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mercredi 9 novembre 2022

Barbarian de Zach Cregger (2022) - ★★★★★★★☆☆☆

 



 

Alors que 2022 s'apprête à prendre fin, qu'aura-t-on réellement retenu de cette année en matière de cinéma d'horreur et d'épouvante ? Quelques longs-métrages dont la réputation ne tient en réalité que sur des critiques abusivement dithyrambiques où des réactions bien trop exagérée de certains publics pour être véritablement honnêtes. X ou Pearl de Ti West ? Ego de Hanna Bergholm ? Abuela de Paco Plaza ? Smile de Parker Fin ? Des œuvres qui, certes, sortent du lot mais ne marqueront pas le septième art d'une marque indélébile en terme d'effroi. Ne parlons même pas du Scream de Matt Bettinelli-Olpin et Tyler Gillett, du Black Phone de Scott Derrickson ou pire, du Esther 2 : Les Origines de William Brent Bell qui n'offrent rien de véritablement innovant et ne s'avèrent pas du tout effrayants. Alors que les amateurs de cinéma gore attendent sans doute avec impatience le Terrifier 2 de Damien Leone dont sa réputation le précède, l'une des vraies bonnes claques de l'année 2022 nous est venue tout droit de Thaïlande avec le dernier long-métrage de Banjong Pisanthanakun, The Medium. L'un de ces films titanesques à rejoindre le panthéon des œuvres qu'il faut absolument avoir vu à l'image d'un Midsommar signé de Ari Aster ou The Strangers de Na Hong-jin ! S'il en est un qui échappe malheureusement de justesse au titre de meilleurs film d'horreur et d'épouvante de l'année, c'est bien Barbarian de Zach Cregger qui après la comédie romantique Miss Mars en 2009, le film de guerre historique The Civil War on Drugs en 2011 et quelques épisodes de séries télévisées réalisait en cette année 2022 ce qui aurait pu et dû devenir la nouvelle référence en matière de cinéma de l'effroi. Le genre de perle dont nous n'attendions rien et qui pourtant aurait pu rester dans l'esprit des gens comme l'un des meilleurs représentants de sa catégorie cette année...


N'étant apparemment pas intéressé par la démystification entourant le quartier de Brightmoor situé à Détroit, dans le Michigan, le réalisateur américain utilise ces lieux peu à peu abandonnés et ressemblant à une ville fantôme jonchée de demeure détruites, brûlées et rendues à mère nature pour en faire le terreau d'un récit habilement mené. Prenant pour témoin l'intuition des spectateurs, Zach Cregger parvient à détourner certains codes pour mieux les tromper et les diriger vers une réalité qu'ils n'étaient jusque là pas encore prêts à envisager. Tout le génie, dirons-nous, de ce Barbarian dont le titre se réfère davantage à la situation géographique du récit qu'à un quelconque contenu qui se voudrait aussi rude qu'un Martyrs (Pascal Laugier, 2009) s'inscrit dans des hypothèses habituellement confirmées par certaines attitudes propres aux personnages. Découpé en quatre chapitres ainsi qu'une conclusion, Barbarian démarre avec la présentation de Tess qu'interprète l'actrice Georgina Campbell. Actrice afro-américaine dont la couleur de peau et les origines feront peut-être tiquer ceux qui penseront d'avance à un traitement à la manière de Get Out. Mais ici, rien à voir. Tess découvre qu'elle et un certain Keith (l'acteur Bill Skarsgård) ont loué la même maison aux mêmes dates. Une erreur produite par la société de location qui comme nous le découvrirons bien plus tard n'aurait dû avoir aucune espèce d'implication dans le récit mais qui pourtant participe de l'élaboration d'un stratagème visant à tromper et détourner l'esprit du spectateur. Sans avoir eu besoin le moins du monde d'employer dans le rôle du sympathique locataire l'acteur suédois connu principalement pour son rôle de Pennywise dans le diptyque Ça d'Andy Muschietti, Zach Cregger parvient d'emblée à semer le doute. Serviable, éminemment précautionneux et courtois, Keith se présente comme le jeune homme idéal en qui on peut avoir confiance. Parfait... Peut-être trop, justement. Accueillant Tess pour la nuit dans une maison située dans un quartier qu'il ne fait pas bon fréquenter la nuit, Keith est l'adorable personnage dont on croit déceler une attitude bien trop honnête pour être sincère...


