Je vais vous demander de bien
vouloir faire travailler votre imagination ne serait-ce qu'un court
instant. Imaginez : vous rentrez d'une dure journée de labeur
lors de laquelle vous avez supporté la mauvaise haleine de votre
patron ou les très nocives odeurs de dessous de bras d'un collègue
un peu trop entreprenant. Avant d'ouvrir la porte de votre immeuble,
vous êtes passé devant le point presse situé sur le trottoir
faisant face à l'immeuble dans lequel vous logez pour y acheter un
programme télé. À votre arrivée devant la porte de votre
appartement, vous avez enfoncé la clé dans la serrure et avez été
accueilli par votre adorable compagnon à poils drus qui n'a pu
s'empêcher de manifester sa satisfaction de vous revoir autrement
qu'en vous arrachant des mains le dernier numéro de Télérama
(un clin d’œil pour qui saura). Une fois rattrapée l'affreuse
bête planquée derrière l'un des fauteuils de votre salon, vous ne
parvenez à sauver de la revue que la partie inférieure tandis que
la supérieure est déjà en train d'être digérée par les sucs
gastriques de votre molosse. Vous ouvrez la page du jour et découvrez
le synopsis d'un film qui passe justement en début de soirée sur le
câble mais dont le titre, désormais dans l'estomac du chien, manque
à l'appel de l'article en question. Un groupe de personnes se trouve
réuni en un lieu commun sans savoir par quel moyen ceux-ci s'y sont
retrouvés. Les uns comme les autres vont alors tenter d'échapper au
funeste destin qui a visiblement été programmé à leur
attention... Vous vous dites alors : ''Chouette !
Je vais pouvoir redécouvrir Cube
de Vincenzo Natali !!!''.
Ou alors : ''Mince,
je vais devoir me farcir à nouveau le Predators
de Nimród Antal !!!!''.
Dans un cas comme dans l'autre, vous faites malheureusement fausse
route. Car si le chien que vous hésitez désormais à faire placer
dans un refuge n'avait pas eu la regrettable idée de dévorer une
partie des programmes de la semaine, vous auriez pu éviter le
désagrément de passer un début de soirée déplorable. Car
sachez-le, ce synopsis réinterprété pour le bien (ou le malheur)
de ce post n'est ni celui du classique d'un concept appelé Escape
Game
ni celui du dispensable remake du chef-d’œuvre de la
science-fiction signé par John McTiernan en 1987. Non, car il s'agit
ici d'évoquer Escape the Field
du réalisateur Emerson Moore. Premier long-métrage et, le pauvre,
première embûche dans une carrière qui vu le niveau du projet
risque de pousser très vite son auteur à aller faire la manche ou
pointer au chômage ! Amusez-vous à lister la totalité des
film reposant sur le concept de Cube et
Escape the Field
aura alors de fortes chances de toujours figurer tout en bas du
classement.
Le
cinéma serait-il à ce point à l'agonie pour que plus aucun
cinéaste ou scénariste ne soit en mesure de proposer autre chose
que d'éternelles relectures de grands classiques ? Dans cette
nouvelle proposition qui sent très rapidement la viande faisandée,
le réalisateur nous propose une alternative qui ne se déroule pas
au sein d'une structure architecturale moderne agencée de manière à
ce que les protagonistes tombent dans divers pièges plus pervers les
uns que les autres. Non, dans le cas de Escape
the Field,
six personnes se retrouvent perdues dans un champ de maïs dont les
pieds sont si hauts qu'il devient impossible de distinguer l'horizon.
Tout ce que le plan large qui ouvre les hostilités nous offre comme
vision est celle d'une étendue infinie. Autant dire que les
protagonistes risquent de bouffer de la céréale durant des jours et
des jours. Parmi la poignée d'interprètes les fans de la série
Sons of Anarchy
reconnaîtront l'acteur Theo Rosi ainsi que Shane West que l'on
découvrira notamment dans la série Sliders :
Les Mondes parallèles
dans les années quatre-vingt dix ou dans le long-métrage
La Ligue des gentlemen extraordinaires
une dizaine d'années plus tard. Du côté des interprètes
féminines, nous retiendront surtout la présence de l'actrice Jordan
Claire Robbins qui est d'abord connue pour sa présence dans la série
Umbrella Academy.
Nous pourrions également citer Tahirah Sharif histoire d'assumer une
certaine parité hommes/femmes mais le personnage de Cameron qu'elle
incarne à l'écran s'avère tellement crispant qu'une seule idée
viendra en tête du spectateur dès les premiers mots qu'elle
prononcera : qu'elle meurt le plus vite possible ! En même
temps, heureusement qu'elle est là car question intrigue, la
première demi-heure ressemble presque à une promenade de santé
sans intérêt lors de laquelle le réalisateur et ses interprètes
tentent vainement de donner du corps à la personnalité de leurs
personnages respectifs. Pour être tout à fait honnête, Escape
the Field
n'est pas tout à fait la purge qu'il annonçait pourtant être au
tout départ. Certaines idées intéressantes émergent comme ces
objets dont sont mystérieusement munis les protagonistes et qui tous
serviront à des moments très précis guidés par les desseins
d'une hypothétique entreprise malfaisante. Par contre, question
pièges, c'est la misère. Quelques rares trous nantis de pics acérés
et basta ! Le seul vrai danger reste ces types vêtus comme des
hommes de Cro-Magnon qui régulièrement s'en prennent à l'un ou
l'autre de nos héros. Escape the Field
se limite donc à quelques courses-poursuites et énigmes à
résoudre. Le challenge est donc ridicule et n'apportera évidemment
rien de neuf au genre Escape
Game...
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