Il arrive parfois que
l'on se moque de tel ou tel long-métrage pour ses défauts dont
l'un, l'ennui, force à envisager sa projection sous l'influence de
drogues, alcool compris. Un trait de fantaisie, dirons-nous. Il en
demeure par contre qui méritent au sens propre d'être vus sous
celle de substituts récréatifs puisque entrer dans l'univers de
leur auteur n'est pas toujours chose aisée. Avec son look à la
''Tim Burton'' mal embouché,
le réalisateur et scénariste français Bertrand Mandico semble être
l'archétype même du bonhomme dont la source d'inspiration paraît
avoir été puisée dans l'usage régulier de champignons
hallucinogènes. Se farcir une ou plusieurs de ses œuvres, c'est à
coup sûr faire émerger deux types d'émotion : le rejet pur et
simple ou l'admiration. Concernant Les garçons sauvages
qui maintenant à quelques années derrière lui, pas de problème,
l'expérience fut vécue comme l'un de ces très rares miracles dont
le cinéma français ne se refuse jamais d'éclore tous les dix ans
dans nos salles obscures. Quatre ans plus tard, le même Bertrand
Mandico revenait avec un After Blue (Paradis
sale)
encore plus délirant tout en étant nettement moins brillant. Voire
même, carrément nanardesque ! L'occasion pour un autre type de
spectateurs de s'extasier devant des lignes de dialogues absolument
pittoresque et un univers comme nul autre pareil. J'avoue n'avoir
personnellement pas réussi à aller au terme de ce film relativement
inconfortable mais ne désespère pas malgré tout de m'y replonger
très bientôt. Mais comme l'on ne se jette pas directement dans une
eau à quinze degrés après être resté allongé sous le soleil
durant des heures, mieux vaut se prémunir d'une attaque cérébrale
et attaquer l'univers de Bertrand Mandico par la voie du court ou du
moyen-métrage. C'est donc chose faite aujourd'hui avec Ultra
Pulpe
qu'il réalisa un an après que soit sorti Les
garçons sauvages.
Trente-six
minutes d'un univers toujours aussi décadent et dans lequel nous
retrouvons la patte unique de cet esthète hors-normes. Et
pourtant... malgré l'apparent néologisme visuel verbal que charrie
l'univers du cinéaste français l'on retrouve ces tares qui
longtemps ont cantonné le cinéma de science-fiction hexagonal à
n'être que de la basse besogne à l'attention d'une intelligentsia
tout d'abord amatrice de hard science-fiction, genre Enki Bilal et
son chef-d’œuvre Bunker Palace Hôtel
et ensuite de nanars/plagiats façon Terminus
de Pierre-William Glenn ! Difficile parfois de savoir vers quel
bord penche Ultra Pulpe
et ses dialogues récités à la manière d'un certain théâtre
expérimental même si l'on comprendra très rapidement que l'on est
plus proche de After Blue (Paradis sale)
que des Garçons sauvages.
D'ailleurs, l'actrice Vimala Pons n'évoque-t-elle pas le dit Paradis
sale et l'univers n'est-il pas plus proche du dernier long-métrage
de son auteur que de l’antépénultième ? Éternel amateur de
femmes, d'androgynie, de saphisme et de teintes rose, mauve, violette
ou magenta, Bertrand Mandico signe une courte œuvre de
science-fiction dont on nous nous interdiront de nier la réelle
patte graphique. Non pas que l'univers soit d'une majesté à couper
le souffle mais chaque plan est étudié dans ses moindres détails.
Inondé par une brume perpétuelle, Ultra Pulpe
se
situe dans un univers de fin du monde déshumanisé où ses
protagonistes essentiellement constitués d'interprètes féminines
évoquent leur douleur. Et notamment Vimala Pons qui dans le rôle de
Ulli évoque son enfance charnelle auprès de son père. Si les
propos sont parfois relativement crus, la diction des interprètes
est telle que l'on a l'impression qu'aucun d'entre eux n'a au
préalable été préparé à débiter son texte. Sur un ton
monocorde, Vimala et les autre vitupèrent sur tout et rien et
laissent le spectateur avec un sentiment d'inachevé. Avec son ton de
néo-soft-porno esthétisant mais profondément ringard, Ultra
Pulpe
tenterait à démontrer que l'exceptionnelle qualité des Garçons
sauvages
ne fut peut-être, au fond, qu'une heureuse erreur de parcours dans
une filmographie, au final, relativement peu convaincante...
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