Et puis, il y a la visite de cette cave recelant de sombres recoins. Objet d'un malaise qui semble confirmer ce que l'on ''savait déjà'' : Que le jeune homme attentionné fait partie de cette ''famille'' de pervers qui kidnappent, enferment et torturent psychologiquement et physiquement leurs victimes à des fins sadiques... Sauf que, ben, heu, le spectateur va rapidement se rendre compte qu'il a tout faux et qu'il vient de tomber dans le double piège tendu par le réalisateur et par ses propres idées reçues ! Brightmoor est le genre d'univers propice à générer angoisse et malaise. Quartier abandonné de ses habitants et où la police traite la moindre urgence avec dédain (Tess en fera d'ailleurs les frais). De l'astucieux script qu'il a écrit lui-même, Zach Cregger obtient une œuvre forte, anxiogène mais non dénuée de certaines références. La première partie, la plus longue opposant Tess et Keith est sans doute la plus forte du long-métrage. Jouant sur l'appréhension de ce qui pourrait se produire entre les deux personnages enfermés dans une maison isolée au beau milieu d'un no man's land constitué d'épaves, on reste scotché, dans l'attente suffocante d'un événement. Lequel se produit pour ensuite laisser place à un nouveau personnage interprété par Jutin Long. AJ est le propriétaire de la dite demeure. Accusé de viol par l'une des ses anciennes relations et bientôt sans le sou, cet acteur va bientôt devoir revendre certaines de ses acquisitions afin de renflouer les caisses. À commencer par la demeure justement située à Brightmoor. Son apparition à l'image constitue une bouffée d'air que le spectateur ne se fera pas prier de prendre après ce que vient de lui infliger le réalisateur ! Si ce second ''acte'' est très légèrement moins intéressant que le premier, il est surtout le signe d'une lente dégradation qui ne va avoir de cesse de s'accentuer. Car dès lors, le film va se montrer de plus en plus commun dans son traitement. Certaines sinistres figures du septième art vont en effet s'y refléter. Comme celle du Creep de Christopher Smith et plus encore celle du [•REC] de Paco Plaza et Jaume Balagueró. Des détails pourtant nettement moins dérangeants que le final, lequel détruit toute chance pour Barbarian de devenir LA référence du cinéma d'épouvante de l'année 2022...


C'est d'autant plus rageant que pour une fois, les termes anxiogène, étouffant et terrifiant ne sont pas vraiment galvaudés. Le réalisateur possède l'art et la manière de nous foutre parfois le trouillomètre à zéro. Comme ce plan subjectif filmé à la troisième personne dans des galeries souterraines vraiment flippantes ou ces incessants jeux de lumières qui vont s'y produire. Les interprètes sont convaincants, avec une mention spéciale pour ceux qui interprètent Tess et Keith ainsi que Matthew Patrick Davis dans le rôle de ''la mère'', laquelle n'a presque rien à envier à la Tristana Medeiros de [•REC] si ce n'est qu'il arrive avec quatorze ans de retard. Bien qu'étant doté d'indéniables compétences narratives, le film est malheureusement sabordé par une dernière partie à ce point ratée qu'elle en devient risible. On veut bien imaginer que Zach Cregger ait ainsi pu vouloir désamorcer la charge qui pesait sur ses personnages et sur les spectateurs mais là, c'en est trop. Le spectateur devra donc s'attendre à une fin décevante. Ce qui ne devra en revanche pas le faire douter des qualités réelles de ce film d'horreur qui demeure malgré tout l'une des très bonnes surprises de cette année 2022...

 

1 commentaire:

  1. Je recommande : men (2022) ; autre pépite de l année qui a plutôt bien fonctionné sur moi.
    Barbarian est très honnête.

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