Lorsque l'on regarde en
arrière la filmographie de l'acteur américain Keanu Reeves, on peut
se demander comment celui qui fut le Johnny Utah de Point
Break en
1991, l'officier Jack Traven de Speed
en 1994, le Kevin Lomax de L'associé du Diable
en 1997, le Neo de Matrix
dès l'année suivante ou le John Wick de la trilogie éponyme
démarrée en 2014 (et bientôt affublée de deux volets
supplémentaires) a pu incarner l'un des deux demeurés de
L'Excellente Aventure de Bill et Ted
(Bill & Ted's Excellent Adventure),
cette indescriptible comédie de science-fiction sortie en 1989 et
pompant très vaguement le concept du chef-d’œuvre Retour
vers le futur
de Robert Zemeckis. Aux côtés d'Alex Winter, ici son acolyte et à
la carrière cinématographique beaucoup moins passionnante, l'une
des plus grandes stars du cinéma américain s'adonne à la
bouffonnerie sur un mode ultra caricatural (pauvre Keanu Reeves/Ted
Logan qui paraît encore plus con à l'écran que Alex Winter/Bill
Preston), agitant sans cesse la tête comme s'il cherchait en
permanence à remettre de l'ordre dans ses idées. Considéré sur le
territoire américain comme une œuvre culte (rien d'étonnant à
cela me direz-vous), ceux qui découvrent comme moi aujourd'hui ce
film que l'on aurait pu croire digne de trôner aux côté d'un autre
qui, pour le coup, mérite véritablement ce statut (La
Folle journée de Ferris Bueller
de John Hugues qui lui est antérieur de trois ans), risquent de très
rapidement déchanter. Car à moins d'avoir le même Q.I que nos deux
jeunes abrutis, Bill & Ted's Excellent
Adventure
a peu de chance de leur laisser un souvenir impérissable. Seuls ceux
qui le découvrirent à l'époque de sa sortie ayant la fibre
nostalgique pourront également lui trouver quelque intérêt !
Peter Hewitt signera deux ans plus tard son premier long-métrage
cinématographique avec la première séquelle intitulée Les
Folles Aventures de Bill et Ted.
Une carrière qu'il consacrera plus tard majoritairement à la
comédie familiale à travers des œuvres aussi dispensables que Le
Monde des Borrowers
en 1998, Garfield
en 2003 ou le cinquième volet (!!!) de la franchise Home Alone avec
Maman, la maison est hantée ! En
2012.
Mais
concernant tout d'abord l’œuvre de Stephen Herek, l'auteur de
cette première engeance, c'est sur la pointe des pieds et avec une
certaine méfiance que l'on se ruera sur la filmographie du bonhomme,
pas forcément plus avantagé que son compatriote et notamment, donc,
sur ce Bill & Ted's Excellent Adventure à
la réputation éminemment usurpée ! Le sujet ? Deux
adolescents, Ted et Bill, fans de rock (comme pouvait d'ailleurs
l'être le Marty McFly de Retour vers le futur)
obtiennent de très mauvais résultats au lycée. Menacés d'être
renvoyés si lors de leur prochain exposé d'histoire ils ne
parviennent pas à décrocher des notes suffisantes, les voici
approchés par Rufus (l'acteur George Carlin), lequel voyage dans le
temps à bord d'une cabine téléphonique ! L'homme leur propose
de prendre place à bord de l'une d'entre elles et de voyager dans le
temps à la rencontre de diverses figures historiques parmi
lesquelles Napoléon sera la première d'entre elles. En
contrepartie, les deux adolescents devront profiter de ce privilège
pour préparer leur futur exposé d'histoire. Voilà... c'est tout ce
qu'il y a à savoir sur le synopsis. Concernant les diverses
séquences se déroulant dans le passé, mieux vaut se replonger dans
les fameux passages se situant en l'an mille des deux premiers volets
de la franchise Les visiteurs.
Et même, pourquoi pas, redécouvrir le troisième se déroulant
durant la Révolution ? Tout plutôt que d'assister au spectacle
affligeant de ces deux nigauds traversant les époques à la vitesse
de l'éclair sans qu'aucune sorte de profondeur scénaristique ne
vienne nourrir le propos...
Après
Napoléon, Bill et Ted rencontreront Billy le Kid au Nouveau Mexique
en 1879, puis se dirigeront vers la Grèce de -410 avant Jésus
Christ où il feront connaissance avec Socrates, etc, etc... Une
succession de péripéties qui transporteront les deux adolescents
jusque dans le futur avant de retourner encore et encore dans le
passé entre la Vienne du début du vingtième siècle, Orléans en
1429, la Mongolie du début du treizième siècle et la Maison
Blanche à l'époque d'Abraham Lincoln. Et même un court passage au
temps de la Préhistoire. Puis retour dans le présent aux côtés
des quelques personnalités historiques que Bill et Ted ont
''kidnappé''... On se dit qu'une fois ces derniers intégrés dans
notre présent (enfin, celui de la fin des années quatre-vingt), le
film va enfin pouvoir nous offrir tout le potentiel qu'il n'a
jusqu'ici pas été en mesure de mettre en œuvre. Mais non, là
encore, c'est la gaudriole traversée par des dialogues ineptes qui
domine. Pas drôle pour un sou et exploitant très mal le concept du
voyage dans le temps (malgré des décors et des costumes souvent
réussis), Bill & Ted's Excellent Adventure
multiplie tant et si mal les exploits de nos deux adolescents dans le
passé que ces séquences ne laissent jamais le temps au récit
d'imposer des personnages secondaires et des sous-intrigues
intéressants. Des scènes qui durent en général entre une toute
petite poignée de minutes et une dizaine, pour la plus ''généreuse''
d'entre elles. Difficile à supporter sur la durée, les pitreries et
les aventures de Keanu Reeves et d'Alex Winter sont au mieux
assommantes, au pire, insupportables. Financé à hauteur de dix
millions de dollars, le film en rapportera malgré tout le quadruple
rien que sur le territoire américain. Longtemps après la séquelle
réalisée par Peter Hewitt en 1991, les deux acteurs reprendront
leur rôle respectif en 2020 dans un troisième volet cette fois-ci
réalisé par Dean Parisot et intitulé Bill
et Ted sauvent l'univers...
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