La part d'ombre de
l'homme, sa cruauté, son absence de morale, il est arrivé assez
souvent que l'écrivain américain Jack Ketchum y puise son
inspiration. Sa trilogie Dead River
ou les romans The Girl Next Door
et Red en sont de très
bons exemples. Concernant ce dernier, les réalisateurs norvégien
Trygve Allister Diesen (Mørkets øy)
et l'américain Lucky
McKee (May,
The Woman,
All Cheerleaders Die)
se sont chargés en 2008 d'en apporter une vision vivante à travers
leur éponyme long-métrage. L'histoire toute bête de cet homme qui
réclame justice contre celui qui a froidement et gratuitement abattu
son chien en compagnie de deux camarades témoigne d'une situation
qui n'a pas forcément à voir avec les condition de vie des
responsables. Comme l'évoque très justement le comportement des
parents des coupables, là encore, Red
définit assez bien certains contours de la tragédie. Entre
l'arrogance d'un père et l'alcoolisme de sa femme vivant pourtant
tout deux auprès de leurs deux fils dans un quartier aisé du coin
où s'est déroulé le drame, et la lâcheté d'un autre et ses
déplorables conditions d'existence, la cruauté ne semble ici pas
avoir la moindre origine sociale. Les trois lettres qui constituent
le titre du film sont celles du chien en question. Un vieux bâtard,
dernier souvenir pour Avery Ludlow (l'acteur Brian Cox) de son épouse
qui lui avait offert pour ses cinquante ans et qui depuis est
décédée. Derrière son allure de téléfilm du dimanche
après-midi, l'esthétique de Red
renvoie presque à celle du long-métrage The
Girl Next Door,
cette œuvre apparemment innocente signée de Gregory Wilson l'année
précédente mais qui s’avérait être en réalité l'une des
expériences cinématographiques les plus choquantes qui soient...
Lorsque l'on nous retire tout ce qu'il nous reste, les solutions se comptent sur les doigts d'une seule main !
L’acte fondateur de Red révèle surtout le
douloureux souvenir d'une abominable tragédie que nous apprend le
héros en cours de route. Des propos difficilement soutenables et un
transfert qui va le pousser à aller au bout de son projet. Les trois
inconscients Danny, son frère Harold et leur ami Pete sont
respectivement incarnés par Noel Fisher (Twilight, chapitre V
: Révélation), Kyle Gallner (le reboot de Scream
prévu pour l'année prochaine) et Shiloh Fernandez (la série
Jericho, le remake de Evil Dead). Et là
encore, on a droit à trois différents portraits. L'arrogance et
l'immoralité du premier, les scrupules et la prise de conscience du
second, le troisième tenant quant à lui le rôle de ''suiveur''
dénué de personnalité. Le père des frères McCormack est
interprété par l'acteur Tom Sizemore qui excelle dans ce rôle qui
définit en partie le comportement de son aîné. Où lorsque
l'absence de présence paternelle forte (le père semble accorder à
sa progéniture tout ce qu'elle désire) ou d'éducation stricte mène
parfois à des comportements violents. En face, on retrouve le couple
Doust formé par Amanda Plummer (The Fisher King de
Terry Gilliam) et Robert Englund (la série télévisée V,
la franchise Nightmares on Elm Street dans laquelle il
joue le célèbre personnage de grand brûlé Freddy Krueger). Un duo
formidable qui rend parfaitement les conditions de vie de ce couple
et de leur fils sans le sou. Quant à l'actrice Kim Dickens, elle
interprète le rôle de la journaliste Carrie que l'avocat d'Avery
(Richard Riehle dans le rôle de Sam Berry) conseille à son client
et ami de consulter... Doublé en langue québécoise, il sera
préférable de découvrir Red dans sa version
originale afin de profiter pleinement de l'interprétation de chaque
interprète. L’œuvre de Trygve Allister Diesen et Lucky McKee nous
ferait presque oublier sa laideur du point de vue esthétique. Moins
radical que les habituelles adaptations de l'écrivain Jack Ketchum,
Red n'en demeure pas moins fort sympathique...
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