Derrière son titre
passe-partout, son affiche d'une rare laideur et sa réalisatrice
dont on ne savait jusque là encore pas grand chose, le film La
Plus Belle Pour Aller Danser
de Victoria Bedos avait toutes les chances de finir dans les bacs à
un euro des magasins hard-discount. C'est d'ailleurs le sort que
certains spectateurs et critiques lui destineront dès sa sortie. Il
faut dire que cette comédie a la lourde tâche, une fois encore, de
sortir le genre du marasme dans lequel la plupart des longs-métrages
le plongent depuis bien des années maintenant. Si beaucoup ont
abandonné tout espoir, il en demeure qui comme votre serviteur
présument que ce jour arrivera. La Plus Belle
Pour Aller Danser
est pourtant bien l'un de ces petits miracles qui voient le jour tous
les deux ou trois ans, n'en déplaise aux plus anciens qui ne
révèrent que les comédies du milieu jusqu'à la fin du siècle
dernier. Et pourtant, dans celle-ci, ne retrouvons-nous pas l'une des
idoles de l'une de ces décennies perdues ? Trônant moins en
évidence sur l'affiche du film que la jeune actrice Brune Moulin qui
porte en très grande partie le film sur ses épaules, nous
retrouvons en effet l'acteur Pierre Richard dans le rôle d'Albert,
l'un des locataires d'une pension de famille où trôneront à ses
côtés, quelques vieilles figures du cinéma français. Bien qu'elle
porte le même patronyme que ce dernier, Firmine Richard n'a bien
entendu aucun lien de parenté avec Pierre Richard mais ne s'est pas
moins rendue célèbre grâce à son tout premier rôle au cinéma en
1989 dans l'excellent Romuald et Juliette
de Coline Serreau dans lequel elle interprétait une femme de ménage.
Parmi la vieille garde, nous retrouvons l'ancien Deschiens
Olivier Saladin, Patrick Roux ou encore Guy Marchand. Les personnages
qu'ils incarnent sont, au fond, très secondaires au regard de ceux
qu’interprètent Loup Pinard et surtout Brune Moulin, laquelle
tient efficacement la dragée haute à ses aînés. Certains devront
sans doute s'armer de patience pour ne pas se laisser rebuter par des
débuts qui fleurent bon l'ostéoporose, l'arthrose ou la
polyarthrite rhumatoïde !
''Encore
un film avec des vieux''
auront la tentation de d'affirmer certains... avant de revoir leur
copie devant cette comédie légère au sujet ultra-rebattu d'une
adolescente de quatorze ans amoureuse du nouvel élève qui vient
d'arriver dans sa classe. Leur avis se muant alors en un ''Encore
des mioches, toujours des mioches et pas un brin d'imagination''
que contrariera fort heureusement une dernière partie beaucoup plus
convaincante. Pas sûr, pourtant, que tout le monde tienne jusque là.
Ce qui serait dommage. Fille de Guy et sœur de Nicolas, Victoria
Bedos signe donc son premier long-métrage et ''réinterprète''
de manière étonnante un sujet qui fait grand bruit bien qu'il
''n'intéresse''
qu'une très petite minorité. L'identité sexuelle des tous jeunes
étant devenue l'une des préoccupations majeures de celles et ceux
qui ne parviennent pas à remplir sainement leurs journées, Victoria
Bedos nous épargne fort heureusement les aspects les plus crapuleux
et les plus sordides du sujet en confrontant une adolescente mal dans
sa peau qui du jour au lendemain va trouver l'amour au bras d'une
très beau jeune garçon malheureusement (pour elle) homosexuel. Bien
que La Plus Belle Pour Aller Danser
soit le premier film dans lequel elle apparaît, la jeune Brune
Moulin parvient sans mal à faire ses preuves dans le double-rôle de
Marie-Luce Bison et de Léo. La transformation de la jeune fille en
faux adolescent mimant la gestuelle et l'attitude générale des
garçons de son âge fait parfaitement illusion. La jeune actrice est
attachante jusque dans la démarche de son personnage, sa rébellion
caractérisée par de très discrètes marques de rejet vis à vis de
son père et des pensionnaires. La présence en tant que
''conseiller'' de Pierre Richard paraît finalement des plus minimes
et si l'on devait choisir celui qui réellement se hisse à la
hauteur de la jeune actrice, il semble évident que le nom qui
viendrait à l'esprit en premier serait celui de Philippe Katerine.
Car derrière cette douce attitude et cette naïveté qu'il intègre
au personnage de Vincent Bison se cache une profonde blessure qui
hante en sourdine le long-métrage jusqu'à cette très émouvante
séquence lors de laquelle l'acteur est filmé en gros plan. Ne nous
laissons donc pas rebuter par la l'apparente simplicité du l'écriture
puisque La Plus Belle Pour Aller Danser
est une très jolie surprise. Et croisons les doigts pour retrouver
très rapidement Brune Moulin sur grand écran...
Dans la famille Bedos, je voudrais la fifille... Née chez le nabot Sarko...
RépondreSupprimerD'ailleurs, regardez le nombre de célébrités du cinéma ou de la télé (plus ou moins talentueuses) nées ou mortes à Neuilly... Edifiant.