Vous voulez du bon, du
gros, du vrai cinéma Z ? Alors, montons dans la machine à
remonter le temps et retournons jusqu'en 1986, année où le futur et
ultra prolifique pornographe Tim Kincaid allait tourner dans des
conditions plus que précaires l'un des ces nanars d'ampleur cosmique
que connut parfois le cinéma fantastique et d'horreur à l'époque.
Le bien nommé Breeders
est l'une de ces répugnances filmiques parmi les plus iconiques du
milieu des années quatre-vingt. Le bonhomme derrière les manettes
s'apparente alors tout autant à un Charles Band qu'à un Fred Olen
Ray et propose donc en cette année 1986, un long-métrage dont le
désœuvrement artistique est si scrupuleusement poussé dans ses
retranchements que cela forcerait presque le respect ! Amateurs
de nichons, de fesses, de créatures bizarres et de fluides corporels
d'origine inconnue, Breeders
est fait pour vous. Mais alors, il va vous falloir vous armer d'une
solide résistance morale pour accepter de tenir les soixante-dix
sept minutes que dure le film de Tim Kincaid. Car pour peu que l'on
soit atteint d'une forme légère de narcolepsie ou non, le film agit
étrangement sur l'organisme et endort presque systématiquement
celui ou celle qui s'engage à suivre les aventures du détective
Dale Andriotti et du Docteur Gamble Pace. La mort, ça doit quelque
part ressembler à ça. Un vide immense, sans repère. Une obscurité
glaciale aux confins d'un univers muet où rien ne se passe. Attiré
par l'odeur alléchée, Tim Kincaid nous tient alors à peu près ce
langage : Bonjour, très cher spectateur. Que vous avez l'air
attentif. Que vous me semblez fébrile ! Sans mentir, si vos
désirs se rapportent à mes ambitions, vous êtes le maître des
pigeons de cette séance. À ces mots, le spectateur sent le rouge
aux joues le saisir; Et pour montrer sa voix rocailleuse, il ouvre
grandes ses lèvres et laisse s'écouler son écume. Etc, etc, etc...
Vous connaissez la suite. Le spectateur tout honteux jure qu'on ne
l'y reprendra plus. Tu parles, ça fonctionne à chaque fois. Surtout
qu'à l'époque, l'occasion de découvrir l'intime pilosité
d'actrices plutôt bien fichues n'était offerte que les premiers
samedi du mois sur Canal+.
Et encore fallait-il montrer patte blanche pour pouvoir aller
s'exciter devant des actrices dont le seule talent était de manier
la boite de vitesse comme personne ! Dans le cas de Breeders
tout est en revanche cruellement soft.
De
la nudité, évidemment gratuite (expliquez moi ce que fout cette
jeune mannequin qui après une séance photo fait toute seule ses
exercices de gym complètement nue?) jusqu'aux meurtres qui dans une
grande majorité sont filmés hors champ... Pour ne pas choquer
certaines natures par trop fragiles, sans doute... ? Mais
beaucoup plus sûrement parce que question budget, Tim Kincaid a dû
faire des pieds et des mains pour au final se retrouver avec entre
les mains, de quoi faire les courses pour la semaine et sans doute
pas pour réaliser une œuvre qui sur le papier se veut quelque peu
ambitieuse. Imaginez : de jeunes femmes vierges sont attaquées
par une créature hideuse, sorte d'ersatz de La
mouche noire
de Kurt Neumann que Tim Kincaid aurait intégralement aspergé d'un
liquide translucide et gluant. Rien de vraiment ragoutant à vrai
dire. Le budget puant donc la misère, il ne sera d'ailleurs pas
interdit d'imaginer que son maquilleur ait disposé d'une paire de
gants Mapa pour figurer les membres supérieurs de sa créature !
Les CGI
étant encore loin de surgir sur grand écran, les effets-spéciaux
de Matt Vogel sont créés à base de latex qui à l'époque est
généralement d'usage dans ce genre de long-métrage. Rares, les
effets gore sont relativement puérils et ne relanceront
malheureusement pas l'intérêt puisqu'au delà de sa ribambelle
d'interprètes féminines pour qui se foutre à poil n'est vraiment
pas un soucis, Breeders
est une catastrophe généralisée. Rarement l'on aura vu des acteurs
aussi mauvais (si tant est que l'on puisse les nommer ainsi). Le
désastre est encore plus flagrant lorsque l'on découvre le film de
Tim Kincaid doublé en français. Le jeu des interprètes est à
l'aune d'une mise en scène totalement inexistante. Bref, on se fait
chier comme lors d'un reportage consacré à la politique agricole
commune !
Le point qui aurait dû être culminant est au contraire d'une
assommante mollesse. Le final, d'une durée d'un quart-d'heure
environ, s'éternise à tel point que l'on a l'impression que devant
l'écran s'exprime l'inquiétude d'interprètes se demandant comment
mettre un terme à leurs souffrances ainsi qu'à celles des
spectateurs. Sans exagérer et tout en demeurant très objectif,
Breeders
est vraiment un ratage complet. Sous la barre des deux degrés
d'alcoolémie, n'essayez même pas de vous y aventurer. Vous
risqueriez de le regretter amèrement...
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