Il y a cinq ans sortait
sur les écrans Don't Breathe: La Maison des ténèbres
du
réalisateur uruguayen Fede Alvarez. Pas vraiment un manchot le
bonhomme car quoi qu'on en dise, quoi qu'on en pense, son remake du
Evil Dead
de Sam Raimi réalisé trois ans auparavant demeurait très
objectivement réussi. Sus aux fans de l'original (et dont je fais
partie) qui seraient restés coincés en 1981. Le film reposait sur
un scénario écrit par le réalisateur lui-même ainsi que par Rodo
Sayagues, homologue lui aussi originaire de l'Uruguay qui prend
désormais les commandes de cette séquelle sobrement intitulée
Don't Breathe 2 et
dans laquelle nous retrouvons avec plaisir le personnage d'aveugl....
pardon, de non-voyant, qu'incarnait déjà l'acteur Stephen Lang
(Avatar
et ses suites prochaines toutes réalisées par James Cameron, VFW
de
Joe Begos, The Seventh Day de
Justin P. Lange). Que peut donc nous offrir de novateur cette
séquelle qui après nous avoir coupé le souffle avec ce vieil homme
atteint de cécité s'en prenant à une poignée de cambrioleurs
avant que nous soit révélée la tétanisante séquence située dans
la cave ? On pouvait supposer qu'une suite allait voir le jour
avec sa conclusion ouverte tout en ayant eu le temps d'oublier cette
dernière pour passer à autre chose. Scénariste sur le premier
volet, donc, Rodo Sayagues n'a cependant pas l'expérience de metteur
en scène de Fede Alvarez. Mais alors que l'on attend avec
fébrilité le reboot de Massacre à la
Tronçonneuse
prévu finalement sur Netflix
et dont le scénario est l’œuvre de Rodo Sayagues, retour sur
Don't Breathe 2,
que l'on ait patiemment attendu sa venue ou qu'on l'ait
scrupuleusement ignorée...
Dans
cette séquelle, les motivations des nouveaux intervenants sont tout
d'abord bien moins claires que celles des jeunes de l'original dont
le projet était de dévaliser Norman Nordstrom, cet ancien marines
rompu au combat atteint de cécité. Des individus bien plus
dangereux que les petits voyous qu'incarnaient les personnages de
Rocky, Alex et Money. Des cambrioleurs qui devenaient des proies
tandis que dans le long-métrage de Rodo Sayagues, la proie, ou
plutôt, les proies sont bien dans le camp de Norman et de cette
gamine qu'il a pris sous son aile après un dramatique incendie lors
duquel ses parents ont perdu la vie. Se dessine alors une étrange
relation qui rappelle la séquestration dont fut la victime
l'adolescente de l'original. Un événement inattendu qui à l'époque
devait sans doute préparer le terrain à ce qu'allait nous infliger
cinq ans plus tard le nouveau scénario de Fede Alvarez et Rodo
Sayagues. D'une certaine manière, aborder cette séquelle à la
suite de Don't Breathe: La Maison des ténèbres
serait
faire du tort à un scénario sinon original, du moins proposant une
atmosphère et une angoisse à la hauteur de ce que nous avait
proposé le réalisateur uruguayen en 2016. Si les agresseurs
changent, le contexte reste le même. Une demeure plongée dans
l'obscurité, terrain propice pour l'aveugle dont les autres sens
sont alors mis à contribution, ce qui doit logiquement lui offrir
une longueur d'avance. Plus que sa survie, c'est bien celle de la
toute jeune Phoenix (l'actrice Madelyn Grace) qui importe à ce vieil
homme qui malgré son âge n'a pas perdu toutes ses ressources
physiques...
Au
beau milieu de ses cent-huit minutes et des poussières, le
réalisateur choisit de lâcher une information capitale qui, si elle
entre dans cette même logique que la tragique découverte de
l'adolescente enfermée dans la cave de l'aveugle du volet original,
aurait sans doute mérité de rester secrète un peu plus longtemps.
Don't Breathe 2
est traversé de séquences véritablement anxiogènes même si l'on
pourra éprouver cette désagréable sensation de redondance. Une
resucée de l'original ne changeant que ses protagonistes au profit
d'une galerie de méchants patibulaires dont le plus saisissant
d'entre eux demeure sans doute le personnage de Jim Bob et son visage
de psychopathe incarné par l'acteur Adam Young. L'incarnation
absolue du Mal pour qui le meurtre est un sacerdoce. Au point que
disparaisse assez rapidement un personnage que l'on croyait pourtant
tenir sur la longueur (Stephanie Arcila dans le rôle de la fliquette
Hernandez). Don't Breathe 2
pourra
éventuellement être envisagé comme une franche réussite dans le
domaine du thriller et de l'épouvante mais pourra tout aussi bien
rebuter ceux qui connaissent l'original. La révélation à
mi-parcours aura bien moins d'impact que celle diaboliquement conçue
par les deux réalisateurs/scénaristes cinq ans auparavant. Moins
innovante et donc bien moins surprenante, cette suite souffre
malheureusement de son hérédité même si au bout d'une heure Rodo
Sayagues tente tout autre chose en déplaçant avec bonheur
l'intrigue en un autre lieu tout en faisant fi de toute crédibilité.
Demeurent alors quelques moments de tension particulièrement
efficaces et quelques saillies gore qui ne font pourtant pas de Don't
Breathe 2 la
suite rêvée...
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