Sous les oripeaux de la
célébrité se cache une bête... avide. Comme Casimir de l’île
aux enfants, le plus célèbre des dinosaures, Christian Legagneur
est un monstre gentil... en apparence. Mais si Casimir fait rire les
enfants, le producteur et animateur d'une émission télévisée
populaire fait, lui, frissonner. Il était impensable de parler
thrillers sans passer par la case Claude Chabrol, cet enfant terrible
du suspens et du thriller à la française, fils spirituel d'Alfred
Hitchcock et que le monde entier peut nous jalouser. Parmi une
filmographie en tout point exemplaire, j'aurais pu choisir Les
fantômes du chapelier,
ou bien L'enfer...
et pourquoi pas La cérémonie... ?
Mais Masques me
semblait un bon compromis. Déjà parce que l'on y retrouve l'un de
nos plus grands interprètes en la personne de Philippe Noiret,
personnage, ici, cynique, vedette d'une émission de télé et auquel
l'on donnerait le Bon Dieu sans confession. Et pourtant, le gaillard
en aurait, des choses à avouer. Affable et généreux ? Oui,
dans un sens, si l'on tient compte du fait qu'il a accueilli chez lui
la ''pauvre'' et fragile Catherine dont les parents ont tragiquement
disparu et qu'il a pris sous son aile. Interprétée par la
charmante Anne Brochet qui incarnait là son tout premier rôle sur
grand écran, Catherine est malade. Sensible des yeux, en permanence
alitée, elle peut compter sur l'aide de son ''parrain'' et de
Colette, amie et aide de Christian Legagneur qu'interprète l'actrice
Monique Chaumette. Et puis, il y a le chauffeur de Monsieur
(Pierre-François Dumeniaud) qui le pauvre est devenu muet à la
suite d'un cancer de la langue, ainsi que Patricia et Emmanuel
Marquet (qu'interprètent respectivement Bernadette Lafont et Roger
Dumas)...
Puis
débarque pour trois jours sur la vaste propriété de Christian
Legagneur, le journaliste Roland Wolf (excellent Robin Renucci) qui
doit écrire la biographie du célèbre animateur. Les bases du récit
reposant sur le scénario de Claude Chabrol lui-même et de
l'écrivain Odile Barski qui collabora à plusieurs reprises avec le
cinéaste son posées. Une histoire tout d'abord alcaline dont les
premières aspérités apparaissent finalement assez rapidement. Quel
est ce mal étrange dont souffre Catherine et qui contraint Colette à
la veiller dans sa chambre ? Masques...
le titre n'a évidemment rien d'anodin. Et comme l'évoqueront les
personnages, comment présager derrière, les manigances d'un
individu insoupçonnable que des millions de téléspectateurs
suivent assidûment ? Le long-métrage de Claude Chabrol est un
savoureux jeu du chat et de la souris, ses deux principaux
interprètes menant chacun à leur façon leur propre barque. Un jeu
de dupe auquel ils s'adonnent et dont une certaine partie d'échecs
est très représentative même si la conclusion de cette affaire
particulièrement sournoise semble incertaine. Tout le génie de
Claude Chabrol s'exprime une fois encore dans ce Masques
fort intriguant, accompagné par la musique de Matthieu Chabrol, le
fils du réalisateur qui tout au long de la carrière de son père
composera pour un certain nombre de ses œuvres. Philippe Noiret y
est aussi glaçant que sympathique. C'est l'oncle parfait,
irréprochable dans la lumière, mais qui dans l'ombre ourdi de
sombres pensées. Robin Renucci brille de sa présence dans le rôle
de journaliste fort curieux qui prête son aide à une Catherine qui
ne voit que du feu dans le jeu de son protecteur. Monique Chaumette
et Roger Dumas excellent également, chacun dans un registre
différent tandis que l'on retrouve avec plaisir Bernadette Laffont
dans l'un de ces rôles de masseuse et liseuse de cartes excentriques
dont elle seule a le secret. Masques est
un grand Chabrol à ne manquer sous aucun prétexte...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire