierre-Granier Deferre) à celui beaucoup plus terre à
terre, du cinéma d'action de type thriller à la française.
Troisième et dernier long-métrage qu'il mettra lui-même en scène,
Le battant
s'inscrit donc dans la lignée de Pour la peau
d'un flic
qu'il réalisa deux ans auparavant, de Parole de
flic
de José Pinheiro ou de Ne réveillez pas un flic
qui dort,
lesquels peuvent être considérés comme une sorte de trilogie. Des
œuvres précédent quelques sympathiques nanars à la française,
comme Le passage
de René Manzor, Dancing Machine
de Gilles Béhat ou le plus culte d'entre tous, Le
jour et la nuit
de Bernard-henry Levy ! Nous sommes en 1983 et Alain Delon passe
la barrière qui sépare le flic du voyou pour incarner Jacques
Darnay, un type qui vient tout juste de passer huit années en prison
pour un vol de bijoux et le meurtre de leur propriétaire. Très
rapidement, l'ancien taulard est suivit par des gangsters qui
cherchent à mettre la main sur le butin que Darnay est censé avoir
planqué quelque part. En outre, il est dans le viseur du commissaire
Rouxel (excellent Pierre Mondy) qui le soupçonne lui aussi d'avoir
mis les bijoux à l'abri.
Les
gangsters font le vide autour de Darnay. Ils s'en prennent tout
d'abord à son ami Pierre Mignot (Michel Beaune) puis à son ancienne
compagne Clarisse (Marie-Christine Descouard). Il est temps pour
l'homme de mettre un terme à toute cette histoire. Sans argent ou
presque, Darnay reprend contact avec son vieil ami Gino Ruggieri
(François Périer) qui s'est totalement reconverti et a abandonné
le Milieu. Ce dernier le loge, lui avance quarante-mille francs et
lui met un flingue entre les main... Le battant
est l'occasion pour Alain Delon de réemployer l'actrice Anne
Parillaud qu'il révéla véritablement dans Pour
la peau d'un flic après
que la jeune actrice ait interprété quelques rôles dont celui de
Patricia Cook dans le film érotique Patricia, un
voyage pour l'amour
de Hubert Frank en 1981. Elle interprète la maîtresse de Gino
Ruggieri qui très vite, la mettra dans le lit de Darnay. Notons que
dans les rôles des gangsters, nous retrouvons notamment Gérard
Hérold, Jean-François Garreaud ou encore Richard Anconina qui la
même année que son rôle dans Tchao
Pantin,
incarne ici une petite frappe qui finira une balle dans le genou !
Le battant
est typique du jeu ''delonéen'' des années quatre-vingt.
Impersonnel, froid, sans émotion. Presque robotique et machinal qui
ne s'explique pas seulement au travers des huit années qu'a passé
le protagoniste qu'interprète Alain Delon en prison. Ce besoin
permanent qu'a l'acteur de s'incarner dans des personnages durs, un
brin machos et imperturbables mais aussi et surtout, dénués de
toute fantaisie. Moins aventureux que son alter ego Jean-Paul
Belmondo, Alain Delon n'échappe par exemple pas à ses ennemis, lui,
en passant par les toits de Paris ! Meurtres, trahison, amour,
voici les thèmes abordés dans cette œuvre emprunte d'un certain
classicisme qui ne perdra pas les fans de l'acteur dans les limbes
d'un récit par trop complexe. C'est du tout cuit et ce, dès les
premiers instants. En effet, on ne perd pas son temps à se demander
qui sont les ennemis de Darnay et la conclusion s'impose comme une
évidence. Anne Parillaud est délicieuse et se dévêt une fois de
plus après son rôle de Charlotte dans Pour la
peau d'un flic .
La partition musicale est composée par Christian Dorisse qui par la
suite n’œuvrera plus pour le cinéma. L'adaptation sur grand écran
du roman éponyme d’André Caroff reste au final un sympathique
film pour quiconque supporte l'arrogance naturelle de son principal
interprète...
Quel billet passionnant ! Pour autant "Le battant" tout comme "Pour la peau d'un flic " ne fait pas parti (pour moi) des films marquants avec Alain Delon comme "Le guépard", "Rocco et ses frères" ou encore "La piscine" et j'en oublie . Bon, après avoir lu ce billet, j'ai comme envie de le revisionner.
RépondreSupprimerBrigitte Lahaie fait une apparition dans un film avec Delon dans les années 80, je ne sais pas si c'est celui-là...
RépondreSupprimerElle joue dans ''Pour la peau d'un flic'', l'autre réalisation de Delon ;)
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